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Photocopille ! Photocoviole ! Photocopamuse-toi !

2006-03-04

La sortie de mon livre m’a valu, à plusieurs reprises, quelques commentaires sur un ton vaguement humoristique : Mais au fait, est-ce qu’il est libre ton livre ?.

mon livre

La rĂ©ponse est non ! Pire, j’ai constatĂ© il y a peu de temps que le livre comportait un affreux logo :

Le photocopillage tue le livre

En clair, le livre est strictement non-libre et il est lĂ©galement interdit de le photocopier. Mais n’est-ce pas compatible avec la philosophie du libre ? Ne suis-je pas un Ă©pouvantable cynique Ă  promouvoir du libre tout en produisant moi-mĂȘme du contenu non-libre pour gagner de l’argent ? Ahah ! Je vous ai bien eu bande de naĂŻfs ! Si je n’ai fait l’apologie de ce systĂšme brun dĂ©gueulasse, ce n’est que pour pouvoir vendre par centaines un livre que je prĂ©parais. Maintenant, je me retire dans ma piscine privĂ©e aux Bahamas en buvant un cocktail tandis que 3 naĂŻades en bikini me massent le dos. Et toc


Si seulement c’était vrai
 😉

Tout d’abord, soyons honnĂȘtes, je n’ai jamais Ă©tĂ© partisan du tout entiĂšrement libre. J’en veux pour preuve certains articles de ce blog qui sont sous une licence non-libre car je souhaite explicitement qu’ils ne soient pas modifiĂ©s. C’est mon droit le plus strict en tant qu’auteur et nul ne peut s’y opposer[1]. Pire ! J’ai plusieurs textes et nouvelles que je ne souhaite pas diffuser sur ce blog ni sur internet ! Suis-je pour autant un ennemi du libre ?

certains articles

Danger

Stylo

Le livre Ubuntu est un projet lancĂ© et financĂ© par les Ă©ditions Eyrolles. Il me semble normal qu’ils puissent en dĂ©cider de la licence. Alors qu’une documentation exhaustive Ă  tout Ă  gagner d’une licence trĂšs permissive avec une structure de type wiki, je pense qu’un ouvrage structurĂ© doit ĂȘtre conçu dans un milieu fermĂ© avec aussi peu de personnes que possible afin de prĂ©server la cohĂ©rence de l’ensemble.

Dans ce cas particulier, je ne verrais aucune objection Ă  ce que le texte entier du livre « Ubuntu » soit placĂ© sous licence libre. Seulement, cette dĂ©cision incombe Ă  mon Ă©diteur. Il faut bien prĂ©ciser que le contenu en tant que tel est composĂ© d’idĂ©es entiĂšrement libres. Le livre regroupe, d’une maniĂšre structurĂ©e, des connaissances issues des nombreux forums, wiki, listes de distribution mais aussi des connaissances antĂ©rieures des auteurs, 
 Rien de secret, rien de brevetĂ© donc ! Libre Ă  chacun de se lancer dans la rĂ©daction d’un tel livre entiĂšrement libre.

D’ailleurs, si un Ă©diteur souhaite me proposer d’écrire un ouvrage sous licence libre, qu’il n’hĂ©site donc pas Ă  me contacter !

me contacter

Le photocopillage


Je dois bien avouer que lorsque j’ai vu ce logo, j’ai fait un bond de colĂšre. J’abhorrais ce slogan et je m’étais jurĂ© de ne pas le mettre dans mes oeuvres et voilĂ  que mon premier[2] et symbolique livre en Ă©tait marquĂ© !

Old photocopier

Le but premier du livre Ubuntu, Ă  mes yeux, est de donner aux nouveaux utilisateurs un outil pour dĂ©buter. Pas gagner de l’argent[3] ! Si vous donnez un cours et que vous souhaitez que tous vos Ă©lĂšves disposent d’un passage particulier du livre, je vous en prie, n’hĂ©sitez pas Ă  photocopier les quelques pages nĂ©cessaires. Cependant, indiquez bien sur les photocopies les rĂ©fĂ©rences exactes de la source afin que les lecteurs intĂ©ressĂ©s puissent se procurer, si besoin est, l’ouvrage complet.


 tue le livre

fahrenheit 451

Il faut avouer que j’entretiens vis-Ă -vis de l’objet « livre » un rapport presque religieux. Le film « Fahrenheit 451 » de François Truffaut m’a laissĂ© un noeud dans l’estomac pour ses scĂšnes d’une insoutenable violence[4]. J’en suis venu Ă  souhaiter, lors du gĂ©nĂ©rique final, une mention « Aucun livre n’a Ă©tĂ© blessĂ© ou abimĂ© durant le tournage de ce film ».

