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Un tireur embusqué abat froidement 29 personnes pendant la nuit de la saint sylvestre.
Eleanor, une simple policière en patrouille est dépêchée sur les lieux du drame en urgence.
L'appartement qui abrite le tireur est identifié et toutes les forces de police convergent alors vers l'endroit.
Pendant l'assaut de l'appartement qui se révèle infructueux, Eleanor a la présence d’esprit de filmer chacun des habitants de l'immeuble qu'on évacue car le tueur pourrait se cacher parmi eux.
Ce geste est remarqué par l'agent spécial Lamark, en charge de l'enquête pour le compte du fbi, qui recrute alors Eleanor pour rechercher le criminel.
Ah tiens, un grand film Américain.
Ça faisait des lustres que mes radars perso ne détectaient plus rien de ce côté là du globe j'avais presque abandonné et soudain, miracle, quelque chose qui dépote, enfin.
Qu'on se rassure, on produit encore de bons films la bas, mais on ne trouve surtout plus beaucoup de ces films qui parle de l’Amérique elle même.
On sait qu'Hollywood, sans arrêt à la recherche de sang neuf, recrute à tour de bras des cinéastes étrangers pour étoffer son offre, parfois cela ne fonctionne pas, parfois les cinéastes reproduisent docilement le cahier de charges, parfois des cinéastes réussissent à apporter une sensibilité différente, mais la catégorie la plus rare à trouver ce sont ces cinéastes qui captent l'Amérique, qui voient ce qu'un américain n'est plus capable de voir sur ce pays.
Paul Verhoven est l'exemple parfait de l'étranger qui a compris l’Amérique mieux qu'elle ne se comprend.
Et pour moi, Misanthrope rentre dans la catégorie des films qui offrent une grille de lecture neuve aux américains.
Misanthrope réussit à faire ce que Civil War, le film d'Alex Garland n'est pas parvenu à réaliser.
Il réussit à figurer cette tension permanente entre le progressisme et la violence pure qui caractérise l’Amérique, ce pays qui a générer le phénomène des tueurs en série et, dans le même temps en a tirer un spectacle.
Car oui, pris comme ça, Misanthrope n'est jamais qu'un énième récit de "serial killer", il n'y a rien de bien nouveau, Eleanor ressemble à Clarence Sterling, elle est une débutante tout en bas de l’échelle dans la hiérarchie policière et finit par côtoyer un mentor masculin plus âgé qui la prend sous son aile.
Elle est contrainte de profiler le tueur et doit faire appel à son intuition pour épouser ses schémas de pensées.
Tout ça est archi convenu, déjà vu.
Mais parmi les intuitions d'Eleanor, il y a une conviction qui se détache, porteuse de renouveau: il faut chercher a comprendre comment on est arrivé à ce qu'un homme abatte froidement des anonymes, il faut aller a la racine du problème et chercher un remède.
Enragée elle même par la société, elle comprend que c'est l'environnement social qui a pu produire de tels actes.
Elle et Lamark porte en eux un certain progressisme, et eux aussi sont entravés par l'environnement de la société: le gout du plus grand nombre pour les histoires sordides et le sensationnel, l'agitation permanente de l'opinion publique sur les réseaux sociaux, perturbent considérablement leur enquête.
Misanthrope m'a franchement épaté, vous l'aurez compris. J'échange le premier quart d'heure, trés spectaculaire, contre un an d'abonnement á netflix,hbo,disney et amazon prime et j'y gagne et pas que financièrement.
Mon film préféré de Fritz Lang, Fury, captait la tension entre la soif de justice et la violence primale qui traverse l’Amérique. Je pense que Fury est le meilleur exemple du regard que peut apporter un cinéaste étranger aux états-unis.Toute proportions gardées, Misanthrope a produit le même effet chez moi.