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Lola- un film de Andrew Legge- avec Emma Appleton, Stefanie Martini, Rory Fleck Byrne, Aaron Monaghan, Shaun Boylan, Ayvianna Snow.

Ressurgi du passé

Deux sœurs, Thom et Martha, vivent seules et isolées dans une grande demeure dans la campagne Anglaise.

Martha aiment à documenter leur vie commune en filmant chacun de ses instants, et Thom peaufine sa machine révolutionnaire, Lola.

Sa machine permet de se connecter à ce qui seras diffusé par ondes radios ou hertziennes, à n'importe quelle date du futur.

Les deux sœurs se servent de lola pour s'immerger dans les mouvements contre culturels des années 60, et Martha regarde religieusement chaque soir la première apparition en 1973 de David Bowie à la télévision qui interpréte "life on mars".

Mais leur réalité temporelle est celle de 1939 et la guerre avec l'Allemagne nazie qui commence.

Elles décident de se servir de leur formidable machine pour anticiper les bombardements ennemis et protéger les populations.

Devant leur premier succès, elles comprennent que Lola peut changer le cours de la guerre.

Une idée de départ excellente donne elle nécessairement un bon film?

Même si l'idée d'accéder aux nouvelles du futur est déjà présente dans le film "c'est arrivé demain" de René Clair qui date de 1944, il faut reconnaitre qu'elle est fertile et qu'elle offre beaucoup de champ à l'imagination.

Mais parfois une bonne idée, comme la machine du film, si elle est mal utilisée ou qu'elle tombe entre de mauvaises mains peut conduire au désastre.

Souvent les films qui reposent sur des " pitchs" alléchants ne parviennent même pas a l'illustrer ou alors se perdent dans les possibilités trop riches offertes par l'idée de départ.

Je trouve que Lola Ă©vite ces Ă©cueils.

J'ai apprécié que le réalisateur occulte la dimension exceptionnelle de la découverte de Lola, il nous épargne l'effet "magie" de l'objet.

Les deux sœurs ont déjà appris a vivre avec leur machine au début du film, elles ont déjà explorées ses possibilités, du moins le croit elle et nous ne partageons pas avec elle le frisson de la découverte du caractère extraordinaire de l'objet.

Ce qui les fascinent, elles , c'est le futur, et non les potentialités de son exploration.

Leur futur qui est pour nous, ironiquement, le passé.

Les deux personnages vivent dans leur bulles et Lola en fait simplement partie, nourrissant leurs imaginaires.

Les deux sœurs du début, c'est un peu nous, qui utilisons la technologie au quotidien, sans plus trop nous en émerveiller.

Le film repose sur le principe du "found footage", chaque scène est supposée avoir été filmées avec une caméra portative, ça fonctionne plutôt bien, même si on s'étonne un peu que les caméras soient aussi démocratisées dans les années 30.Probablement parce que Lola veut nous faire croire que son histoire est du passé, mais c'est aussi de notre époque dont il parle.

Le film m'a justement parlé parce qu'il fait écho à notre époque et à ses menaces et cette fameuse question qui revient souvent : sommes nous en 1938?

La question qu'on se pose en regardant le film serait plutôt: est on dans dans une sale boucle temporelle qui se répète?

Les chansons, glaçantes, du film ont été composée par Neil Hannon, le leader du groupe The Divine Comedy, ces titres s'inscrivent parfaitement dans l'ambiance assez pessimiste du film.

La science fiction a d'ordinaire comme intêret le futur, ce film propose au contraire de faire un genre d'ingénierie inversée du passé, nous invitant à essayé de ne pas reproduire ses erreurs, même si il porte finalement un regard tragique.

Dans les tragédie grecques de Sophocle, c'est en essayant d'échapper à une prédiction funeste qu'on précipite au contraire l'événement tant redouté.

Lola est un film original, qui ne cherche pas la facilité, c'est à saluer et c'est un premier film pour son réalisateur, tout ça le rend plutôt remarquable.

On lui pardonneras ce qu'on a pardonné aux films de la série des Terminator, à savoir des petites incohérences "temporelles" qui semblent inévitables lorsqu'on joue avec le temps.