Oui, je suis donc d’accord avec la mention « Le photocopiage tue le livre »[5]. Un livre photocopiĂ© n’est plus le livre. Si vous donnez un texte extraordinaire en photocopies volantes, le lecteur ne sera pas dans des conditions acceptables pour apprĂ©cier l’oeuvre. C’est Ă  mes yeux pareil pour un texte sur un Ă©cran, PDF ou HTML. Si le contenu entier du livre Ubuntu Ă©tait disponible au format PDF, je suis certain que beaucoup les parcourraient rapidement et se diraient : Bof, finalement, il n’est pas si intĂ©ressant ce livre. La valeur du livre est dans son toucher, dans sa manipulation, dans son odeur[6], dans ses pages cornĂ©es, ĂąbimĂ©es[7]. Un livre n’est pas un wiki ou un ensemble de page de man. Un livre, ça se tourne, se retourne[8], se consulte.

Oui, en photocopiant le livre Ubuntu, vous le tuez en quelques sortes. Vous en faĂźtes un ersatz, un fantĂŽme. J’ai toujours dĂ©testĂ© les professeurs qui nous photocopiaient des livres entiers sous prĂ©texte d’économiser quelques centimes. Parfois, le prix des photocopies est mĂȘme plus Ă©levĂ© que le prix du livre lui-mĂȘme ! Le livre Ubuntu fait 330 pages et 25€. Faites le calcul avec les prix des photocopies pratiquĂ©s chez vous. Ajoutez-y le temps de la photocopie (tourner les pages!) et faites le compte. Si je comprend et j’encourage la photocopie d’un extrait prĂ©cis et particulier dans un cadre qui le nĂ©cessite, je vous en prie, par respect pour le livre, ne photocopiez ni ne scannez pas un ouvrage entier ! Laissez vivre vos livre et abandonnez-les pour les vacances


Laissez vivre vos livre

Libre !

Quoiqu’il en soit, la licence d’une oeuvre est le choix de son auteur et celui-ci doit ĂȘtre respectĂ©[9]. Appliquer aveuglement le modĂšle du logiciel libre dans les autres domaines relĂšvent pour moi du fanatisme dangereux. Chaque cas est unique et doit ĂȘtre respectĂ©. Je souhaite que mon logiciel de traitement de texte soit libre pour pouvoir Ă©ventuellement l’amĂ©liorer et pour ĂȘtre sĂ»r de ce qu’il fait. Doit-il en ĂȘtre obligatoirement de mĂȘme pour les livres sur ma bibliothĂšque ? Je pense sincĂšrement que le fait de mettre le livre Ubuntu sous licence libre n’apporterait rien de concret Ă  la communautĂ© Ă  part le plaisir intellectuel du « c’est libre ».

Arbres

– Ce repas Ă©tait vraiment dĂ©licieux ! Mais quelle est donc ta recette ?

– Ah ça, me rĂ©pondit-elle avec un clin d’oeil, c’est mon petit secret


Notes

[1] Remarquons que je prĂ©cise bien que je suis ouvert Ă  la discussion. Si un jour vous avez besoin d’un texte de moi sous une licence plus permissive, n’hĂ©sitez pas Ă  me contacter et Ă  m’expliquer vos raisons.

[2] Ce n’est pas tout Ă  fait juste si l’on compte la publication d’une de mes nouvelles dans le recueil « Jetons l’encre! », recueil qui ne comporte lui pas ce logo 😉

[3] et d’ailleurs heureusement car, contrairement Ă  certaines rumeurs, je gagnerai trĂšs peu. Surtout quand on compare avec le nombre d’heures passĂ©es


[4] Une bibliothÚque qui brûle, entre autres


[5] mais sans le jeu de mot minable

[6] trùs important l’odeur ! J’y reviendrai.

[7] J’aime beaucoup un livre qui a vĂ©cu 😉

[8] se prend par derriĂšre
 je m’égare..

[9] De maniĂšre consciente et dĂ©libĂ©rĂ©e. Il est bien entendu hors de question d’instaurer des mesures de protection genre DRM ! Et tant pis si certains dĂ©cident de ne pas respecter ces licences, je suis confiant en l’ĂȘtre humain. D’ailleurs, certains cas de non-respect d’une licence sont, Ă  mes yeux, parfaitement justifiables voire indispensables et peuvent ĂȘtre le germe d’une nouvelle idĂ©e gĂ©niale !

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