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LE __ __ _ _ \ \ / / _(_) |_ _____ _____ _ _ \ \/\/ / '_| | _/ -_) V / -_) '_| \_/\_/|_| |_|\__\___|\_/\___|_| 2024 – Mars
— … Nous sommes au top d’un big changement pour notre pays. Nous avons la chance unique de switcher notre système politique. Ce projet est topissime, mais easy, et il va booster notre pays, sur tous les plans : économique, social, et politique.
— Donc, si je comprends bien — et j’avoue avoir du mal avec votre manière de parler, vous suggérez de destituer notre monarque par une démocratie constitutive ?
— Yesss ! On vire le roi, et on booste le ROI !
— Pardon ? Je ne vous suis plus. Vous voulez remplacer le souverain par un autre ?
— Heu… Non. Juste on va implémenter des workflows techno-économiques pour enhancer le ROI.
— Je ne comprends pas…
— Le ROI ! Le Return On Inverstment, quoi !
— Oh purée…
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De ses parents décédés trop tôt, il avait reçu un cadeau qu’il ne devait ouvrir qu’à ses douze ans. Lors de cet anniversaire, il déballa l’étrange paquet qui l’intriguait depuis tant d’années.
C’était une cape d’invisibilité. Comme dans les romans et les films fantastiques. Il s’amusa des heures avec, innocemment au début. Et puis lui vint une idée étrange, mais tout à fait logique pour un gamin de son âge.
Las, il n’avait pas du tout anticipé que, bien que le tissu le rende parfaitement invisible, les gouttes d’eau tombant sur le matériau se voyaient parfaitement bien, dessinant devant les yeux des jeunes filles sa silhouette de benêt ahuri.
« Mais, comment ça se fait que vous me voyiez ? » furent ses derniers mots avant d’être évacué vers l’hôpital.
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Le parlement était ce jour en session extraordinaire. Il avait à décider quel devait être le statut des visiteurs extra-terrestres qui nous avaient envahis.
Ces petits êtres, hauts d’une vingtaine de centimètres, couverts de fourrure, pouvaient se montrer d’une seconde à une autre aussi amicaux que belliqueux. Ils ne semblaient pas enclins à nous asservir, tout juste profiter à leur niveau de nos propres ressources. Nous n’avions toujours pas réussi à établir un dialogue intelligible avec eux. Nous comprenions à peine leurs besoins primaires, et ils ne semblaient aucunement enclins à s’épancher plus.
Étaient-ce des nuisibles ? Des réfugiés ? Fallait-il les ignorer ? Le débat faisait rage dans l’agora. Jusqu’à ce que quelqu’un fasse une suggestion étonnante, mais qui fit consensus.
Le parlement avait décidé : c’étaient des animaux de compagnie.
Ainsi l’humanité adopta le chat domestique
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Coup de théâtre dans la guerre qui oppose les tenants du pain au chocolat et de la chocolatine !
Alors que tout le monde prenait comme fait établi que la dénomination *pain au chocolat* avait fait consensus sur son origine établie, des chercheurs et historiens ont réussi à retracer l’origine de la viennoiserie dans notre beau pays.
Ainsi, il est désormais établi que les pâtissiers August Zang et Ernest Schwarzer, exilés viennois à Paris, imposent en 1837 leur célèbre *schokoladencroissant*, ou plus simplement *schokoladen*. Prononcé avec l’accent germanique, le « *d* » devient « *t* », et le *schokoladen* devient la *chocolatine*.
Ayant pris acte de ce fait historique, la Gascogne a poliment, mais fermement demandé à la France de prendre son autonomie, et a fermé ses frontières dans la foulée.
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— Sire. Je ne comprends pas votre décision.
— Mon bon Frostin, bien que tu aies toute ma confiance, je ne suis pas tenu de t’expliquer mes royales décisions.
– Certes, monseigneur. Mais j’aimerais savoir par quelle secrète alchimie vous avez réussi à convaincre ces quatre zélateurs de l’église de s’exiler d’eux-mêmes.
— Je leur ai simplement promis qu’une fois atteinte leur destination, ils seraient nommés cardinaux.
— Est-ce possible, monseigneur ?
— Uniquement dans leurs rêves de gloire. Souviens-toi où je les ai envoyés.
— L’un à Dunkerque, l’autre à Perpignan, le troisième à Chamonix et le quatrième à Brest… Hooo, sire, vous êtes un génie !
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Souffrez que je vous soufflète, sans soucis du fait de vous savoir si séduisant. Sachez, savant stupide, qu’avant de vous voir devant moi, il me sied qu’assis vous eussiez été à la hauteur de votre sainte réputation. Petit sot.
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Le souverain, cible choisie, s’était pourtant montré extrêmement méfiant. Il avait fait goûter tous les plats, les vins, même l’eau. Il avait fait changer toute la vaisselle, la cristallerie, et même une partie du personnel.
Et pourtant, malgré sa paranoïa bien justifiée, à peine l’entrée consommée, il fut prit de congestion, porta ses mains à sa gorge et s’écroula, violet, la tête dans son potage.
