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Deux marginaux Duke et Boots forcent un représentant de commerce à suivre la voiture d'une jeune femme élégante qui a attiré leur attention jusque devant chez elle.
Ils prennent possession d'une maison vide alentour et commence Ă observer la jeune femme.
J'ai eu peur au démarrage, le manque de moyen est tellement criant que j'ai pensé avoir à faire à un film de série z, à classer au rang d'un "reefer madness" ou d'une production cheap de Roger Corman sur la délinquance juvénile.
Le film manque en effet d'argent: tourné dans la maison du réalisateur, avec sa femme comme actrice principale, pour un budget de 60000 dollars, l'équivalent des moyens qu'avait Ed Wood pour réaliser ses projets.
Pourtant après vision, je pense que ce film est une réussite compte tenu de ses contraintes, il pourrait même servir de modèle à ceux qui veulent tourner un film pour une "poignée de cacahuètes".
La première scène du film , celle qui me faisait pourtant craindre le pire est à mon avis pour beaucoup dans la cohérence de l'ensemble.
D'emblée, le spectateur comprend que les deux protagonistes sont désaxés et qu'ils n'ont rien a perdre, le fait de les présenter comme dangereux et imprévisibles installe une tension qui par la suite fait guetter le moment où la marmite va exploser.
Pourtant, le cinéma dit de "home invasion" n'étant pas encore inventé à l'époque c'est par les moyens de la séduction et non de l'agression que les deux délinquants approchent leur victime.
Le spectateur observe alors cette opération de séduction en sachant que le "joli coeur" est un criminel avec des mauvaises intentions.
Je pense que le film capte quelque chose de son époque, il date de 1960, on pourrait le voir comme à la jonction entre les années 1950 et la libération sexuelles des sixties.
Le film enregistre que quelque chose va craquer, à l'image de cette épouse modèle délaissée par son mari qui ne parvient pas à refréner son désir pour Duke.
Le jazz, le whisky et la prospérité économique lui font tourner la tête.
Cette prospérité, c'est l'objet même du désir de Duke et Boots, il rêvasse en regardant Ann se baigner dans sa piscine puis se prélasser au soleil.
La somme de toutes ces frustrations fait que le cocktail est explosif.
Ce que j'ai trouvé intéressant sur ce film, c'est que mon oeil de moderne m'a souvent fait tiquer pendant sa vision, j'ai eu ce regard condescendant de celui qui se dit qu'on ne fait plus comme ça aujourd'hui, que certaines scènes aurait pu gagner en efficacité, en ayant en tête d'autres films tournés par la suite, pourtant à la réflexion, je ne crois pas avoir vu un film qui mélange comme ça le suspense et une si juste observation des mœurs.
Je crois que les acteurs sont pour beaucoup dans la justesse du film, outre la réalisation presque parfaite (compte tenu des contraintes).
En résumé, Je crois que ce que j'ai bien aimé ce mélange entre la retenue des années 50 et l'audace des années 60 qui pointe dans le film.