2007-04-25
Linux, Tequila et courroie de transmission
Quelle aventure ! Mes amis, quelle aventure ! Et dire que, à la base, tout cela est venu de ce post sur mon blog. En effet, suite à mon annoncer, je recevais un mail de Patricio. Malheureusement, Patricio ne pouvait pas venir à ma « Feisty Party » du vendredi soir car il habite à l’autre bout de la ville. Qu’à cela ne tienne me dit-il, samedi il se rend justement à LinuxCabal avec son ami Thomas. Et Thomas habite Zapopan, il pourrait me prendre en voiture.
Après un échange de mails, il apparaît que Thomas habite … à 3 maisons d’ici !
J’arrive donc samedi matin, avec un beau t-shirt de geek, chez Thomas. Je ne me suis pas trompé, le grand blond qui m’accueille porte un t-shirt Debian. Copain !
Première surprise, Thomas est allemand. Ça fait plaisir de retrouver des compatriotes à l’étranger[1]. Nous embarquons donc dans sa voiture pour prendre Patricio et nous nous rendons au local de LinuxCabal. Thomas me prévient : c’est sale, c’est sombre, c’est mal organisé[2], …
Nous arrivons. En face de moi, une espèce d’entrée de garage sombre devant laquelle se balance un écriteau « Linux Cabal ». On doit vraiment entrer là dedans ?
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L’entrée en elle-même est encombrée d’étagères, de vieux brol, d’un tracteur à moitié démonté… quoi ? Un tracteur ? Mais dans quoi me suis-je fourré moi !
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Heureusement, j’entraperçois au fond la luminescence glauque d’écrans. Ouf ! Il y a des geeks là dedans.
En effet, passés les premiers mètres, on arrive dans un grand hangar, avec quelques fauteuils défoncés, un paquet de chips grand comme 2 sacs poubelles (!)[3], des briques qui servent à poser des canettes vides, un pan de mur entier avec une longue planche pour poser les laptops, avec des prises tous les mètres. Ici, le soleil n’arrive jamais, on bronze au tube cathodique et les rares lampes ne servent qu’à éclairer vaguement les t-shirts de geeks accrochés aux murs.
Comme Thomas me fait remarquer, ici ce n’est pas LinuxCabal, c’est LinuxCave. Et en bon débianneux, il se corrige aussitôt : GNU/Linux Cave.
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Pour 10 pesos, vous pouvez avoir à boire et, pour 40 pesos, un plat de spaghettis accompagné de pain à l’ail. À l’étage se trouve un gigantesque élevage de lapin. Bardés de piercings, une barbe ultra originale, des tatouages qui dansent sur chaque centimètre de sa peau, s’approche alors de moi le maître des lieux, Richard. Richard est un québécois qui, après tant d’années au Mexique, a oublié sa langue natale. Il maintient qu’il n’a jamais réussi à apprendre l’espagnol et qu’il le baragouine à peine. Du coup, il parle en C et en Php.
Après quelques heures de geekage intensif, je tente même d’aider à la compilation d’un modem sous une Ubuntu récalcitrante et puis je suis enrôlé par Richard pour donner une conférence le samedi suivant.
La tradition veut que, au retour d’un LinuxCabal, Thomas et Patricio prennent un chocolat chaud. Retour chez Thomas donc pour partager un chocolat agrémenté du chocolat belge récemment importé (merci Bella), le tout au milieu d’une marmaille d’enfants hurlants, les cousins mexicains étant de passage.
Veronica, la femme de Thomas, me dit alors qu’elle part le lendemain à Tequila pour faire visiter la distillerie à sa fille de 4 ans. Elle me propose de les accompagner, elle, Betty (son ami de Mexico) et Xochitl (sa fille). J’accepte avec joie. Mais attention : départ à 8h du matin !
8h05, départ de la maison de Thomas (ici, horaire à l’allemande). Après 40km d’autoroute, nous passons un premier péage (qui aura son importance plus tard). Nous roulons 20km et, 1km à peine avant la sortie Tequila, nous nous arrêtons sur une aire de repos qui est aussi un panorama, histoire de prendre une photo.
Et ici, l’aventure commence : la voiture ne redémarre plus. Enfin si, elle redémarre, elle passe les vitesses seulement les roues ne tournent pas, ce qui n’est guère pratique. Voilà alors que, comme un seul homme, les 3 femmes se retournent vers moi : mais tu es ingénieur !
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Hem. Là, je me rends compte qu’une thèse sur les jeux de Markov est quand même d’une utilité limitée dans la « vraie vie ». Dans une cave avec des ordinateurs, je vous fait ce que vous voulez. Mais là, à part établir un diagnostique incertain sur la courroie de transmission, je dois m’avouer vaincu.
Veronica arrête alors une camionnette qui accepte de nous charger à l’arrière (ce qui est un moyen de locomotion plus que courant ici) pour nous déposer, 1km plus loin, à la sortie de l’autoroute.