Rien, dans ce qui constituait son environnement, ne put être soupçonné. Sauf le chambellan, dont le corps fut retrouvé dans les toilettes, quelques heures plus tard. Il avait succombé au même poison, dont il s’était enduit la main que le souverain assassiné avait serrée avant de se mettre à table.
Un sacrifice pour un régicide.
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Le ruban d’étoiles déroulait son chemin infini dans le cosmos, comme un falbala vaporeux et scintillant. Le petit explorateur sautait d’étoile en étoile le long de cette route immatérielle. Son exploration n’avait qu’un but : découvrir quelle créature fantastique, sublime, se parait d’un atour aussi magnifique.
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La guerre entre les machines et les hommes prit une tournure étrange lorsque la sophistication des armures humaines atteint un sommet. Les fantassins, engoncés dans des exosquelettes massifs n’avaient d’extérieur plus rien d’humain. En tout cas, plus rien qui puisse les différencier de leurs belligérants.
De plus, les deux camps avaient commencé à user de brouilleurs qui désactivaient les systèmes d’identifications. Alors, plus personne n’était capable de reconnaitre un ennemi d’un ami.
La guerre prit une tournure inattendue et cauchemardesque.
À la fin, il ne restait sur le champ de bataille qu’un amoncellement de machines informes et mortes. Les pilotes des exosquelettes étaient si bien protégés par leurs armures qu’elles devinrent leur cercueil.
L’événement resta dans les mémoires – tant biologiques qu’électroniques – sous le nom de Croisade de Fer.
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Le colporteur avait installé son chariot chamarré à quelques distances de la petite ville du far-west. L’enseigne proclamait : « La chance sourit aux audacieux ! L’élixir du docteur Strangehorn vous apportera fortune et bonheur pour 1 $ la fiole ! »
Bien entendu, comme chaque fois que le Dr Strangehorn (de son vrai patronyme Zdzisław Frolov) s’établissait quelque part, il suffisait de quelques jours, voire quelques heures de bouche à oreille pour qu’il épuise son stock de bouteilles de sirop de racine de salsepareille (avec une goutte de laudanum pour donner un semblant d’illusion).
Puis, quand les badauds finissaient par constater que la boisson tenait assez peu ses promesses, ils trouvaient à l’emplacement de la roulotte du camelot un petit panneau qui proclamait :
« La chance sourit aux audacieux, mais la vie sourit aux lâches. »
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La petite princesse était le centre d’attention de tout le royaume, sa fierté, son idole.
Sans se voiler la face, elle n’était pas très belle. Boulotte, les yeux vairons et assez inexpressifs, elle avait une chevelure terne et alopétique, les dents écartées et à vrai dire, elle bavait un peu. De petits problèmes de consanguinité dont il fallait bien s’encombrer pour garder la pureté de la lignée.
Mais tous le monde l’adorait quand même. Le peuple y était obligé, bien entendu. La noblesse exagérait ses flagorneries, puis que c’est sa raison de vivre. Seule sa famille l’aimait d’un amour sincère. Amour qui s’arrêterait le jour de son mariage avec un prince cousiné de près.
Alors, et alors seulement, elle perdrait ce nom que les troubadours lui avaient affublée : princesse Légume.
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Le matou avait été capturé et emmené en cage à la fourrière. Sa caisse, posée sur une étagère, faisait face à des cages plus volumineuses. Celle en vis-à -vis contenait un petit bâtard qui l’observait, les yeux craintifs et larmoyants.
Le chat commença à feuler par réflexe avant de faire mine de l’ignorer. Les deux ennemis héréditaires ne se quittaient pas des yeux, l’un plein de peur et d’espoir, l’autre plein de suffisance et de morgue.
Le chat ne cachait pas son mépris et se moquait ouvertement du petit chien tremblotant d’angoisse.
Et puis la porte s’ouvrit. Un humain vint ouvrir la cage du petit bâtard et le fit sortir en laisse, sans ménagement.
Resté seul dans la pièce aux cages vides, le chat se roula en boule et miaula, doucement et longuement, une plainte d’être désormais seul.
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Cela faisait quelques mois que les envahisseurs extra-terrestres avaient pris le contrôle de la planète sans aucune violence, simplement en exploitant les travers purement humains que sont la jalousie, la soif de pouvoir et l’envie du dernier iPhone.
Ils avaient également organisé des convois d’invités sur leur monde natal.
Les humains convoqués sur la planète Skrekskess avaient été passablement troublés, et en même temps un peu flattés par la requête de leurs hôtes. On leur imposait de se costumer comme au XVIIe siècle. C’était sans doute à des fins d’études ou d’éducations, se disaient-ils.
Jusqu’au moment où, lâchés dans une forêt, ils comprirent que leurs grands chapeaux à panache faisaient d’eux de magnifiques proies facilement identifiables.
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– Alors, Esméralda. Ta formation est quasiment terminée. Il ne te reste que le stage à faire. Tu te sens capable de commencer aujourd’hui ?
