2018-08-21 10:52:18
La plupart des fromages contiennent du sel et des graisses saturées, mais sont
aussi riches en protéines et en calcium. Bon ou mauvais pour la santé ?
Alexandra Hansen et Lionel CavicchioliThe ConversationFrance Télévisions
Mis à jour le 21/08/2018 | 11:21
publié le 21/08/2018 | 11:21
Tout le monde ou presque aime manger un sandwich au fromage, ou déguster un
morceau de Comté accompagné d’un verre de bon vin. Mais le fromage est-il
compatible avec un régime sain, comme certains indices semblent le suggérer ?
La plupart des fromages contiennent du sel et des graisses saturées, mais sont
aussi riches en protéines et en calcium. Alors, quel est le verdict ? Nous
avons demandé à cinq experts si le fromage est mauvais pour notre santé. Cinq
experts sur cinq affirment que non.
Clare Collins, nutritionniste
À part si vous souffrez d’intolérance au lactose ou d’allergie aux protéines de
lait, manger du fromage n’est pas incompatible avec le fait d’être en bonne
santé. C’est une façon plutôt savoureuse d’augmenter vos apports en protéines,
en calcium et en vitamines B12.
En Australie, le gouvernement, via ses Directives diététiques, conseille
d’ailleurs de consommer des produits laitiers deux à trois fois par jour (et
même jusqu’à quatre fois par jour pour les femmes âgées de plus de 50 ans). Les
portions recommandées sont d’environ 40 grammes (soit la taille d’une boîte
d’allumette), et peuvent être constituées de produits allégés, afin de limiter
l’apport calorique [en France, les recommandations sont un peu différentes,
quoique globalement similaires].
Actuellement, l’impact de la consommation de fromage sur les risques
cardio-vasculaires n’a pas encore été étudié de façon adéquate. Une revue de
littérature datant de 2018 a toutefois identifié quatre publications
scientifiques dont les auteurs se sont penchés sur la question. Leurs résultats
indiquent que lorsque la consommation de fromage augmente, le risque de maladie
cardio-vasculaire est moins important. Consommé régulièrement et avec
modération, le fromage est donc compatible avec la bonne santé.
Evangeline Mantzioris, diététicienne
Les différents éléments nutritifs contenus dans le fromage doivent être pris en
compte. La plupart d’entre eux − calcium, protéines et graisses saturées − sont
également présents dans d’autres produits laitiers. Le calcium est important
car il réduit le risque d’ostéoporose, tandis que les protéines sont requises
pour la fabrication et la réparation des tissus. Ces deux éléments sont sources
de bénéfices évidents pour notre santé. Les graisses saturées contenues dans le
fromage sont, de leur côté, plus controversées, notamment par rapport à leur
rôle potentiel dans le développement des maladies cardio-vasculaires.
Néanmoins, le consensus qui se dégage des études menées à grande échelleest que
le fromage est un aliment neutre - c’est-à-dire qu’il n’a ni effet positif, ni
négatif.
Le fromage est également un aliment fermenté, qui contient donc des bactéries
ou des levures, lesquelles contribuent à maintenir les microbiomes en bonne
santé. Il faut toutefois se souvenir qu’une portion de fromage (40 g)
représente environ 500 à 650 kJ (kilojoules). En conséquence, mieux vaut suivre
les préconisations, soit trois portions de produits laitiers par jour, fromage
inclus - si vous l’aimez. Et si vous essayez de perdre du poids ou avez déjà
des problèmes cardio-vasculaires, consultez votre médecin.
Rebecca Reynolds, nutritionniste
Le fromage est un bon aliment. C’est, pour les omnivores comme pour les
végétariens, une importante source de nutriments bénéfiques tels que le
calcium. Un tiers des Australiens consomme du fromage principalement à pâte
dure, comme le cheddar [l'Australie se situe loin derrière la France en kg de
fromage par habitant et par an]. Les produits laitiers et leurs substituts
(comme les fromages à base de soja) font partie des principaux groupes
d’aliments recommandés dans les Directives diététiques australiennes, même s’il
est conseillé, dès l’âge de deux ans et au-delà, de consommer de préférence des
versions allégées en matière grasses (telles que le cheddar allégé - bien que,
dans les faits, seuls 15 % du fromage consommé en Australie soit allégé).
Cette recommandation s’explique parce que les matières grasses sont riches en
énergie (or un bon nombre d’entre nous est déjà en surpoids), et parce qu’une
grande partie des graisses du fromage sont saturées : il s’agit donc de «
mauvais » gras. Toutefois, certains indices suggèrent que les produits laitiers
sont en fait soit neutres, soit bénéfiques à la santé cardiaque. Ce qui
concerne aussi les produits non allégés.
Le fromage contient également beaucoup de protéines, dont notre corps a besoin.
Parmi ses défauts figurent son importante teneur en sel, les risques
d’intoxication alimentaires que certaines variétés font courir aux femmes
enceintes, ainsi que les questions éthiques liées à sa production (bien-être
des vaches et des veaux, émissions de gaz à effet de serre et juste
rémunération des producteurs).
Regina Belski, diététicienne
Le fromage peut faire partie d’un régime alimentaire sain. Néanmoins, toutes
les variétés ne se valent pas, et il n’est pas indispensable de dévorer un Brie
entier en une seule fois. Selon les Directives diététiques australiennes, une
portion correspond environ à 40 g de fromage à pâte dure comme le cheddar, et à
environ 120 g de ricotta. La prochaine fois que vous serez au supermarché,
prenez trois fromages différents, et lisez leurs étiquettes, afin de déterminer
leurs ingrédients. Quelle quantité de sel, de graisses saturées et de calcium
contient chacun d'entre eux ? Choisissez ensuite le meilleur des trois - celui
qui contient le plus de calcium, le moins de sel, le moins de graisses
saturées. Et appréciez-le, avec modération.
Yutang Wang, expert en biomédecine
Le fromage est l’un des plus anciens aliments consommés par l’Homme. Il fait
partie de notre régime alimentaire depuis plusieurs milliers d’années. Il est
riche en protéines et en graisses, lesquelles fournissent à notre corps des
éléments de construction importants (les acides aminés et les acides gras). Le
fromage contient aussi d’autres ingrédients essentiels, parmi lesquels des
vitamines et des minéraux, nécessaires pour rester en bonne santé.
Jusqu’ici, aucune étude n’a établi de lien entre consommation de fromage et
maladie cardio-vasculaire. Si l’on sait que les acides gras trans d’origine
industrielle augmentent le risque de développer ces maladies, ce n’est pas le
cas des acides gras trans naturels contenus dans le fromage. Bien que ce
dernier contienne des graisses saturées, nous ne sommes actuellement pas
certains que celles-ci bouchent les artères. Toutefois, même si le fromage en
lui-même n’est pas mauvais pour nous, mieux vaut éviter d’en consommer lorsque
l’on voyage dans des pays où la tuberculose est endémique et où la
pasteurisation n’est pas assurée (comme au Nigéria par exemple).