2009-07-13
Noir ! Au loin, une faible lueur semble briller. Loin, tellement loin. À des années lumières. Je tente vainement de tendre mon bras mais l’étau se ressert autour de moi. Ma respiration s’accélère, tout mon être est emprisonné dans de reptiliens anneaux sauvages qui m’enserrent, me compressent.
— Rhaaaa !
Je pousse un râle de violent désespoir, je me débat et finit m’affaisser, vaincu, replongeant dans les ténèbres apaisantes de l’oubli. Mon corps, paralysé, m’abandonne. Je flotte.
— Laisse toi aller ! Semble me murmurer une voix. Laisse toi aller juste quelques minutes. Ta lutte t’a épuisé, respire doucement, de plus en plus doucement…
Une douce chaleur me pénètre, la lueur s’éloigne, je me sens si bien, je m’enfonce…
— Nooooooon !
D’un effort surhumain, j’ai bondit. D’une contorsion violente, je délivre mes bras et arrache en hurlant mon indomptable couette sauvage. Mes tempes bourdonnent, mes paupières papillonnent.
— Merde, je me suis rendormi, déjà huit heures ! Allez, un bonne tasse de café bien fort et zou…
Blottie dans un coin, humiliée mais pas encore vaincue, je sens peser sur moi la présence de la couette. Je la perçois. Je l’entends :
— Prends moi dans tes bras, juste quelques minutes. Pose ton visage contre moi. Quelques secondes seulement… Nous étions si bien tous les deux.
Une pointe de sueur perle sur mon front. Je me concentre, je dois résister jusque ce soir. Mon esprit dérive déjà. Résister. L’adrénaline ! Voilà la solution, l’adrénaline ! Je tourne la tête vers le réveil.
— Par toutes les galaxies, 8h27 ! Aaaaah ! Nom d’une pipe en écume !
— T’as le temps, tu dois pas être au boulot avant 8h30 me souffle la couette mais je ne l’écoute déjà plus. J’ai vaincu !
La brosse à dent dans une main, je saute un pied dans la (mauvaise) jambe du pantalon, l’autre dans une chaussette dépareillée tout en procédant à l’incantation de victoire rituelle :
— Une bonne tasse de café bien fort et zou…
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