Un tour op rateur tente l'aventure dans la dictature asiatique. T moignage.
21 MARS 2011
Tr s loin du tourisme de masse qui s'est d vers dans les hauts lieux culturels
ou baln aires en Asie, d'Angkor Wat Phuket, Nicholas Bonner emm ne au
compte-goutte des voyageurs en Cor e du Nord, le pays le plus reclus de la plan
te, pour une aventure kitchissime.
Lanc s avec seulement 12 touristes en 1993, les voyages organis s de Koryo
Group, cr par cet ancien paysagiste britannique, ont emmen 1.300 touristes
l'an dernier au pays des Kim, ouvert aux Occidentaux depuis seulement 1987.
Partis avec une certaine anxi t dans ces contr es r put es inhospitali res et
en proie des famines r guli res, les touristes -- 80% d'hommes, un quart d'Am
ricains et z ro journaliste-- en sont souvent revenus comme de la plan te
Mars. Tel Dennis Murphy, un ing nieur chimiste britannique, impressionn d' tre
trait "presque comme un responsable officiel" lors de son s jour, certes r gl
comme du papier musique, mais "magique, dans un monde totalement diff rent".
Au d but, Koryo ne pouvait emmener ses touristes qu' Pyongyang, dans la zone d
militaris e et au Mont Myohyang, explique l'AFP Nick Bonner, dans son bureau
de P kin.
"Peu peu nous avons eu acc s de plus en plus d'endroits", dit-il au sujet
de ces voyages organis s avec l' tatique Korea International Travel company.
"Cela a t fantastique, fond sur la confiance".
Avec 40 guides locaux polyglottes, les circuits se sont largis, pour passer
sur la c te ouest et la c te est et ses plages magnifiques -et m me chez
l'habitant, dans la ville industrielle de Chongjin- ou dans le nord, Haeju.
Ils passent aussi Kaesong, la ville portuaire de Nampo et le Mont Paekdu, une
montagne sacr e pour les Nord-Cor ens pr s de laquelle serait n Kim Jong-Il,
jusqu' r cemment interdit d'acc s aux visiteurs ... am ricains. Ces derniers
n'ont d'ailleurs toujours pas le droit de quitter la Cor e du Nord en train.
Hamhung, la 2e ville de Cor e du Nord, seulement ouverte depuis l'an dernier,
figure aussi dans le circuit. Et m me Rason, une zone de libre- change tr s
rarement visit e.
En septembre prochain, des Occidentaux pourront faire du v lo pr s du Mont
Paekdu. "Cela n'a jamais t fait, c'est un vrai d fi", dit Nick Bonner: "
Pyongyang les femmes n'ont pas le droit de faire du v lo, c'est jug dangereux
et in l gant".
Le programme de Koryo est exotique: visite articul e autour du 21 mars "jour
anniversaire de l'annulation de l'imp t sur le revenu", s jour de "relaxation
dans un ancien sanatorium de la c te est", ou visite d'usine de conditionnement
de fruits de mer ou de ferme collective.
Les clich s les plus flatteurs que la Cor e du Nord -o l'on ne peut pas se d
placer sans guide local- accepte de montrer aux Occidentaux.
Ainsi un r cent visiteur australien, Lachlan Olive, se demande s'il a vu "la
vraie Cor e du Nord" en visitant une ferme mod le honor e plusieurs fois de la
visite de l'ex-dirigeant Kim Il-Sung.
Mais pour tous, le clou des s jours, ce sont les "mass games", ces tableaux
vivants r unissant 100 000 participants pour les plus grandes chor graphies du
monde.
Ces voyages, pas si bon march - partir de quatre nuits, 990 euros- permettent
Nick Bonner de financer une autre aventure, qui est un gouffre financier: des
films documentaires tourn s sur place, qui ont eu l'honneur de festival tels
Sundance.
Faut-il se demander "doit-on aller en Cor e du Nord?", r gime reclus et accus
de violation de droits de l'Homme?
Pour Peter Psiachos, un avocat grec qui en rentre, le d veloppement du tourisme
est le meilleur moyen de r duire l'isolement de ce pays.
"Cela enl verait un peu la peur des trangers chez les Nord-Cor ens et nous
apprendrait, nous, que la Cor e du Nord n'est pas notre ennemie",
explique-t-il l'AFP.
Pour Lachlan Olive, le voyage a t plut t une bonne surprise.
"J'ai bien vu que les habitants de Pyongyang menaient une vie simple, mais je
n'ai pas vu la pauvret ni les infrastructures d labr es d'une ville comme
Manille, par exemple".