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[14/04/2022] - ~12mins -
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Accusé d'avoir tué sa femme il a fui son pays mais reçoit une mission hautement dangeureuse mais qui pourrait lui permettre de rentrer chez lui.
Il monte donc une équipe de choc qui aura la lourde tâche de parvenir à insuffler une idée dans l'inconscient d'une victime par le biais des rêves.
J'ai pas énormément vu ce film.
Et chaque fois que je le vois c'est avec quelques années d'écart.
Du coup j'ai pas un souvenir complet de toute la trame, j'ai l'idée générale, les concepts principaux mais à chaque fois j'en ai oublié des bribes plus ou moins important.
Et à chaque fois je redécouvre ces éléments et je suis impressionné par ce film.
Son histoire est clairement une œuvre de géni.
J'ai tendance à l'oral d'être super enthousiaste sur des films que j'aime mais sans plus et à utiliser beaucoup d'emphase.
Mais ici, je le pense vraiment.
Ce film est une merveille d'horlogerie avec tellement de concepts et de détails qui en font un objet sacrément complet.
C'est absolument pas réaliste mais super classe au tout début quand *Leonardo* s'infiltre avec son flingue avec un silencieux.
Pour être le plus discret possible il ramasse au vol les douilles éjectées avant qu'elles ne touchent le sol.
Le détail est marrant mais bon en vrai un silencieux ne permet pas de supprimer complètement le son de la détonation.
Dans les autres détails que j'adore dans ce film c'est quand *Léo* va chercher *Tom Hardy* mais il est pisté et ça se transforme en poursuite dans les rues de Mombasa.
C'est le genre de truc que je rêve souvent (enfin plus façon cauchemard je vous avoue) alors que ça se passe dans ce qui semble être la vraie vie.
J'aime beaucoup comment l'ambiance sonore musicale est souvent assez diffuse.
On a que très rarement des coupures musicales, c'est plutôt des sonorités longues et lancinantes qui s'estompent progressivement.
Ça colle parfaitement au thème du film avec les rêves où l'on navigue de scènes en scènes sans vraiment se rendre compte et sans transition particulière quand on tente d'y repenser.
Le film est assez simple mais il est vrai qu'au final il ne prend pas spécialement le temps d'expliquer tous ses concepts d'un coup.
On a une ptite introduction au début, puis de nouvelles règles sont parsemées petit à petit.
Ça donne un peu l'impression de jouer à jeu où de nouvelles règles sont expliquées au fil du jeu.
Là c'est un peu pareil.
C'est à mon sens à cause de ça qu'il a un peu la réputation d'être complexe.
Mais c'est une complexité due au fait que l'on ait pas toutes les cartes en main au premier visionnage.
Une fois que l'on connait ses mécanismes, le film n'est au final plus si complexe et est encore plus plaisant à savourer.
Et même lorsqu'on connait toutes les mécaniques, le film reste très plaisant à voir du fait de sa timeline.
Je parle pas de l'imbrication des rêves mais vraiment du déroulé de l'histoire.
L'objectif de l'équipe ne nous est pas donné tout de suite.
Au début on ne connait au final que la motivation finale de *Cobb* : pouvoir retourner aux USA pour voir ses gamins.
Il accepte la mission à l'aveugle et cela ne nous est explicité que bien plus tard une fois que l'équipe est assemblée et que le plan est calibré.
C'est une formule assez classique du film de braquage maintenant mais là c'est pas tout à fait ce genre de film à la base.
Mais la formule s'applique super bien sur ce film et le rend diablement intéressant.
Le film est sacrément sérieux, les dialogues sont tous très fonctionnels, ça ne digresse pas, pas vraiment de très d'humour sauf à deux reprises.
Lorsque *Arthur* pousse *Ariane* à l'embrasser (c'est la grosse blague du film) mais il y a un second ptit élément assez furtif.
C'est *Eames* qui tente de grapiller du temps et donc affronte le plus de projections possibles.
Il dégoupille une grenade qu'il envoie sur le hummer et là, il lève le pouce en l'air.
Ça ne sert à rien si ce n'est pour faire une mini-blagounette.
C'est à la fois assez étrange et pourtant ça marche si bien.
Ce sont les 30 frames pour faire sourire.
Comme quoi on peut ajouter des touches d'humour sans non plus faire les lourdeaux à la Marvel.
Ça ne brise pas le rythme, ça ne désamorce pas une tension, ça ne rompt tout un travail fait en amont, prenez-en de la graine *Kevin Feige*.
<summary>Il y a quelques bouts de spoils dans ce que je vais continuer à raconter
Je continue dans les détails sauf que celui-là je l'aime pas.
