2011-03-08 13:44:18
Soci t 07/03/2011 20h09 (mise jour le 08/03/2011 10h36)
Pourquoi ne pas inciter les hommes occuper des emplois dits f minins?
Recueilli par Marie Piquemal
Eni me 8 mars, ni me journ e de la femme, et toujours les m mes constats: au travail comme la maison, les in galit s entre les sexes sont toujours aussi clatantes. Et si l' galit professionnelle passait par les hommes? C'est l'une des th ses de Rachel Silvera, conomiste et ma tre de conf rence Paris X. Elle publie une tude sur le sujet (ici en PDF) avec Fran ois Fatoux, d l gu g n ral de l'observatoire sur la responsabilit sociales des entreprises.
Vous abordez la question de l' galit entre les sexes dans l'entreprise en partant de la situation des hommes. Plut t tonnant, pourquoi?
On a tendance toujours focaliser le d bat sur les femmes au risque de renforcer les in galit s. D'o l'enjeu d'aborder la mixit l'envers en s'int ressant la place des hommes dans l'entreprise et aux r les qu'ils occupent. Nous partons du principe qu'une v ritable galit professionnelle et personnelle suppose galement une implication des hommes dans la lutte contre les st r otypes. En incitant par exemple les hommes occuper des emplois dits pr pond rance f minine.
Avec un syst me de quota?
L'enjeu n'est pas de parvenir une mixit parfaite dans les emplois occup s, bien videmment. Mais je pense qu'on peut faire reculer les id es re ues en quilibrant un peu les choses. Il n'y a pas de comp tences dites f minines, tout s'apprend. Des hommes peuvent tr s bien occuper des fonctions de secr taires ou d'aides domicile. C'est comme le nettoyage ou la garde d'enfant. Il n'y a pas de raison objective que ces m tiers soient occup s plus de 70% par des femmes. Renforcer la mixit devrait passer aussi par une revalorisation de ces emplois, souvent mal r mun r s et pas reconnus leur juste valeur.
Vous avez pass la loupe quelque 165 accords d'entreprises sur l' galit professionnelle. Combien en existe-t-il en tout? Que dit la loi?
Entre les textes et la r alit , c'est le grand cart. En principe, depuis 2001, la loi oblige toutes les entreprises de plus de cinquante salari s n gocier sur la question de l' galit homme-femme. Et m me avant cette date, les entreprises sont cens es, depuis 1983, faire un rapport avec des donn es sexu es sur le poste occup , le salaire, les promotions... Mais aujourd'hui, on consid re que seulement une entreprise sur deux respecte cette obligation l gale ! Quant aux ventuels accords d'entreprise, m me quand ils existent, on n'y a pas forc ment acc s. En principe, ils devraient tre transmis l'inspection du travail. Mais ce n'est pas toujours le cas. Il y aurait en tout quelque 1500 accords sign s mais je n'ai eu acc s qu' 165 d'entre eux r colt s et publi s sur le site de l'observatoire sur la responsabilit sociales des entreprises.
Que ressort-il de votre tude? Les entreprises commencent-elles int grer cette logique de mixit ?
Il y a plusieurs degr s d'engagement des entreprises pour favoriser le sexe sous-repr sent , des d clarations de bonne intention l'envoi d'un salari masculin pour repr senter la profession d'assistant de direction dans un forum pour l'emploi. A c t de ce combat, il y a aussi celui de la parentalit . Arr ter de focaliser sur la maternit et consid rer les salari s hommes comme des p res aussi. Les discours commencent changer, on le voit avec des actions tr s concr tes et ponctuelles (porte ouverte la cr che pour les p res, etc.)
Laurence Parisot voquait vendredi l'id e de rendre obligatoire le cong paternit . Une bonne chose ?
C'est surtout une mesure d'affichage. Aujourd'hui, plus de 70% des p res prennent ces onze jours de cong apr s la naissance de leur enfant. Et ce chiffre est vou augmenter si le cong est totalement financ . Le rendre obligatoire ne me semble pas la priorit . Sur le plan symbolique, c'est peut- tre une avanc e, mais il y a bien plus urgent: remettre plat le cong parental, tr s mal r mun r et trop long (jusqu' trois ans). On le sait, ce sont les plus pr caires qui prennent les cong s les plus longs avec un risque tr s fort de ne pas se r ins rer sur le march du travail. Je suis favorable un cong plus court, d'un an maximum, avec six mois pour la m re et six mois pour le p re.