Le gouvernement a annonc , hier, ses mesures d aust rit : suppression de 500
000 emplois publics, ge de la retraite port 66 ans d ici 2020
L air grave, costume et cravate sombres, le ministre des Finances, George
Osborne, n a pas l sin sur les effets de manche dramatiques. Aujourd hui
marque le jour o le Royaume-Uni s loigne du bord du pr cipice , a-t-il martel
, hier, avant d entamer la lecture d un plan d conomies drastique tal sur
quatre ans. La route sera difficile , a continu le ministre conservateur,
provoquant frissons et murmures dans les rangs des d put s mass s dans la
Chambre des communes. Alors que le d tail des coupes, les plus importantes
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tait r v l , les murmures se sont
transform s en brouhaha, puis en hurlements parfois dans les rangs de l
opposition, au point que le speaker (le pr sident de la chambre) a d
intervenir plusieurs reprises pour ramener le calme.
Imperturbable, si ce n est pour le verre d eau qu il n a cess de porter ses
l vres, George Osborne a poursuivi sa litanie fun bre. Pas un minist re, pas
une allocation (aux familles, aux ch meurs, au logement ou aux handicap s) qui
ne soit affect e par ce plan. L objectif est de ramener le d ficit public de
10,1% du PIB en 2010 1,1% en 2015 avec la r alisation de 83 milliards de
livres d conomies (95 milliards d euros). Auxquelles s ajouteront 30 milliards
de livres de hausses d imp t.
Licenciements. Deux annonces ont particuli rement cr la surprise. Pr s de 500
000 emplois devraient tre supprim s dans la fonction publique d ici
2014-2015 et, m me si beaucoup d entre eux seront des d parts volontaires, le
chancelier de l Echiquier a reconnu que des licenciements seraient in vitables
. Par ailleurs, l ge de la retraite pour hommes et femmes sera relev 66
ans d ici 2020, soit six ans plus t t que la date butoir pr vue initialement.
Il s agit de supprimer le gaspillage et de r former l Etat-providence , a
poursuivi George Osborne en num rant les coupes dans les diff rents budgets,
en moyenne de 19%, soit moins que les 25% voqu s auparavant. Son propre minist
re, le Tr sor, se serrera d sormais la ceinture avec une r duction de 33% de
son budget. Seuls la Sant - qui se remet tout juste de dizaines d ann es de
sous-investissement sous les pr c dents gouvernements conservateurs (avant
1997) - et l aide ext rieure au d veloppement chapperont des coupes en
termes r els. Et, l issue d un long bras de fer et de discussions intenses,
le budget de la D fense n a t r duit que de 8%, alors que le Tr sor
souhaitait initialement aller jusqu 12%. Pourtant, l annonce de la
suppression d ici 2015 de 42 000 emplois dans le secteur de la d fense, de la
mise la retraite imm diate du navire amiral de la Royal Navy, le porte-avions
HMS Ark Royal, et de l abandon des avions de combat Harrier et espions Nimrod a
provoqu de nombreux remous. Y compris l tranger, puisque la secr taire d
Etat am ricaine, Hillary Clinton, n avait pas h sit s inqui ter des coupes
dans la d fense d un pays pr sent en Afghanistan. Nous sommes tous dans le m
me bain et nous devons tous apporter une contribution l effort, a poursuivi
le ministre, en r p tant qu il s agissait de d cisions justes .
M me la reine Elizabeth II a gracieusement accept de r duire de 12% le
budget de la liste civile pour la famille royale. Sans parler des banques, qui
seront soumises une nouvelle taxe permanente , dont le d tail sera d voil
aujourd hui. C est dire quel point l effort d aust rit sera collectif. La
culture n est pas pargn e, avec un gel de six ans de la redevance t l vision
vers e la BBC, qui devra assurer elle-m me le financement de son service
radiophonique mondial, jusqu pr sent la charge du minist re des Affaires
trang res. Le Foreign Office est d ailleurs l une des administrations les plus
touch es par les coupes, avec une r duction de 24% de son budget.
Reniement. Nick Clegg, vice-Premier ministre et chef du Parti lib ral-d
mocrate, l autre moiti de la coalition au pouvoir, a sembl se tasser sur son
banc au fil des mesures annonc es. Nombre d entre elles constituent un
reniement complet des promesses lectorales de la formation alli e aux
conservateurs. Le ministre des Finances au sein du cabinet fant me de l
opposition travailliste, Alan Johnson, a qualifi le plan de pari insouciant
sur la vie des gens et averti de la mise en danger de la reprise conomique par
une course pr cipit e la r duction du d ficit . Il est totalement pervers
de pr tendre que supprimer un demi-million d emplois et r duire les services
publics une peau de chagrin est bon pour le pays , a estim pour sa part
Derek Simpson, secr taire g n ral de Unite, le plus important syndicat
britannique. Avant d ajouter qu il ne s agit pas d une r vision des d penses
mais bien d un massacre .