2005-09-05
Il fût un temps où l’Empire Galactique n’était encore qu’un conglomérat, certes puissant, de planètes alliées militairement. L’emblème de l’astronef et du soleil n’était guère courant et une majorité de petite planète vivait dans un isolement relatif, s’auto-administrant selon leurs propres coutumes et ne communiquant avec le reste de la Galaxie que pour de rares échanges commerciaux.
Éloignée de toute route commerciale, la planète Plante-à-Musique fût l’une des dernières à garder un gouvernement local non-inféodé à Trantor, la planète capitale de l’Empire.
Plante-à-Musique aurait occupé une armée de botanistes pendant plusieurs dizaines de générations. La luxuriance de sa végétation n’avait d’égale que sa bruyante expression car, sur Plante-à-Musique, la plupart des végétaux produisait un son.
Les différentes espèces étant fortement localisées et c’est tout naturellement que les indigènes nommèrent les agglomérations suivant le nom de la plante typique de la région : muguet-chanteur, arbre-tintant, ablougadi-résonnante,…
Si pour un routard galactique de passage cette permanente cacophonie musicale avait un charme certain, il est aisément compréhensible que les Plantamusiciens cherchèrent très vite à s’isoler de cet inextinguible tintamarre dans de grandes maisons sombres coupées de l’extérieur.
C’est certainement la raison pour laquelle les Plantamusiciens sont à ce jour la seul espèce à avoir inventé Internet avant la roue et les noms de familles.
L’unique manière officielle de nommer un individu devint donc rapidement son adresse email : pseudo@ville-de-naissance (prononcez « at »).
Plante-à-Musique était dirigée par un Empereur détenant le pouvoir à vie. À sa mort, un gigantesque ordinateur appelé « Maman », ou plus familièrement « Ma », choisissait le successeur.
Pour ce faire, Ma analysait la qualité des messages postés sur les différent forums/newsgroups par tous les Plantamusiciens. Le poste d’Empereur étant fort convoité, inutile de vous dire que les trolls y étaient forts rares. Ma tentait aussi d’équilibrer la proportion des empereurs issus des différentes villes.
Cependant, personne n’aurait jamais cru qu’un montagnard devint un jour Empereur. Il faut reconnaître que, enclavé dans un petit village envahit par des ronces bardées de clochettes, les montagnards n’avaient guère bonne réputation. Les citadins les traitaient volontiers de bouseux arriérés et ceux-ci préféraient donc rester entre eux, se réunissant « dans la vraie vie » et utilisant très peu le réseau pour communiquer.
L’inattendu se produisit pourtant à la mort de l’impératrice Constance@algue-grinçante. Ce jour-là, Ma choisit Haldebert le montagnard, plus connu pour son site « Le blog de Hal ». Hal fût donc sacré empereur par le grand Ordinateur (et de là vient le nom ordinateur) dans la capitale roseau-sifflant. Il remercia, lors de son discours inaugural, son fidèle partenaire au jeu d’échec et son maitre d’école en ces termes :
– Merci Dave ! Tiens, bonjour Professeur Chandra !
Les montagnards, quant à eux, firent la fête toute la nuit dans leur petit village accroché au flanc de la montagne. La légende veut qu’ils firent sonner chacune des clochettes de chacune des ronces de la région pour célébrer l’avènement du nouvel Empereur.
Moralité : Ma sacre Hal@ronce-sonneuse
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