Taux n gatifs : une bonne nouvelle pour la dette fran aise ?

2012-07-10 08:41:35

LE MONDE | 10.07.2012 10h55 Mis jour le 10.07.2012 10h55

Par Audrey Tonnelier

Les Cassandre qui voyaient les sp culateurs attaquer l'Hexagone au lendemain de la victoire de Fran ois Hollande en sont pour leurs frais. Deux mois apr s l'arriv e au pouvoir du gouvernement socialiste et six mois apr s que Paris a perdu son triple A, non seulement les investisseurs n'ont pas fait grimper les taux des emprunts d'Etat, mais... ils sont pr ts perdre de l'argent pour pr ter la France.

Lundi 9 juillet, Paris a plac pr s de 6 milliards d'euros d'obligations trois et six mois des taux d'int r ts n gatifs - respectivement - 0,005 % et - 0,006 %. Les investisseurs r cup reront l' ch ance moins que ce qu'ils ont pr t la France ! "Quand vous placez vos bijoux dans un coffre-fort, vous tes pr ts payer pour cela", r sume un haut fonctionnaire europ en.

"CONFIANCE"

La France, malgr une dette qui atteindra 90,5 % du produit int rieur brut (PIB) fin 2012, ferait donc figure de havre de paix sur les march s ? Dans une zone euro en pleines turbulences financi res, tout est question de comparaison. "Certains fonds de pension oblig s d'investir en euros ne veulent prendre aucun risque, ils ciblent les pays qui leur inspirent le plus confiance", explique Frederik Ducrozet, conomiste au Cr dit agricole CIB. Parmi ceux-ci, on trouve l'Allemagne, qui sa r putation d'orthodoxie financi re conf re le statut de valeur refuge par excellence. Mais aussi la Finlande, les Pays-Bas et l'Autriche. Face ces petits pays, la dette hexagonale, par sa taille, pr sente l'avantage de la liquidit - les obligations sont plus faciles acheter et vendre.

Sur des ch ances plus longues, Paris paie encore pour s'endetter mais un prix tr s bas. Les taux des emprunts fran ais dix ans approchent les 2,4 % sur le march secondaire, o s' change la dette d j mise. Bien loin des 3,75 % pr vus dans le projet de loi de finance 2012, ou m me des 2,83 % atteints la veille de l' lection pr sidentielle. Sans parler des 7 % que les march s exigent de l'Espagne...

Le basculement des taux en territoire n gatif serait donc une bonne nouvelle ? Pas si s r. L'absence de paiement d'int r ts est appr ciable sur le plan comptable, mais marginale. En revanche, elle illustre l' cart grandissant qui se creuse en zone euro, signe de la profonde d stabilisation du Vieux Continent.

Toujours prompts tacler Paris, les ditorialistes du Wall Street Journal y voient un autre danger : que M. Hollande lise cette baisse des taux comme un blanc-seing des march s sa politique actuelle. Et ne juge pas n cessaire d'engager le pays dans de nouvelles r formes.

Audrey Tonnelier