Se faire palper lentement jusqu'au malaise le
plus complet, voir un personnage animé se faire
étirer jusqu'à ce qu'il soit démembré, voyager
sur une route qui se répète x fois jusqu'à ne
plus avoir de forme concrète et devenir un objet
abstrait qui se meut dans un espace liminal,
explorer un hall d'entrée où les textures des murs
ont été "datamoshés" avec de l'eau. Toutes ces
expériences me sont arrivées les yeux ouverts,
lorsque mon imagination décide de passer le pas et
de prendre les commandes de mon esprit. Toutes m'ont
été utiles et elles sont toutes une facette
intéressante et d'un certain point de vue exploitable
de mon esprit. Exploitable voulant dire que je peux
lancer certaines hallucinations avec un thème plus
ou moins précis, vivre l'expérience, et me retrouver
avec de l'inspiration pour créer (même si souvent,
c'est beaucoup trop irréel pour pouvoir le représenter
et je suis le seul à avoir le bonheur ou malheur de
vivre ces moments)
Si mes dessins sont si spéciaux à mes yeux, c'est qu'ils
sont les seuls qui arrivent à représenter une
hallucination que l'on pourrait vivre, tout le reste reste
trop fictif, trop faux, pas assez complexe voire pas assez
surréel. J'arrive à capturer des dizaines de secondes
d'hallucinations à haute vitesse dans un seul dessin grâce
à la densité que j'emploie, et étant donné que ces
hallucinations sont mille fois plus excitantes que ce que
j'ai pu vivre ou voir dans la "vraie" vie, arriver à
attraper cette sensation et la retranscrire, est vraiment
un fait qui m'étonne chaque fois que je regarde un dessin
que je suis en train de finir.
Les hallucinations, décuplées avec mon imagination,
peuvent être un mal fort mais aussi un bonheur intense,
je ne verrais jamais un film, un court-métrage, une
animation qui arrivera au niveau de ces hallucinations.
À vrai dire, d'après mes connaissances, le terrain de
la retranscription d'hallucinations visuellement ou
auditivement est, assez rare, retranscrire les rêves
marche pour Dvar, marchait pour Beksiński mais peu
s'aventurent dans ces rêves conscients, plus
mouvementés, plus aggressifs, plus contemplatifs.
J'espère qu'au fil des années, j'arriverai à créer
des images qui seront à la hauteur de ce que je vois.
En écrivant cet article, le bas de mon corps est en
train de se déplacer alors que je suis immobile. Je
tourne. Tout bouge.