2011-10-07 12:12:26
Hier Bruxelles, les Vingt-Sept se sont mis d accord sur le principe de renflouer les tablissements en difficult s. Sans encore voquer de contreparties.
Par NATHALIE RAULIN, JEAN QUATREMER BRUXELLES (UE), de notre correspondant
Panique bord : apr s des mois de d ni, les gouvernements europ ens, secou s par l effondrement de la banque franco-belge Dexia, admettent enfin qu il y a un norme probl me bancaire sur le continent. Hier, Bruxelles, Angela Merkel a reconnu qu il est justifi , s il y a un constat commun que les banques ne sont pas assez capitalis es, que l on proc de ( une recapitalisation), compte tenu de la situation actuelle sur les march s financiers . En clair, pas question de croiser les doigts en esp rant que la confiance revienne, comme voulait le faire Paris. Pour les march s, il est important qu on aboutisse des r sultats, a martel Merkel. Le temps presse et donc il faudrait que cela se fasse vite.
Olli Rehn, le commissaire charg des affaires conomiques et mon taires, a pour sa part annonc , dans un entretien au Financial Times, que les Vingt-Sept pr paraient un plan destin renflouer les banques qui en ont besoin : Il y a un sentiment d urgence parmi les ministres des Finances. [ ] Le capital des banques europ ennes doit tre renforc afin de leur donner une marge de s curit et ainsi de r duire l incertitude , sur les march s. Ce n est pas encore un Plan Marshall pour les banques, mais a commence y ressembler.
Incendie. Les r unions des dirigeants europ ens vont s acc l rer ces prochains jours, non seulement pour enrayer l incendie bancaire qui menace, mais aussi pour essayer d apporter une r ponse globale la crise de la dette souveraine : r union de la BCE aujourd hui Berlin, sommet franco-allemand dimanche, toujours Berlin, puis Conseil europ en des chefs d Etat et de gouvernement les 17 et 18 octobre Cette fois, les capitales europ ennes semblent d termin es viter la cacophonie de l automne 2008, lorsque l Irlande avait garanti sans avertir personne les d p ts de ses pargnants, ce qui avait d clench une belle panique. Ce devra tre un mouvement ordonn , transparent et galitaire dans toute la zone , indique l Elys e.
Merkel insiste aussi pour que la recapitalisation se fasse selon des crit res communs . Si l on renforce les banques, ce ne sera pas parce qu elles sont intrins quement malades, mais parce que l on n arrive pas r soudre la question de la dette de la Gr ce. Il s agit de t moigner d une volont collective de stabilisation du syst me financier europ en , insiste l Elys e. Pourtant, la crise bancaire de 2007 est loin d avoir t r solue, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, comme le montre l affaire Dexia, affirme Nicolas Veron, du centre de r flexions Bruegel. Certes, depuis, elle s est transform e en crise de la dette et d sormais les deux s entretiennent r ciproquement : c est parce que les march s doutent de la solvabilit des Etats qu ils doutent de la solidit des banques. Mais, selon Veron, le probl me va bien au-del d une question de confiance des march s : Il faut qu une autorit ind pendante soit charg e d identifier les maillons faibles, car il y en a, et qu elle puisse les traiter en les
recapitalisant ou en les restructurant.
Car pour l instant, les comptes des banques sont pleins de zones d ombre que les stress tests de juillet n ont pas permis de lever. En particulier, les tablissements fran ais souffrent, aux yeux des march s, d avoir conserv un effet de levier trop lev dans leur bilan : ainsi, le total de bilan de BNP Paribas repr sente 27 fois ses fonds propres et ce multiple s l ve plus de 50 pour la Soci t g n rale. En comparaison, les principales banques am ricaines affichent un ratio moyen de 10. Pour s aligner, p rim tre constant, les banques europ ennes devraient augmenter leurs fonds propres de 360 milliards d euros
Prix d Ami. La recapitalisation qui s annonce et dont on ignore le montant fera appel soit des investisseurs priv s, soit de l argent public, soit des fonds europ ens. En effet, le Fonds europ en de stabilit financi re pourra, dans sa nouvelle mouture, qui devrait entrer en vigueur la fin du mois, pr ter de l argent aux Etats afin de les aider recapitaliser leurs banques. Les Europ ens cherchent actuellement les moyens de d multiplier son action en cr ant un effet de levier .
En attendant que le m nage soit fait, la BCE ne reste pas inactive. Le syst me peut imploser chaque instant, puisque le march interbancaire est paralys . La situation est aussi tendue qu au d but de la crise des subprimes, (ao t 2007), ou au lendemain de la faillite de Lehman Brothers (septembre 2008) : les tablissements financiers ne se pr tent plus d argent de peur de ne pas le r cup rer. La BCE inonde donc nouveau de liquidit s le march : depuis le d but de la crise, elle accorde des pr ts taux fixe (et donc prix d ami) trois mois et sans plafond aux banques commerciales. Mieux : elle a annonc qu elle allait passer des dur es de six mois et peut- tre, demain, d un an. Reste savoir si les opinions publiques accepteront ce second sauvetage sans que les banques en payent le prix. Jean-Claude Trichet, pr sident de la BCE, a d j averti que nos d mocraties ne pourraient accepter un nouveau plan d aide aux banques de m me ampleur qu en 2008 sans contreparties .