--|Texte pessimiste et sans trop de fondements|--

--|Couteau et moustiques, 2022-11-15|--

Le monde ne vaut rien. Il est corrompu par principe. Il ne peut être bon car

il a été créé mauvais et il restera mauvais jusqu'à sa fin. Les points positifs

sont mineurs face aux points négatifs qui entourent nos vies. Les points positifs

sont là pour combler un manque créé par un point négatif autre. Si tout était

parfait, il n'y aurait point de points positifs, point de points négatifs,

uniquement du correct, de l'acceptable. Les gens autour de nous sont des boules à

réconfort autour desquelles nous orbitons afin de happer leur vivacité pour mieux

finir. Des boules jetables, ex oubliés, amis d'enfance abandonnés, que l'on

recroise parfois au coin d'une rue, en voiture ou dans le train. Nous sommes tout

aussi jetable à leurs yeux, ils nous oublient après le moindre écart physique, la

moindre chose qui pourrait déranger notre relation qui aurait pu être fusionnelle;

les amants s'oublient le long du long courant de leur longue vie. Nous gardons un

faux contact avec certains par correspondance, par réseau tiers, par conversation

vocale, par VOIP. Ces contacts se terminent avec l'abandon de l'ordinateur, avec

la fermeture du site, avec la fermeture du navigateur, avec le bannissement, avec

la contrainte subie par autrui, avec l'isolement. Vos amis d'Internet ne vont

pas pouvoir aller jusque chez vous (dans la très grande majorité des cas) pour

vous demander si vous allez bien, si vous avez besoin de quelque chose, ou si vous

pouvez passer un moment avec eux. Ils vont se dire que c'est étrange, cette

absence prolongée depuis plusieurs semaines, ce ghosting perpétuel, cette

disparition totale au sein de la foule. Comme beaucoup de gens sur Internet, j'ai

usé de cette particularité à mon avantage, en disparaissant comme j'étais apparu,

en disant :

Bonne soirée, à demain !

Et pouf, je désactive tous les comptes liés à mon pseudonyme, je change tout, je

disparais. Personne n'était suffisament attaché à moi pour m'attendre ou me

chercher de toute façon. J'ai passé des moments chaleureux mais bel et bien futiles

avec des gens sur Internet, avec de faux amis, avec des amis qui disparaissent d'un

jour à l'autre, avec des gens dont on connaissait la véritable identité seulement

parce qu'ils n'étaient pas assez aguerris pour pouvoir bien la cacher. Des gens

qui, à leur tour, ont disparu, de force ou de gré, ont supprimé tous liens qu'ils

avaient, tout en étant bien plus connus que moi, pourtant, personne ne va chercher

ces personnes-là, ne va tisser de liens réels tout en restant parfaitement virtuels

(garder une connection purement virtuelle, mais assez attachante pour que ça dépasse

un simple

Où est-il passé ? Qu'advient-il de lui ces derniers temps ?

Tout simplement car cette connection qui s'est formée au fil des mois qui ont trainé

leurs pieds au sein des maisons des participants, elle n'était que fumée, tout comme

les amis que vous avez au collège ou au lycée. Une fumisterie qui vous cache votre

besoin de réconfort, votre besoin d'avoir une boule anti-stress près de vous afin de

vous calmer quand vous avez des situations difficiles, quand vous avez des moments

tristes, afin de vous aider à tenir le long de ce grand chemin. Tel un moustique,

vous vous servez de votre hôte pour tenir quelque temps en plus, pour pouvoir rester

lucide quelques mois supplémentaires. Les relations familiales ne sont pas plus

productives, elles sont présentes uniquement parce que ça arrange quelqu'un, si

aucun des participants ne veut être présent et qu'il n'est pas forcé par une force

externe, il n'y aura point de réunion familiale, point de dîner près de la cheminée,

le jour sacré, à la fin de cette belle année. Je vais enfin accoucher, les relations

humaines sont égoïstes, je ne pense pas ici, faire une découverte quelconque mais, il

me semble important de le rappeler étant donné que certains se sentent pousser des

aîles lorsque ils sont avec leurs camarades, avec leur meute, alors qu'ils ne sont que

de pathétiques moustiques, des parasites bloqués dans un grand aquarium qui restent là

à s'entre-sucer. Bonheur passager probable, mais plutôt que de se laisser planer dans

une belle illusion, autant rester les pieds collés au sol. La meute parfois se laisse

engraisser et prend des allures de géant tapageur qui culbute tout sur son chemin, les

excentriques qui se meuvent autour des Stars avec un grand S, qui forment des ligues de

protection et d'attaque, qui lient des liens profonds, et qui sont prêts à les briser

au moindre faux signal. Elles deviennent dangereuses pour elles-mêmes, pour le protégé,

pour les ennemis, et pour les innocents. Pris au piège, ces innocents se font marcher

dessus, n'ayant pas assez de conviction pour répliquer et se laissent prendre la place

par des gens animés par des phrases à accroches, par des idoles qu'ils tiennent pour

bénies et qu'ils chatieront si elles osent désobéir à leur cadran idéologique. Ce qui

reste évident c'est que sur les faux endroits de contact, l'omniprésence de personnes

animées par des phrases à accroches n'est pas exactement à prouver. (En tous cas, si

vous observez les mêmes canaux que moi en termes de réseaux, Mastodon en est truffé)

Mais leurs effets négatifs sont peut-être eux, encore à démontrer, mais il y a quelques

petits exemples que je vais citer pour vous montrer et ils sont les suivants :

En fait, les phrases à accroches n'ont pas de grands défauts mais plein de petits qui

desservent leur but initial. Un problème plus absurde, c'est l'aspect plouc que l'on a

face à quelqu'un qui ne connaît pas la phrase en question si on s'amuse à la répéter en

l'air et à rigoler tout seul. Étant donné que l'on a pas tendance à être ouvert envers

les gens contre qui on a un apriori négatif, on peut facilement faire l'erreur de

vouloir se moquer de quelqu'un qui a l'air d'un pauvre plouc qui s'amuse à faire des

références à quelque chose de tout à faire marginal jusqu'à ce qu'on se rende compte que

c'est nous le marginal et que ses références sont tout à fait établies et acceptées par

les "autorités" culturelles. Alors on va faire copain-copain avec celui qui n'était qu'un

pauvre imbécile les quatre secondes précédant celle-ci, on va la jouer poli, on va

s'agglomérer pour mieux le sucer et gagner en ferveur sociale. La popularité sociale,

encore un enjeu capital pour la vie d'un nématocère ordinaire qui va prendre l'air avec

son partenaire de suçage intensif, il faut effectivement faire monter son score social à

chaque occasion, mentir tant qu'à y être.

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