LE MONDE | 19.05.08 | 17h40 Mis jour le 19.05.08 | 17h40
STOCKHOLM CORRESPONDANCE
Est-ce la fin de l'exception su doise en mati re d'extr me droite ? Selon un
sondage r cent, Sverigedemokraterna (SD, les d mocrates de Su de) est pour la
premi re fois en passe de franchir la barre des 4 % n cessaires pour faire son
entr e au Parlement.
"Jusqu' pr sent, c'est la gauche qui avait t nationale en Su de, explique le
politologue Stig-Bj rn Ljunggren. Elle concentrait la protestation l'Union
europ enne (UE) et la globalisation." Des experts avaient m me accus le
Parti social-d mocrate, en 2002, d' tre hostile aux immigr s, expliquant du
coup l'absence de mouvement d'extr me droite de type Front national.
En 2003, en plein d bat sur l'afflux attendu de travailleurs baltes apr s leur
adh sion l'Union europ enne, le premier ministre social-d mocrate G ran
Persson avait pr n une approche restrictive aux fronti res, voquant "les
touristes sociaux" qui mineraient l'Etat-providence.
Aujourd'hui, si SD se repose toujours sur un discours anti-immigr s classique
pour l'extr me droite, il s'empare galement de la rh torique de la d fense de
l'Etat-providence : cette tactique a fait le succ s du Parti du peuple danois,
le mouvement d'extr me droite voisin, qui a r ussi depuis 2001 servir de
force d'appoint parlementaire indispensable au gouvernement lib ral
conservateur d'Anders Fogh Rasmussen. Au point que la presse se demande si SD,
qui recrute ses lecteurs parmi les jeunes hommes peu duqu s exclus du march
du travail, n'est pas devenu un "parti de gauche". "SD tente de voler les th
mes chers aux sociaux-d mocrates", note M. Ljunggren.
EXCLUSIONS ET SCISSIONS
Cr il y a vingt ans, SD s'est efforc depuis le milieu des ann es 1990
d'exclure les sympathisants nazis et les f tichistes de l'uniforme qui fr
quentaient ses r unions. Il a aussi t secou par des conflits de personnes
qui ont conduit des d parts voire des scissions, comme en 2001 quand s'est
cr un nouveau parti encore plus radical, les d mocrates nationaux.
A quelques exceptions pr s, les partis traditionnels ont choisi d'ignorer les
repr sentants de l'extr me droite su doise. Mais ces derniers, priv s de caisse
de r sonance nationale, ont patiemment tiss leur toile dans les campagnes et
les petites villes, ce qui leur permet d' tre repr sent s dans la moiti des
conseils municipaux du royaume depuis l'automne 2006, date des derni res
lections municipales et l gislatives. SD avait obtenu alors 2,9 % au niveau
national, son meilleur score. On avait alors d j parl , l'aune su doise,
d'une perc e lectorale. Dans un syst me qui repose sur deux blocs, l'extr me
droite pourrait jouer les trouble-f te.
Olivier Truc
Article paru dans l' dition du 20.05.08.