Cependant, elle revîent pour pouvoir revivre ce sentiment de création totale que lui permet "l'architecture de rêve".
Là, elle a le droit à un ptit tuto par *Arthur* où il lui explique des créations physiquement impossibles le sont dans les rêves et là on nous montre un escalier bouclé sur lui-même et donc infini.
Effectivement on se rend compte qu'ils grimpent constamment et pourtant passent plusieurs fois au même niveau.
Et là, je ne sais pas pourquoi, ils bougent la caméra pour montrer que c'était un effet de perspective et que donc ce n'était pas vrai.
C'est … bha … heuuu … vous vouliez justement pas prouver que c'était justement possible et non juste un artifice de perspective de point de vue ?
Et le problème c'est que ça arrive plus tard dans le film.
C'est très dommage ça aurait été tellement bon s'ils avaient omis de monter la disjonction.
Ce film est bourré de scènes ultras spectaculaires.
Le train qui déboule en pleine ville, Paris avec ses ptites explosions, la baston dans l'hôtel où la gravité ne sait plus où tomber puis si elle doit vraiment tomber, la promenade en ski.
C'est souvent magnifié par l'emploi de particules plus ou moins grosses qui ne sont parfois que de simples gouttes de pluies ou bien carrément des pavés qui s'envolent.
Mais ça donne toujours une texture supplémentaire dans l'image.
Ça peut être du gravier quand *Yusuf* fait des tonneaux ou juste la poussière sur les rails tremblants…
Toujours des particules qui gigotent…
La troisième partie imbriquée me fait immanquablement penser à un jeu vidéo alors qu'elle est inspiré d'un **James Bond**.
Ça a tout d'une map de jeu avec cet espèce de château brutaliste moderne, cette armée de pnj tous habillé pareil bon qu'à se faire flinguer sans trop de difficulté, le hummer à chenille des neiges qui même s'il existe (enfin peut-être) semble sorti d'un jeu, toute l'action délurée.
Ça me rappelle des passages de **RTCW** ou bien de **NOLF** voir **SHOGO**, un peu tous ces FPS du début des années 2000.
Il faut dire que les niveaux précédents de rêve se devaient d'être crédible alors qu'ici, c'est assumé, on est dans du rêve et on peut donc se permettre des folies et c'est pas non plus extravagant ou absurde.
Ça semble sortir tout droit d'un esprit d'adulte biberonné à des œuvres de fiction de James Bond et compagnie et comme c'est tout justement un rêve d'un trentenaire/quarantenaire c'est parfaitement dans le ton.
(ptain mais quel scénariste !)
Bien évidemment j'aime beaucoup la fin.
Tous les personnages se lancent des ptits regards sans échanger un mot.
On a même pas spécialement d'élément qui nous indique si oui ou non leur mission a parfaitement réussie.
Certe ils sont tous revenus sains et saufs mais on a pas de confirmation que l'inception a bien eu lieu.
Le seul élément qu'on ait, c'est que dans le tout premier niveau de rêve, *Fischer* ait convaincu mais est-ce pour autant qu'il le sera hors des rêves ?
Il y a toujours un risque que ça ne soit pas le cas.
Bon cela dit, on s'en tape un peu, *Saito* a fait le nécessaire et *Cobb* peut rentrer sur le territoire donc de son point de vue la mission est un succès, ça sera à *Saito* de s'en contenter.
Bon, dans le film il y a l'histoire des objets totems.
Ces ptits objets qui ne sont parfaitement connus que de leur possesseur est donc le moyen de savoir si l'on est dans un rêve ou non.
Dans le cas de *Cobb* il s'agit de la ptite toupie.
Et forcément à la toute fin du film on nous la met en train de tournicoter quand il voit ses gamins mais surtout on ne la voit pas s'arrêter, le film coupe avant.
Est-ce la réalité, est-ce un rêve ?
Fin semi-ouverte.
Bon c'est pas de moi, mais il s'avère que finalement cette toupie n'est pas son objet totem.
C'est celui de *Mal*.
Quand ils sont dans les limbes, c'est avec cet objet qu'il va instiller le doute dans l'esprit de sa femme : il va la faire tourner dans le coffre qu'elle avait choisi d'oublier.
C'est lui qui la pousse à se suicider en ne sachant plus distinguer la réalité car il a touché son objet totem à elle.
Il sait donc mieux que quiconque que ces objets sont au final bien plus puissant que prévu et donc pose un risque plus grand que prévu.
Ce serait donc particulièrement étonnant qu'il prenne le risque de laisser les autres savoir qu'il s'agit de son objet-totem.
