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2013-05-08 10:01:13
Un coll gien fran ais sur six et trois lyc ens sur cinq reconnaissent avoir d j t ivres, selon une tude du Bulletin pid miologique hebdomadaire.
Par Louis San
Mis jour le 08/05/2013 | 08:50 , publi le 08/05/2013 | 06:59
Les chiffres sont alarmants. Un coll gien fran ais sur six et trois lyc ens sur cinq reconnaissent avoir d j t ivres, selon une tude publi e par le Bulletin pid miologique hebdomadaire (BEH), de l'Institut de veille sanitaire, mardi 7 mai. L'alcool est, selon l' tude, la "substance psychoactive la plus pr cocement exp riment e l'adolescence". Alors que les Fran ais, dans leur ensemble, d clarent boire de moins en moins d'alcool, francetv info rel ve trois facteurs qui n'incitent pas les ados ralentir leur consommation.
1Un marketing agressif
Les alcooliers ont mis sur le march , il y a une dizaine d'ann es, les coolers. Objectif de ces m langes d j pr par s : s duire les jeunes, notamment les 17-18 ans, qui repr sentent un march de 30 40 millions d'euros par mois. Pour y parvenir, explique en juin 2011 le magazine Sciences humaines, les industriels ont mis du sucre "pour masquer le go t de la forte dose d'alcool", et ont soign l'habillage"avec leur fun packaging et leurs slogans chocs". En 2011, une marque de cooler fait fort, avec un emballage " plucher", comme le notait ce blog sp cialis dans le graphisme.
Ce marketing offensif est facilit en France par l'autorisation, d croch e en 2009, de faire de la publicit pour les produits alcoolis s sur internet, comme le rapportait alors le site du magazine Strat gies. Or internet est largement privil gi par les plus jeunes, comme l'indiquait ce document du Centre de recherche pour l' tude et l'observation des conditions de vie, datant de juin 2012.
Sans compter que de nombreuses marques placent des produits dans les clips d'artistes populaires. L'une d'elles vante, par exemple, sur ses emballages, le fait d'avoir une bouteille inspir e par Madonna. De son c t , une vodka ukrainienne appara t dans un clip de Lady Gaga qui enregistre plus de 500 000 millions de vues sur YouTube
Et a marche. En faisant appara tre du cognac dans l'un de ses clips, le rappeur am ricain P. Diddy a r ussi en faire "le breuvage bling bling par excellence", expliquait en 2011 Les Inrocks.
2Un ge propice aux d bordements
Et si on ne pouvait pas dissocier le fait de se so ler de l'adolescence ? C'est l'avis du psychiatre et addictologue Philippe Batel. "L'ivresse est un ph nom ne classique l'adolescence. On ne peut pas demander aux adolescents de ne pas faire d'exp riences, ils sont l pour a", a expliqu mardi sur RTL le chef du service du traitement ambulatoire des maladies addictives l'h pital Beaujon, Clichy (Hauts-de-Seine). D'autant que, pr cise-t-il, un adolescent ne conna t pas encore ses limites, c'est- -dire qu'il ne sait pas quelle quantit boire pour se faire plaisir, et celle au-del de laquelle il va tre malade.
Pour Patrice Huerre, psychiatre et psychanalyste sp cialiste des adolescents, boire avec exc s permet notamment au jeune de reprendre "un r le actif dans une p riode de la vie, la p riode pubert re, o on est dans une position passive". Il expliquait en 2011, lors d'une conf rence l'Ecole sup rieure de l' ducation nationale : "On subit les changements de son corps sans les avoir choisis, et l , on choisit de dire : 'Je suis ma tre de mon destin'".
De son c t , le professeur Xavier Pommereau, p dopsychiatre au CHU de Bordeaux, estime que les jeunes ne vont sans doute pas r duire leur consommation d'alcool dans cette morosit ambiante. "Il faut arr ter de d livrer aux enfants syst matiquement un discours n gatif, de leur dire que la plan te est foutue, que la crise conomique les attend, tout en leur mettant la pression l' cole", remarquait le m decin sur 20minutes.fr, en 2011. Et d'ajouter : "C'est ce qui explique qu'en fin de semaine, ils veuillent se l cher."
3Une culture de l'alcool
Difficile en France de ne pas tre expos l'alcool depuis sa jeunesse : selon une tude (en anglais) de l'Organisation mondiale de la sant , le pays est le troisi me plus important consommateur d'alcool au monde, derri re la Russie et la Grande-Bretagne. Les boissons alcoolis es "sont omnipr sentes dans notre culture et leur usage est licite et valoris autour d'un certain nombre de valeurs : convivialit , plaisir, f te, et d'autres plus discutables... qui entretiennent une incitation sociale la consommation", crivait en 2008 l'Institut national de pr vention et d' ducation pour la sant (Inpes). Alain Rigaud, l'addictologue auteur de l'article, ajoutait que "l'offre est importante, l'acc s ais et la consommation facile, si bien que la rencontre avec le produit est in luctable".
Un rayon de bouteilles de vin dans un supermarché de Bailleul (Nord), le 15 février 2012. Un rayon de bouteilles de vin dans un supermarch de Bailleul (Nord), le 15 f vrier 2012. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)
En France, le vin fait partie int grante de la culture. D'ailleurs, les premi res exp riences se font g n ralement dans le cadre familial. Des d put s UMP ont m me d pos , en d cembre 2012, une proposition de loi afin de l'inscrire au patrimoine culturel et gastronomique prot g en France. Ce "n'est pas une boisson comme les autres puisqu'il est associ notre culture jud o-chr tienne. L'un des marqueurs identitaires de la France a t le vin", relevait en 2004, le sociologue et sp cialiste du vin Jean-Pierre Corbeau, dans un entretien au site sp cialis viti-net.com. Qui parlait de "boisson 'tot mique'". "On a la chance d'avoir une culture de l'ivresse", d fend m me le sociologue de l'alimentation Jean-Pierre Poulain dans un entretien Lib ration, avant de faire les louanges de la culture du plaisir et du partage.
Mais le binge drinking, la consommation maximale d'alcool en un minimum de temps, chappe cette analyse. Cette pratique accompagne le ralentissement constant des ventes de vin en France depuis les ann es 60 : elle se caract rise par la consommation d'alcools forts. Et la biture express, qui aboutit des taux d'alcool mie lev s, risque d'avoir des effets d vastateurs long terme. Philippe Batel parle de "bombe retardement". Sa crainte : que ce mode de consommation alt re le rapport des ados aux produits psychoactifs et ne les attire vers d'autres substances.
Reste que l'abus d'alcool sous toutes ses formes est dangereux pour la sant . L'Institut national de la sant et de la recherche m dicale note que l'Organisation mondiale de la sant recommande de ne pas d passer trois verres de boisson alcoolis e par jour pour les hommes et deux pour les femmes, et de r server un jour par semaine sans alcool.