Hier Bruxelles, les Vingt-Sept se sont mis d accord sur le principe de
renflouer les tablissements en difficult s. Sans encore voquer de
contreparties.
Par NATHALIE RAULIN, JEAN QUATREMER BRUXELLES (UE), de notre correspondant
Panique bord : apr s des mois de d ni, les gouvernements europ ens, secou s
par l effondrement de la banque franco-belge Dexia, admettent enfin qu il y a
un norme probl me bancaire sur le continent. Hier, Bruxelles, Angela Merkel
a reconnu qu il est justifi , s il y a un constat commun que les banques ne
sont pas assez capitalis es, que l on proc de ( une recapitalisation), compte
tenu de la situation actuelle sur les march s financiers . En clair, pas
question de croiser les doigts en esp rant que la confiance revienne, comme
voulait le faire Paris. Pour les march s, il est important qu on aboutisse
des r sultats, a martel Merkel. Le temps presse et donc il faudrait que cela
se fasse vite.
Olli Rehn, le commissaire charg des affaires conomiques et mon taires, a pour
sa part annonc , dans un entretien au Financial Times, que les Vingt-Sept pr
paraient un plan destin renflouer les banques qui en ont besoin : Il y a un
sentiment d urgence parmi les ministres des Finances. [ ] Le capital des
banques europ ennes doit tre renforc afin de leur donner une marge de s curit
et ainsi de r duire l incertitude , sur les march s. Ce n est pas encore un
Plan Marshall pour les banques, mais a commence y ressembler.
Incendie. Les r unions des dirigeants europ ens vont s acc l rer ces prochains
jours, non seulement pour enrayer l incendie bancaire qui menace, mais aussi
pour essayer d apporter une r ponse globale la crise de la dette souveraine :
r union de la BCE aujourd hui Berlin, sommet franco-allemand dimanche,
toujours Berlin, puis Conseil europ en des chefs d Etat et de gouvernement
les 17 et 18 octobre Cette fois, les capitales europ ennes semblent d termin
es viter la cacophonie de l automne 2008, lorsque l Irlande avait garanti
sans avertir personne les d p ts de ses pargnants, ce qui avait d clench une
belle panique. Ce devra tre un mouvement ordonn , transparent et galitaire
dans toute la zone , indique l Elys e.
Merkel insiste aussi pour que la recapitalisation se fasse selon des crit res
communs . Si l on renforce les banques, ce ne sera pas parce qu elles sont
intrins quement malades, mais parce que l on n arrive pas r soudre la
question de la dette de la Gr ce. Il s agit de t moigner d une volont
collective de stabilisation du syst me financier europ en , insiste l Elys e.
Pourtant, la crise bancaire de 2007 est loin d avoir t r solue, que ce soit
aux Etats-Unis ou en Europe, comme le montre l affaire Dexia, affirme Nicolas
Veron, du centre de r flexions Bruegel. Certes, depuis, elle s est transform e
en crise de la dette et d sormais les deux s entretiennent r ciproquement : c
est parce que les march s doutent de la solvabilit des Etats qu ils doutent de
la solidit des banques. Mais, selon Veron, le probl me va bien au-del d une
question de confiance des march s : Il faut qu une autorit ind pendante soit
charg e d identifier les maillons faibles, car il y en a, et qu elle puisse les
traiter en les recapitalisant ou en les restructurant.
Car pour l instant, les comptes des banques sont pleins de zones d ombre que
les stress tests de juillet n ont pas permis de lever. En particulier, les
tablissements fran ais souffrent, aux yeux des march s, d avoir conserv un
effet de levier trop lev dans leur bilan : ainsi, le total de bilan de BNP
Paribas repr sente 27 fois ses fonds propres et ce multiple s l ve plus de
50 pour la Soci t g n rale. En comparaison, les principales banques am
ricaines affichent un ratio moyen de 10. Pour s aligner, p rim tre constant,
les banques europ ennes devraient augmenter leurs fonds propres de 360
milliards d euros
Prix d Ami. La recapitalisation qui s annonce et dont on ignore le montant fera
appel soit des investisseurs priv s, soit de l argent public, soit des
fonds europ ens. En effet, le Fonds europ en de stabilit financi re pourra,
dans sa nouvelle mouture, qui devrait entrer en vigueur la fin du mois, pr
ter de l argent aux Etats afin de les aider recapitaliser leurs banques. Les
Europ ens cherchent actuellement les moyens de d multiplier son action en cr
ant un effet de levier .
En attendant que le m nage soit fait, la BCE ne reste pas inactive. Le syst me
peut imploser chaque instant, puisque le march interbancaire est paralys .
La situation est aussi tendue qu au d but de la crise des subprimes, (ao t
2007), ou au lendemain de la faillite de Lehman Brothers (septembre 2008) : les
tablissements financiers ne se pr tent plus d argent de peur de ne pas le r
cup rer. La BCE inonde donc nouveau de liquidit s le march : depuis le d but
de la crise, elle accorde des pr ts taux fixe (et donc prix d ami) trois
mois et sans plafond aux banques commerciales. Mieux : elle a annonc qu elle
allait passer des dur es de six mois et peut- tre, demain, d un an. Reste
savoir si les opinions publiques accepteront ce second sauvetage sans que les
banques en payent le prix. Jean-Claude Trichet, pr sident de la BCE, a d j
averti que nos d mocraties ne pourraient accepter un nouveau plan d aide aux
banques de m me ampleur qu en 2008 sans contreparties .