Anatomie d'une Chute

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[02/04/2024] - ~7mins -

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Histoire :

L'homme est déjà mort.

Une enquète débute pour tenter de savoir s'il s'agit d'un accident, d'un meurtre ou d'un suicide.

La mère est suspectée et débute alors un procès.

Ressenti :

Tout le battage médiatique autour du film m'a gonflé.

J'avais pas envie de le voir mais finalement l'occasion est venue à moi.

Je n'avais aucune idée du sujet du film et d'ailleurs vu le buzz et tout, je pensais qu'il s'agissait d'une critique sociale, mais en fait pas du tout.

Non, c'est un film plutôt simple avec une idée elle aussi assez simple.

Mais tout l'intéret du bousin c'est qu'en tant que spectateur, on est étrangement balloté d'un camp à un autre.

La mère est-elle meurtrière ou bien c'est un suicide ?

Et bien que le début de l'histoire commence quelques instants avant la chute, on est pas pour autant omniscient.

On a beaucoup d'éléments mais pas tous.

On ne sait pas.

Les avocats ne savent pas, les juges ne savent pas.

Du coup on est happé et on cherche les ptits indices, les incohérences, les motivations, les témoignages, les éléments à charges…

C'est très cool.

Le puzzle ne se délite pas et tient le spectateur jusqu'au bout.

La réalisatrice a choisi une réalisation sans fioriture, sans musique extradiégétique, de la mise en scène sans artifice ce qui tend à se rapprocher un peu d'un documentaire.

Il y a même des extraites d'émissions de télévision renforçant cette impression de réalisme.

À cela on rajoute des acteurs qui jouent super biens (franchement la mère et le gamin sont juste parfaits).

<summary>ma théorie et du coup spoil total

Bon.

Donc la mère est acquittée et n'est donc pas coupable puisqu'il est décidé que c'est un suicide.

Mais j'ai l'intime conviction qu'elle a tout de même tué son mari.

On a pas le fin mot de l'histoire et visiblement la réalisatrice ne souhaite pas le donner.

D'ailleurs, c'est à mon sens une bonne chose que le doute persiste mais du coup j'ai envie de vous exposer ce qui me fait penser qu'elle l'a bel et bien tué.

Déjà, je ne pense pas qu'il y ait eu préméditation.

Dans la partie témoignages déjà il faut bien voir qu'il n'y a que 2 sources : la mère et le fils.

La mère a été prise sur le fait de mentir en dissimulant la vraie origine de son bleu sur le bras.

Elle a voulu passer sous silence la dispute de la veille.

C'est clair que c'est un gros handicap de commencer un procès avec une violente dispute avec la victime 24h plus tôt.

Bon, ce mensonge, elle l'a tenté pour se simplifier la vie et ça ne suffit pas à la rendre coupable, mais ça indique que ses témoignages ne sont pas 100% fiables.

La seconde source est le fils.

Lui aussi à tout à y perdre, il n'a déjà plus de père et là c'est sa mère qui est en jeu.

Il est suffisamment mature pour comprendre les enjeux du procès.

Il a lui aussi été pris à fournir un témoignage pas fiable (probablement involontairement mais quand même) concernant le fait d'entendre une conversation et non une discute malgré la musique en étant à un endroit précis de la maison.

Ses témoignages sont donc aussi susceptibles d'être faux.

On a donc tout un procès où les témoignages sont donc potentiellement biaisés et il n'y a malheureusement presque pas de preuve matérielle tangibles.

On a quand même l'intervention du psy qui lui ne se base que sur ce qu'a bien voulu lui raconter le père.

Il n'a au final pas grand-chose à apporter, si ce n'est que le père souhaitait réellement diminuer son traitement.

Du coup passons à ce qui me pousse à croire coupable.

Le procès est en cours depuis un bon moment et bon globalement on sent que la mère est plutôt en mauvaise posture.

