Chaque jour est pareil. Ces derniers temps
encore plus, ce mal me galvanise jusqu'à rendre
tout plaisir instantané fade. Que je sois malade
ou en pleine forme, j'ai toujours l'impression
que je vais tomber dans les bras du seigneur d'un
jour à l'autre. Ou dans les pommes, les bras du
sol goudronné, ça ferait un peu plus mal. Cette
similarité des jours me force à me mettre des
objectifs, des petits paliers. Qui à leur tour
deviennent barbants et me donnent envie de
pouvoir changer de corps, de ne plus me sentir
"léger" constamment, tout s'est tellement mélangé
que je ne sais plus décrire quand je suis malade,
quand je vais bien, ou quand je suis juste moyen.
Cette banalité barbante couplée aux problèmes
cités dans les deux articles précédents me mènent
vers une vie peu joyeuse, mais dont je ne peux
même pas avoir le plaisir de me plaindre, je ne suis
pas gravement handicapé physiquement, j'ai assez
d'argent pour m'épanouir, etc. Encore une fois,
cette incapacité à se plaindre couplée aux
problèmes cités dans le premier article rend ma
capacité à avoir de l'empathie pour autrui fort
limitée, le plaisir de vivre en métropole est
quand même présent comparé à beaucoup de pays.
Finalement, la seule satisfaction que j'ai est
le dessin, c'est durable, j'en suis fier deux
mois après l'avoir réalisé autant que sur le
coup, c'est quelque chose de tangible, même si
l'engouement des gens vis-à-vis de ce que je
fais pourrait rendre mon égo surdimensionné
perplexe. Le reste n'est qu'une habitude sans
réelle progression, sans accomplis, sans
gratification.
Je pense que les jeux vidéos m'ont éduqué à
attendre une gratification quand je fais quelque
chose de positif. Je pense que c'est le cas de
beaucoup de gens qui ont moins de 60 ans et qui
ont grandi avec le medium vidéoludique, le
problème, c'est que ce principe de bonne action
- récompense ne marche pas dans la vie de tous
les jours. C'est comme les surveillants ou les
maîtres et maîtresses qui disaient d'être gentils
avec les filles, avec cette logique couplée à
cette éducation, ces personnes ont créé une meute
de gens prétentieux qui s'attendent à être
remerciés pour la moindre bonne action.
Sois gentil avec les autres et ils seront gentils
avec toi, pour avoir subi vite fait un harcèlement
léger tout en étant l'élève exemplaire qui était
gentil avec tout le monde, je pourrais dire que ça
ne marche pas exactement comme ça. On t'apprend à
te morfondre dans la masse pour mieux te contrôler,
pas pour que ta situation s'améliore.
Petit aparté fini, revenons à notre banalité;
le fait que cette routine soit fade, me force à
vouloir créer des renversements qui pourraient
transformer cette banalité en quelque chose de plus
agréable (le fait d'aller se promener, par exemple),
je préfère essayer sans préalable afin de rendre tout
plus intéressant, même si, je dois l'avouer, ça peut
le rendre plus frustant pour les autres gens qui sont
autour de moi (aaah vivement la vie d'adulte
indépendant qui pollue pour aller se promener).
Je pense que c'est assez de philosophage sur la banalité
du quotidien. Au revoir.
FIN.