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L'habitat group , ou comment vivre ensemble chacun chez soi

2009-12-29 07:11:14

LE MONDE | 28.12.09 | 14h47 Mis jour le 28.12.09 | 14h47

Laure Teuli res, 40 ans, n'a jamais eu de "r ve pavillonnaire". L'habitat id al pour cette historienne, ma tre de conf rences l'universit de Toulouse II-Le Mirail, rime plut t avec " cologie, solidarit , mixit sociale et g n rationnelle".

Depuis 2007, avec une vingtaine de familles toulousaines, elle travaille deux projets d'habitat group coop ratif. Le petit groupe, qui s'est constitu en association, La Jeune Pousse, comprend des ch meurs, un ing nieur, un artisan chauffagiste, une assistante sociale, des retrait s... tous unis par le m me d sir de vivre dans des habitations cologiques g r es collectivement. Chacun y aura son appartement mais les familles se partageront des parties communes (buanderies, atelier, salle polyvalente et chambres pour y recevoir les h tes de passage...).

Les diff rents statuts pour les projets collectifs

Plusieurs statuts sont possibles pour les projets collectifs d'habitat : les cohabitants peuvent se constituer en copropri t , en soci t civile immobili re (SCI), ou en soci t civile coop rative de construction (SCCC). Ces diff rentes solutions ne sont pas toujours bien adapt es notamment en cas de d part et de remplacement d'un propri taire de l'habitat group . Contrairement aux coop ratives d'habitants, toutes ces solutions laissent possible une sp culation sur la valeur immobili re des biens construits.

Sur le m me sujet

Cette initiative, organis e par 32 associations qui luttent contre l'exclusion et rassembl e dans un Collectif, vise demander "une autre politique du logement", a d clar la tribune Christophe Robert, de la Fondation Abb Pierre, en ouverture.

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Des membres des communaut s Emma s exigent un moratoire des expulsions locatives, le 16 mars, sur la place de la R publique Paris.

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Depuis trois ans, des dizaines de collectifs comme La Jeune Pousse se sont cr s autour de projets d'habitat group . Derri re ce terme se cachent des formules diverses qui vont de la bande de copains, pr ts partager quelques espaces communs, des projets plus ambitieux autour de familles r unies dans une coop rative d'habitants. Une centaine de projets seraient en cours dans toute la France.

L'habitat group n'est pas vraiment une nouveaut . Dans les ann es 1970, ce concept collait l'air du temps. De nombreux collectifs d'habitants fonctionnaient alors sur le mode de l'autogestion. Si quelques-uns surv curent la d cennie suivante, la dynamique tait bel et bien cass e. "Les derni res r alisations ont plus de vingt-cinq ans, explique Philippe Yven, charg de mission habitat durable au sein de l'association Coh rence. Au milieu des ann es 1980, c'est clairement le mod le de l'habitat individuel qui s'est impos ."

Aujourd'hui, l'envol e des prix de l'immobilier, les pr occupations environnementales et le d sir de retrouver du lien social expliquent ce regain d'int r t. "Aucun d'entre nous n'aurait les moyens d'habiter dans une maison en ville avec un jardin. Ce r ve devient possible en se regroupant", t moigne Carole Contant, pr sidente de l'association Parasol, qui soutient le projet rennais "Les Graines urbaines".

La conscience cologique est aussi un moteur. Gr ce des achats group s et l'autopromotion, la construction plusieurs permet de faire des conomies d' chelle et rend plus accessible le b ti haute performance nerg tique. L'empreinte cologique peut aussi tre r duite en mettant en place un syst me de covoiturage.

Mais la motivation principale reste l'envie de partager un habitat et des valeurs communes, tout en gardant une intimit . "C'est le retour d'une certaine convivialit , l'esprit d'un village sans les comm rages", analyse Carole Contant. La revendication d'un chez-soi est d'ailleurs une des diff rences avec les exp riences communautaires la mode soixante-huitarde, o la sph re priv e tait souvent phagocyt e par la collectivit .

Ces programmes de construction ne sont pourtant pas faciles mettre en oeuvre et ne conviennent pas tout le monde. "Il ne faut pas avoir besoin de se loger rapidement, explique Olivier Cencetti, coordinateur de L'Echo-habitants, une association nantaise. Entre les premi res discussions autour du projet et l'emm nagement, il faut au minimum de quatre cinq ans."

Il manque aussi un cadre l gislatif adapt . "Depuis la loi Chalandon de 1971, le statut de coop rative d'habitants n'est plus reconnu, d plore Bertille Darragon, coordinatrice d'Habicoop, une association militante lyonnaise. Les outils juridiques actuels ne r pondent pas la demande. On est oblig s de faire des montages complexes pour respecter au mieux les principes coop ratifs de propri t collective, de lutte contre la sp culation et de d mocratie."

Dans ce contexte, une expertise ext rieure est souvent n cessaire. Per ue comme un gage de s rieux, elle permet aussi de d marcher plus facilement lus et bailleurs sociaux, de plus en plus int ress s. "Nous sommes impliqu s dans une dizaine de programmes d'habitat group ", d taille Vincent Lourier, directeur de la F d ration nationale des soci t s coop ratives d'HLM, qui compte 165 membres. Issus de la "famille" coop rative, ces bailleurs, dont la mission principale est d'assurer l'accession la propri t de familles modestes, sont naturellement plus enclins accompagner des projets d'habitat group . Mais Lyon, Grenoble ou Besan on, des offices publics et des soci t s anonymes HLM appuient aussi ces initiatives.

Quant aux lus, ils ont bien compris l'int r t de la d marche. "L'habitat group limite l' talement urbain. Il permet aussi d'avoir des lots d'habitants responsables, impliqu s dans la vie sociale du quartier, et qui vont contribuer son animation", poursuit M. Lourier. Strasbourg ou Rennes ont d'ores et d j r serv des logements pour des projets d'habitat group dans leurs co-quartiers en construction. Une tendance qui pourrait donner un s rieux coup de pouce aux promoteurs de ce type d'habitat.