On a proposé à *Daniel* (le fils) de ne plus assister aux audiences mais ce dernier insiste en appuyant sur le fait qu'il est suffisamment mature pour tout encaisser.

Une aide judiciaire est chargée de veiller à ce que la mère ne tente pas d'influencer son fils depuis quelques jours.

Leur relation était plutôt froide au début mais maintenant que le procès s'éternise et qu'on approche quand même de la fin, *Daniel* lui demande s'il peut rester seul avec elle et donc d'éloigner la mère.

Il en profite pour donner des aspirines au chien pour tester la théorie du suicide.

Et au vu de l'état du chien il est tout tourneboulé.

Là, il implore l'aide judiciaire qui d'abord lui indique qu'elle se doit d'être neutre.

Puis face à l'insistance du petit elle finit par lui dire que désormais la vérité n'a plus d'importance, c'est à lui de décider.

Cette phrase est capitale bien qu'elle soit ambigüe et puisse être comprise dans les deux sens.

Perso, je pense qu'à ce stade, le gamin a compris que le suicide est faux, l'expérience avec le chien ne correspond pas aux résultats espérés (il allait pas risquer de buter son chien pour ça, il pensait qu'il serait groggy sans plus).

Du coup, implicitement il demande à l'aide judiciaire, s'il doit réellement témoigner CONTRE sa mère et donc la perdre elle aussi.

Ou bien si au final la vérité importe moins…

Là, le montage coupe et on se retrouve au procès, à l'ultime témoignage du gamin qui influencera le verdict final.

On peut imaginer que dans cette ellipse, il ait créé son témoignage avec l'aide judiciaire qui l'aiguille.

Certe le gamin est pas con, mais la pertinence de son témoignage est vraiment exceptionnelle à tel point qu'il pourrait avoir bénéficié d'aide extérieure.

Je pense qu'il a été tourneboulé par les évènements et que donc sa mémoire lui a joué des tours.

L'incohérence de son témoignage au début n'était pas volontaire.

Mais à mi-film, on a une scène où le père et la mère sont au balcon du deuxième (et non dans les combles au troisième) et où on sent que c'est de la grosse engueulade bien vénère et si je me souviens bien, il s'agit du point de vue du mioche.

Ça correspondrait au moment où il est re-rentré et il surprend la discute des parents.

Un autre détail qui me pousse dans cette direction c'est la mère qui à la fin annonce que bien qu'elle ait gagné son procès… bha elle a rien gagné.

Elle pouvait perdre mais n'avait rien à gagner.

Elle va devoir vivre toute sa vie avec la culpabilité d'avoir tué son mec, même si ce n'était ptet pas voulu et encore moins prémédité.

Et surtout elle a peur d'affronter son fils.

Elle appréhende de rentrer à la maison.

Elle se sait coupable et qu'elle ne doit son verdict qu'au témoignage de son fils qui connait la vérité.

Elle a donc peur de devoir vivre avec ce mensonge envers son fils.

Et d'ailleurs une fois rentrée, ils finissent par se faire un calin mais c'est lui qui "englobe" sa mère et qui donc la protège et non l'inverse.

Et le plus fort c'est que malgré tout cela, je n'ai pas pour autant de preuve irréfutable.

Il me semble d'ailleurs normale qu'elle soit acquittée.

D'ailleurs je ne pense pas que de lui foutre de la prison ne serve à quoi que ce soit mais c'est un autre débat.

Voilà c'est un excellent film.

Ça montre une justice assez dure.

Toute la vie privée de à suspecte est mise à nu, fouillée et retournée pour tenter de trouver des preuves.

En plus de ça on a l'impression que l'avocat de la défense est horrible mais au final il ne fait que son boulot et tente réellement de trouver un coupable.

Heureusement qu'il est tenace et vorace comme il est, mine de rien le but est de faire respecter la loi et de déterminer de la nature d'une mort non naturelle.

Ouai j'ai vraiment adoré.

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