Alors que tout le monde sait que c'est sensible, par rapport aux autres il sait que ça peut mener à remettre en doute la réalité et donc pousser au suicide ("involontaire").
Un détail a été remarqué par des internautes et permettent d'attester que son objet totem est en fait tout autre.
Il s'agit d'un objet anodin que l'on voit à plusieurs reprises et qui n'est jamais mentionné et quasiment jamais montré frontalement.
Vous remarquerez que je suis en train de jouer avec vous en ne le dévoilant pas tout de suite.
Si vous vous souvenez du film vous êtes probablement en train de chercher ce que ça pourrait bien être.
Si vous essayez pas, tant pis pour vous, moi j'ai déjà écrit et donc j'ai déjà plus rien à perdre.
Voilà, je pense que je vous ai suffisamment titillé et je m'apprête donc à vous le révèler après ce brisage du quatrième mur à l'écrit.
Voilà voilà.
Il existe des vidéos sur youtube qui expliquent tout ça.
Dans les références sympa il y a les noms de deux persos :
- *Cobb* est une référence à Henry N Cobb [1] un architecte reconnu
- *Ariane* aide *Thésé* à sortir du Labyrinth alors que celui-ci est pourchassé par le minotaure (qui est du coup *Mal*)
J'aime bien ces deux répliques dans deux genres différents.
“Downward is the only way forward.”
“You mustn't be afraid to dream a little bigger, darling.”
La première est de *Cobb* qui pousse son équipe à continuer et à s'enfoncer dans une nouvelle strate de rêve et la seconde pas bien loin quand *Eames* utilise un lance-grenade alors qu'*Arthur* se contente de mitrailleuse.
Cette réplique est à la fois mimi mais rappelle que ce sont des rêves et qu'ils peuvent manipuler cette non-réalité selon leurs désirs et leurs besoins et qu'ils ont donc une certaine lattitude.
Tout est un régal dans ce film :
- le concept foufou de rêver à plusieurs, de les déclencher à loisir, de les manipuler avec aisance, de les emboîter pour y décupler le temps
- l'histoire : manipuler les rêves d'une personne avec un plan béton qui s'effrite petit à petit et qui doit donc être réadapté constamment pour parvenir à manipuler la personne de manière non violente.
- les personnages sont tous bien différents et intéressants : *Cobb* et sa *femme* avec leur relation qu'on ne comprend vraiment qu'à la fin, *Ariane* est comme le spectateur en train de découvrir tous les concepts, *Eames* qui peut changer d'apparence dans les rêves alors qu'il ne fait qu'étudier les gens et leurs comportements, *Yusuf* qui se retrouve malgré lui embringué dans un truc qui le dépasse, *Saito* qui lui veut absolument s'impliquer à la fois pour s'assurer que tout se déroule comme prévu mais aussi pour vivre une aventure, *Arthur* qui en plus d'être plutôt bon en castagne/panpan reste particulièrement astucieux quand c'est nécessaire.
- Les acteurs sont parfaits : bon bha déjà *DiCaprio* en rôle principal c'est toujours un bon choix. Ils sont tous bien dans le ton et parfaitement crédible.
- visuellement c'est une tuerie : *Christopher Nolan* oblige il favorise les effets pratiques autant que possible sans pour autant omettre des effets numériques. Les lumières sont somptueuses, l'image a un joli grain de pellicule, il y a souvent une mise au point légèrement imparfaite et de légères aberrations chromatiques (j'adore cet effet, je plaide coupable).
- la musique … bha c'est du *Hans Zimmer*, c'est pas finaud mais c'est on ne peut plus efficace. J'aime beaucoup ce que fait *Hans Zimmer* et pourtant c'est vrai qu'il devient très stéréotypé mais faut avouer que c'est parceque mécaniquement implacable.
Et dire que ce film n'est pas le meilleur de *Nolan*…
Ce film ressemble beaucoup à **Tenet [2]** dans sa forme : un concept fort, de l'action, de la réflexion mais il lui est tellement supérieur.
Pourtant à la sortie d'**Inception** *Nolan* n'était pas encore le réalisateur tout puissant qu'il est devenu au moment de **Tenet**.
Il n'avait jusqu'à présent sorti que des "petits" films et s'était retrouvé sur la trilogie **Batman**.
Son seul "gros" film était donc **The Prestige** qui n'a pas non plus superbement marché (commercialement) et là **Inception** c'est donc son premier film vraiment personnel où il a tout explosé.
C'est ce film qui m'a poussé à explorer sa filmographie passée et donc à découvrir **Memento** et **Insomnia**.
[1] Henry N Cobb (https://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_N._Cobb)
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