2019-01-12
Et transition vers une déconnexion douce permanente
Sans que je m’en rende particulièrement compte, voici que je suis arrivé à la fin de ma déconnexion (dont vous pouvez retrouver tous les billets ici). Une date symbolique qui imposait un bilan. Tout d’abord en enlevant mon filtre et en faisant un tour sur les réseaux sociaux désormais abhorrés.
vous pouvez retrouver tous les billets ici
Pas que j’en avais pas vraiment envie mais plus par curiosité, pour voir ce que ça me faisait et vérifier si j’avais raté des choses. On pourrait croire que j’étais impatient mais, contre toute attente, j’ai du me forcer. Au nom de la science, pour la complétude de l’expérience ! Ces sites ne me manquent pas, au contraire. Je n’avais pas l’impression de rater quoi que ce soit d’important et, même si c’était le cas, je m’en portais au fond très bien.
Ma première impression a été d’arriver en retard dans une soirée à l’ambiance un peu morne. Vous savez, le genre de soirée où vous arrivez stressé de rater le meilleur pour vous rendre compte qu’en fait tout le monde semble s’emmerder.
Oh certes, il y’avait des commentaires sur mes posts dont certains étaient intéressants (je n’ai pas tout lu, juste regardé rapidement les derniers). J’avais plein de notifications, des centaines de demandes d’ajout sur Linkedin (que j’ai acceptée).
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Mais, au final, rien qui me donne envie de revenir. Au contraire, j’avais la nausée, comme un addict au sucre qui se tape tout un gâteau au chocolat après 3 mois de diète.
Ce qui est encore plus frappant c’est que cette demi-heure de rattrapage de réseaux sociaux m’a obsédée durant plusieurs heures. J’avais envie d’aller vérifier des choses, je pensais à ce que j’avais vu passer, je me demandais ce que je devrais répondre à tel commentaire. Mon esprit était de nouveau complètement encombré.
Il faut se rendre l’évidence : je ne suis pas capable d’utiliser sainement les réseaux sociaux. Je suis trop sensible à leurs messages inconscients, à leurs tactiques d’addiction.
Pour être tout à fait honnête avec moi-même, il faut avouer que, techniquement, je n’ai pas respecté complètement ma déconnexion. J’ai assoupli certaines règles initiales en “débloquant” Slack, pour raisons professionnelles, et Reddit. Il m’est également arrivé assez souvent de devoir désactiver mes filtres pour accéder à un lien qu’on m’envoyait sur Twitter, pour chercher les coordonnées d’un contact professionnel sur Linkedin voire pour accéder à un article de la presse généraliste qu’on m’avait envoyé. Mais ce n’est pas grave. Le but n’était pas de devenir “pur” mais bien de reprendre le contrôle sur mon utilisation d’Internet. À chaque fois, la désactivation de mes filtres ne durait que le temps strictement nécessaire à charger la page incriminée.
Une anecdote illustre bien ma déconnexion : au cours d’un repas de famille, la discussion porta sur les gilets jaunes. Je n’en avais jamais entendu parler. Après quelques secondes d’étonnement face à mon ignorance, on m’expliqua et, le soir même, je lisais la page Wikipédia sur le sujet.
Wikipédia qui s’est révélé un outil de déconnexion extraordinaire. La page d’accueil dispose en effet d’une petite section concernant les actualités et les événements en cours. J’en ai déduis que si un événement n’est pas sur Wikipedia, alors il n’est pas vraiment important.
Si ne pas être informé libère de l’espace mental et ne semble prêter à aucune conséquence néfaste, il est dramatique de constater à quel point mon cerveau est addict. Devant un écran, il veut recevoir des informations, quelle qu’elles soient. Quand je procrastine, je me retrouve à chercher tout ce qui pourrait m’apporter des news sans désactiver mon blocage.
C’est d’ailleurs je pense la raison pour laquelle mes visites à Reddit (au départ utilisé uniquement pour poser des questions dans certains subreddit) sont devenues plus fréquentes (mais sans devenir envahissante mais à surveiller). Je regarde également mon lecteur RSS tous les jours (heureusement, il n’est pas sur mon téléphone) mais les flux réellement utiles sont rares. Les réseaux sociaux m’avaient habitué à m’intéresser à tout et n’importe quoi. Avec le RSS, je dois choisir des sites qui postent des choses que je trouvent intéressantes dans la durée et qui ne noient pas cela dans du bruit marketing.
Un autre effet important de ces 3 mois de déconnexion est le début d’un détachement de mon besoin de reconnaissance immédiate. Outre les likes sur les réseaux, je me rends compte que donner des conférences gratuites ou intervenir dans les médias me rapporte peu voire rien du tout pour beaucoup d’efforts, de transports et de fatigue. De manière amusante, j’ai déjà reçu pas mal de sollicitations pour parler dans les médias de ma déconnexion (que, jusqu’à présent, j’ai toutes refusées). Mon ego est toujours là mais souhaite désormais être reconnu sur le long terme, ce qui nécessite un investissement plus profond et pas de simples apparitions médiatiques. D’ailleurs, entre nous, refuser une sollicitation médiatique est encore plus jouissif pour l’égo que de l’accepter.
J’ai également pris conscience que, contrairement à ce que Facebook essaye d’instiller, mon blog n’est pas un business. Je ne dois pas répondre dans les 24h aux messages (ce que Facebook encourage très fortement). J’ai le droit de ne répondre qu’aux emails et ne pas devoir me connecter sur différentes messageries propriétaires. J’ai le droit de rater des opportunités. Je suis un humain qui partage certaines de ses expériences à travers l’écriture. Libre à chacun de lire, de copier, de partager, de s’inspirer voire de me contacter ou de me soutenir. Mais libre à moi de ne pas être le service client de mes écrits.
La conclusion de tout ça c’est que, les 3 mois écoulés, je n’ai aucune envie de stopper ma déconnexion. Ma vie d’aujourd’hui sans Facebook ou les médias me semble meilleure. Une fois tous les deux ou trois jours, je désactive mon filtre pour voir si j’ai des notifications sur Mastodon, Twitter ou Linkedin mais je n’ai même pas envie de regarder le flux. Je lis des choses qui m’intéressent grâce au RSS, je me plonge avec délice dans les livres qui attendaient sur mon étagère et j’ai beaucoup de conversations enrichissantes par mail.
Pourquoi quitterais-je ma thébaïde ?
Photo by Jay Mantri on Unsplash
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