2011-10-28
Si vous deviez me décrire en deux mots, nul doute que fourbe et profiteur vous viendraient spontanément à la bouche. Paresseux, parasite et inutile suivraient de près. Et j’en suis fier. J’en ai même fait mon mode de vie.
Ma technique est simple mais éprouvée. Je croise un inconnu dans la rue à l’air affable. Tenez, prenez ce jeune homme à l’allure dynamique. Il s’appelle Jean, c’est ma prochaine victime. Il ne se doute encore de rien mais j’irai dormir dans le lit de sa femme tout en vidant son frigo.
Au premier abord, je fais le numéro du sympa-sociable, les circonstances m’ont conduit dans la rue, où j’ère sans but précis, mais je ne me plains pas, je ne quémande rien, au contraire, je refuse tout geste de pitié trop ostentatoire. J’ai ma fierté.
Lorsque Jean se propose de m’emmener manger à la maison, juste pour la soirée, je fais d’abord mine de ne pas être intéressé. Mais mes yeux acquiescent et Jean, en rigolant, insiste, me forçant presqu’à le suivre. Inutile de vous dire que c’est ce que j’attendais mais la victime doit croire qu’elle a l’initiative, c’est primordial.
Martine, la femme de Jean, n’est que moyennement contente de cet imprévu. Qu’à cela ne tienne, je fais mon charmeur, je séduis tout en ayant l’air de ne pas vouloir déranger. Je fais également un peu le pitre pour la dérider.
Et ça marche. Avant la fin de la soirée, elle discutera avec moi plus qu’avec Jean lui-même, ce dernier étant parfaitement inconscient du destin de proie que je lui réserve. De manière indirecte, je fais comprendre que je n’ai nul part où aller. Jean et Martine n’ont pas le cœur de me renvoyer seul dans le froid de la nuit. Ils se proposent donc de m’héberger, juste pour une nuit. Tandis que je m’installe confortablement sur le sofa, j’entends Martine descendre l’escalier. Elle est en déshabillé, prête à aller au lit.
— « Bonne nuit ! » me lance-t-elle avec un sourire innocent avant de remonter dare-dare dans sa chambre.
Je ricane. Je n’ai même pas eu besoin de répondre. Une seule soirée me suffit. Homme ou femme, nul ne me résiste. Je suis comme ça moi.
Bien entendu, le « seulement pour une nuit » se prolongera. Je commencerai doucement à faire comprendre mes goûts précis, envoyant Jean au supermarché afin de m’acheter ce que je souhaite. Lorsqu’elle rentre du travail, Martine a à peine un regard pour Jean. Elle se rue à l’intérieur pour voir comment je vais. Pendant ce temps-là, je me prélasse sur le canapé, je me balade un peu. Avec mon air faussement négligent, j’ai pris soin de casser quelques bibelots auxquels ils tenaient beaucoup, par pure cruauté.
Lorsque Jean partit quelques jours dans sa famille à l’étranger, je n’hésitai pas: je me glissai une nuit dans le lit de Martine, sans même lui demander, sans même m’annoncer. Elle prit un air faussement surpris mais je sais qu’elle n’attendait que cela. Elles sont toutes les mêmes. Jean nous a surpris en rentrant plus tôt. Cela ne lui a pas plu. Il m’a dit qu’il m’avait sorti de la rue, qu’il n’acceptait pas cela.
Par méchanceté, j’ai répondu en déféquant sur la moquette du salon. Il a pu tout nettoyer. Il n’était vraiment pas content mais Martine a fini par le convaincre de me garder et d’exercer le moindre de mes désirs.
Il faut dire qu’ils sont vraiment bien mes deux esclaves. Je dors dans leur lit, ils me nourrissent, nettoient sans que je n’aie besoin de faire attention à rien. Quoi que je fasse, ils me regardent avec un air attendri et me trouvent adorable. Même au milieu de la nuit, il suffit que je me mette à miauler pour qu’ils s’enquièrent immédiatement de mes besoins.
Des esclaves aussi dociles, c’est rare. Je vais les garder encore quelques temps.
----
Email:
permalinks:
gemini://ploum.net/j-irai-pisser-sur-votre-moquette/index.gmi
https://ploum.net/j-irai-pisser-sur-votre-moquette/index.html