De là, nous rejoignons à pied un tout petit péage situé 500m plus loin (et ce péage là aussi aura son importance). En discutant avec les employés du péage, on apprend qu’il ne faut pas compter sur une dépanneuse aujourd’hui, on est dimanche après tout !
Arrive alors un gros pickup noir occupé par 3 hommes. Ils acceptent de nous emmener au village de Tequila, 6km plus loin. Galants, deux hommes laissent les femmes s’installer à l’avant et viennent se mettre avec moi à l’arrière. Je fais tout mon possible pour avoir l’air détendu comme les 2 autres, assis sur le rebord du pickup qui fonce à 90km/h dans les petites routes.
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Nous arrivons alors à Tequila, un « pueblito » comme on dit ici (ben oui, y’a à peine 35.000 habitants). Il y a plusieurs distilleries dans la ville et nous posons notre choix sur la distillerie « Cuervo« .
On a droit à toutes les étapes de fabrication de la tequila, depuis la récolte de l’agave aux différents mélanges finaux. Il est vrai que, dans toute la région, les champs d’agaves s’étendent à perte de vue. Il y a même des agaves qui poussent sur le bord des routes.
Après la première fermentation, on obtient une tequila dîtes « Primero » qui est quasiment composée d’alcool pur. Par curiosité, je décide de goûter.
Je dois bien avoir bu l’équivalent de 3 gouttes mais il faudra 10 minutes pour que mes yeux arrêtent de pleurer. J’ai soudain l’impression qu’il fait horriblement chaud, mon t-shirt doit être en gore-tex, c’est pas possible[4].
On finit avec la cave contenant la réserve familiale et, après une dégustation des 3 types de Tequila et une dernière margarita offerte par la maison(là, j’avoue avoir fait l’impasse), nous voici dehors.
Il est temps de penser à rentrer. Nous prenons le taxi pour rentrer jusqu’à la voiture, sur le bord de l’autoroute, pour y attendre Thomas qui viendra nous chercher avec sa voiture. Cependant, n’oublions pas que nous sommes sur un autoroute. Pas moyen de prendre à contresens. Au bout de 20 km, le taxi nous dépose donc au grand péage. Vous vous souvenez ? Le premier que nous avions rencontré.
Veronica sonne Thomas pour lui dire que nous sommes au péage. Commence alors une longue attente. Heureusement, l’éducation de ma mère n’a pas été tout à fait veine et j’ai avec moi un paquet de biscuit et une bouteille d’eau. De quoi survivre. Xochitl, qui à 4 ans parle parfaitement l’allemand, l’espagnol et l’anglais, veut que je lui apprenne le français. Betty doit reprendre dans 2 heures son avion pour Mexico. Mais comme elle le dit : « il n’y a personne de blessé, on va pas s’en faire, ce n’est pas la mort de rater un avion ».
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Pour être sûr de voir Thomas de loin, je monte sur une butte et, après une vingtaine de minutes, je vois la voiture de Thomas arrivé. Avec mon t-shirt rouge pétant, je lui fait de grands signes. Mais Thomas est concentré sur son volant comme un geek sur une ligne de commande. Il ne voit rien et me dépasse. Il arrive alors à la hauteur de Veronica qui hurle et lui court après. Il s’arrête au péage, Veronica courant derrière lui, et redémarre aussi sec.
Désespérée, Veronica reprend son GSM. Le temps qu’elle le prenne dans son sec et qu’elle l’appelle, Thomas est déjà à 5km de là. Elle arrête alors un autocar qui passe le péage (décidément, tout le monde s’arrête immédiatement avec elle). On s’incruste dans l’autocar, au milieu des passagers plongés dans « Pirates des Caraïbes ». Betty m’explique que, au Mexique on est peut-être pas organisé mais que tout le monde s’entraide toujours. Car tout le monde sait bien qu’il peut être le prochain dans la mouise. Et je dois avouer qu’il suffit de demander de l’aider pour que tout le monde accoure. 5km plus loin, l’autocar nous largue sur la bande d’arrêt d’urgence, là où Thomas nous attend. Ben quoi ? Le péage avant Tequila, c’est le petit péage avant Tequila non ?
Obligé, bien évidemment, de continuer jusqu’à Tequila, au petit péage, pour faire demi-tour. Il est 15h, j’ai rien mangé, je suis brûlé par le soleil à l’extérieur, par la tequila à l’intérieur et je dois avouer que j’ai du mal à me traîner depuis chez Thomas jusque chez David. Faut dire qu’il y a au moins 15 mètres !
Mais j’ai un grand sourire, je me suis super bien amusé. Si j’avais pu imaginer les conséquences d’un bête billet sur mon blog…
[1] Car tous les européens sont mes compatriotes, non ?
[2] Oui, je crois que pour un allemand, la culture mexicaine doit être vraiment un choc terrible 😀
[3] Sisi, je vous jure !
[4] ça rappelle des souvenirs du Kot Astro, hein Béa ?
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