Poor Things

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[29/02/2024] - ~5mins -

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Histoire :

Le docteur **Godwin** est un éminent chirurgien s'adonnant à des expériences très borderlines.

Il fusionne des animaux en transplantant leurs organes pour créer des chimères.

Mais il ne joue pas qu'avec des corps d'animaux puisqu'il a "créé" *Bella* qui est donc un cerveau de bébé dans un corps d'adulte.

Il demande l'aide d'un de ses étudiants pour noter les progrès de *Bella* dans son immense demeure où elle vit.

Ressenti :

L'affiche du film ne m'attirait pas.

Je ne savais rien du film, puis j'ai appris que c'était le réalisateur *Yorgos Lanthimos* et là, bha forcément ça m'a tout de suite intrigué.

J'avais beaucoup aimé **The Lobster** et aussi **The Favourite [1]** (beaucoup moins **The killing of a sacred deer [2]**) du coup j'étais pas contre un nouveau film barré.

Et bha c'est pas une déception !

Là c'est très bizarre, surtout le début !

La première scène est en couleur avec un suicide puis on passe en noir & blanc et là tout est déroutant.

On est dans une baraque immense et très étrange dans sa déco, mais surtout il y a un *Willem Dafoe* complètement relooké.

Là c'est du grand art, il a la gueule bien déformée, mutilée avec des cicatrices de partout.

Putain le boulot sur ce maquillage pour cette transformation physique est ouf.

C'est bien sa tronche, il est bien reconnaissable mais wow il a pas une tronche de porte-bonheur.

Mais tout est trés bizarre, la baraque regorge de détails louches avec des moulures, des plafonds travaillés des meubles/tableaux/bibelots, il y a de la texture, de la profondeur, même le parquet avec ses lignes attire l'œil.

Il y a même un canapé/sol.

Tout le sol du salon est en fait moletonné avec du tissu et les personnages se vautrent du coup à même le sol.

C'est ce genre de truc un peu bizarre qui ne saute pas tout de suite aux yeux mais qui petit à petit se fait remarquer.

En plus, à ce moment du film, c'est une image très contrastée et pleine de piqué.

Mais surtout, il y a du fish eye avec des mouvements de caméra qui sortent de l'ordinaire.

Alors qu'on pourrait commencer à se lasser de cet effet, l'aspect visuel évolue continuellement.

En fait, il est synchronisé avec *Bella* qui grandie et évolue.

Les décors font un peu penser à du *Wes Anderson*, je ne sais pas trop comment décrire le truc mais c'est assez cliché, très travaillé et presque un peu naïf (probablement pas le terme, je suis pas vraiment clair).

On a par exemple un bateau de croisière avec des cieux oniriques, des zeppelins au-dessus d'un Londres victorien, un Paris art nouveau avec une Tour Eiffel inachevée, Alexandrie qui est le plus surréaliste avec sa tour accueillant les riches touristes tout en surplombant les pauvres qui crèvent à ciel ouvert…

Mais ici pas de symétrie, pas d'acteur jouant faux (je déteste ce point chez *Wes Anderson*), non les acteurs sont bien plus réalistes dans leurs interactions.

Enfin *Bella* est quand même bizarre mais justement, pour elle c'est 100% normal et expliqué et c'est d'ailleurs tout le sel de ce métrage.

Dans la première partie, on ne comprend pas trop la bizarrerie de ce personnage.

Mais par ses mimiques, ses réactions on devine qu'il y a effectivement une dissonance entre son apparence physique et ses facultés.

Et là c'est explicité, tout s'éclaire et on commence à entrevoir le propos du film : le comportement.

Tout un tas de règle implicite que l'on suit et qui nous semble s'approcher du sacrilège lorsqu'une personne s'en éloigne.

Mais aussi le comportement des hommes et des femmes et les dynamiques qui tournent autour.

Et sur ce point il y a un énorme message féministe.

C'est au final ça le propos du film.

Elle découvre la masturbation et en parle ouvertement à tout le monde et commence à faire ça à table sans se planquer ni rien.

Elle n'a pas de notion de honte vu qu'elle n'a pas les codes.

C'est assez déroutant et drôle mais plus le temps passe plus on trouve cet aspect attachant mignon et finalement bien plus logique et naturel.

Son évolution est vraiment trop cool à voir.

<summary>des spoils

Au début, elle n'est donc qu'une bête de foire étudiée froidement par *Godwin*.

Ce dernier est fier de sa création mais pas plus.

C'est l'aspect scientifique qui prime.

J'ai même l'impression qu'il n'est pas conscient de la détention qu'il lui fait subir.

D'ailleurs, lui aussi a une belle évolution dans le film.

À la fin, on sent qu'il a plus conscience du fait qu'il est tout de même le père de *Bella*.

Il est heureux de son retour et qu'elle ait pu grandir et évolué hors de son emprise.

Il passe du gros profiteur vantard assoiffé de baise sûr de lui à un pauvre type brisé.

Mais le pire c'est qu'il est brisé parcequ'il ne parvient pas à dominer *Bella* qui s'en en être consciente lui résiste.

On comprend bien que l'emprise que ce connard arrive à imposer sur les femmes ne fonctionne que par les règles de la société.

C'est montré de façon sérieuse au début mais plus il est détruit plus il est tourné en ridicule en devenant presque un running gag.

Franchement à la fin, j'étais persuadé qu'elle allait tenter de récupérer le cerveau de *Godwin* pour le foutre dans le corps de son ex-mari mais non.

Après, c'est vrai qu'elle n'est pas chirurgienne encore donc bon …

Parfois le film est bizarre, parfois dérangeant, souvent drôle, un peu triste mais surtout a un propos féministe assez poussé.

C'est une œuvre atypique et intelligente.

Vraiment un excellent film qui est marquant.

Bon par contre il y a pas mal de sexe donc pas trop adapté pour les gamins.

Liens

[1] The Favourite ({{}})

[2] The killing of a sacred deer ({{}})

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[29/02/2024] -

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