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Ce que j'aime chez Jacques Audiard, c'est que son cinéma est d'essence populaire.
Michel Audiard s'était efforcé de transmettre le cinéma comme un métier qui pourrait s'enseigner à son fils et il est resté quelque chose de sa volonté de faire des films pour le grand public.
Emilia Perez est un film qui veut être aimé et populaire, à l'instar de son personnage principal.
Je me souviens de la réaction de la copine d'un ami face à mon enthousiasme devant le film "sur mes lèvres", m'objectant que pour elle, ce film ressemblait à un téléfilm de tf1.
Je me souviens de mon ami me regardant, l'air implorant, m'invitant à la pardonner parce qu'elle savait pas ce qu'elle disait.
Le pire, c'est qu'en mettant de coté le fait que Jacques Audiard est un très bon réalisateur, j'aurais pu aller dans son sens, je comprenais que son cinéma ne respecte pas tout à fait les canons esthétiques de certains tenants du bon gout cinématographique.
Mais c'est aussi pour ça que j'aime son cinéma, il est capable de se détourner des sentiers balisés et du coup peut s'offrir des sorties de route toujours bien contrôlées.
Le film Scarface de Brian de Palma n'est pas un modèle de bon gout cinématographique, pourtant c'est un film très maîtrisé et je suis happé par le film à chaque fois.
Emilia Perez m'a fait un peu le même effet:
C'est parfois too much, souvent casse gueule, mais absolument maîtrisé.
Jacques Audiard traite son sujet et son sujet c'est un magnat du crime qui change de sexe, voila tout.
Il n'y a que des scènes mémorables dans Emilia Perez, c'est une avalanche de tours de force, un peu comme si le réalisateur ne se mettait aucunes limites, la seule contrainte étant qu'il faut rendre l'idée efficace cinématographiquement.
Du coup, chaque spectateur, peut repartir avec une scène bluffante en guise de souvenir.
Pour moi, c'est la confession que emilia susurre au personnage joué par Selena Gomez au milieu d'un pluie de balles, j'en ai presque des frissons en l'invoquant.
Si ça c'est pas de l'amour, je ne sais pas ce que c'est.