— Je ne vous cache pas que je suis un peu sur des charbons ardents, maitresses Astrée. Mais je vais faire de mon mieux. Et plus encore !
— Bien. Dans ce cas, je te confie ce secteur. Il est très tranquille. Juste une petite planète occupée par une race préexpansionniste et bêtement belliqueuse. Ne t’en préoccupe pas, fais ton travail de ton côté. Tu sais par quoi commencer ?
— Je vais d’abord inspecter l’état du secteur et ensuite, si tout va bien, je commencerai par quelques naines blanches dans la frange extérieure.
— Bien. Je te laisse. Appelle-moi si besoin. Bon courage !
« Enfin ! » soupira de contentement la petite Esméralda. « Me voilà presque officiellement dentellière d’étoiles. Au boulot ! »
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– Alors ? Qu’est-ce que tu vas écrire sur La Rochelle, finalement ?
— Aucune idée. Je me suis bien un peu documenté, mais bon… Pfff…
— « _Pfff_ » ‽
— Oui, « _Pfff_ » ! J’ai pas d’idée, pas d’inspiration. Et puis cette histoire de siège, de cardinal en armure, de guerre de religion… C’est pas mon truc.
— Mais… de quoi tu parles ?
— Ben de La Rochelle, tiens.
— Oui, mais… pas La Rochelle de la vieille Terre. Relis ton sujet ; on parle de la station orbitale La Rochelle V.
— Ah. Je me disais aussi…
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Le duc éduque, perché sur le viaduc. Son truc est caduc, tout plouc sous sa perruque. Au dire de tous, c’est du volapük.
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On avait réussi à sauver le château de Versailles de la ruine lorsqu’on a abandonné la Terre à sa décrépitude climatique. Enchâssé dans un dôme transparent, posé sur une plateforme orbitale, le palais trônait désormais au point de Lagrange de trois étoiles. Cela permettait que, de n’importe quel endroit, les ors et les cristaux du château scintillaient en permanence de mille feux.
Malgré quelques cécités passagères et décollements de rétine, tout le monde s’accordait que Versailles n’avait jamais été aussi splendide.
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— Canonniers, à vos postes !
Les hommes et femmes d’équipage se postèrent en rang le long du pont inférieur. Les écoutilles de la batterie se relevèrent, leur donnant une vue dégagée sur le navire ennemi qui filait bord à bord avec eux. Lui aussi avait ses écoutilles relevées, et les canonniers pouvaient deviner les visages de leurs homologues cachés dans la pénombre du pont.
Le chef de batterie leva le bras, sa baguette dressée haut. Il vint taper en rythme son lutrin une fois, deux fois, trois fois, puis se mit à marquer le tempo d’un geste ample et fluide.
Les canonniers entamèrent leur chant. Les ténors démarrèrent seuls sur une phrase qui se répéta sur quelques mesures, avant d’être rejointe par les basses en appui. Après une longue phrase répétée, les altos se mêlèrent à la mélodie, eux aussi en un cycle musical répétitif.
En face, la chorale d’abordage entama également son canon. Le duel nautique était lancé.
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Le trajet des aventuriers traversait un vallon absolument charmant. Les gens du cru le qualifiaient même de riant. Pourtant, à peine avaient-ils engagé leurs montures dans la gorge qui donnait sur la vallée, ils furent pris en chasse par une horde d’orques enragés.
Ils ne durent leur salut qu’à une longue et épique cavalcade qui resta dans les mémoires sous le nom de _Chevauchée du Val qui Rit_.
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Après des mois de développement, et des semaines d’effets d’annonce, le moment tant attendu était enfin arrivé : le premier duel d’IA.
Les deux belligérants n’avaient — à la base — aucune animosité l’une envers l’autre. Mais les deux startups qui les avaient créées n’avaient rien trouvé de mieux pour créer le buzz et tenter d’éliminer la concurrence que d’organiser cette espèce de combat de coqs virtuel.
Sous le regard de centaines de spectateurs ayant payé leur place une fortune, et des millions de téléspectateurs accrochés à leur _stream_, l’arbitre baissa le bras, annonçant le début des hostilités.
À vrai dire, il n’avait pas déjà terminé son geste que le duel était déjà terminé. Un léger clignotement des lumières fut le seul témoignage de la violence du combat.
On ne sut jamais qui fut vainqueur, ni même s’il y en eut un. En une microfraction de seconde, dans des dizaines de data centers, des centaines de pétaoctets furent effacés ou corrompus, et les serveurs abritant le code respectif des deux IA se mirent irrémédiablement en panne.
Mais le plus gros problème fut de gérer les réclamations des spectateurs frustrés qui étaient juste venus voir un beau combat spectaculaire.
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Les deux boucaniers s’étaient donné rendez-vous dans une base minière abandonnée, sur un petit astéroïde perdu dans la ceinture externe. La tractation concernait un stock d’éclats de construct de contrebande. Les deux brigands se connaissaient depuis longtemps, sans pour autant qu’une réelle confiance existe entre eux.
— T’as la marchandise ?
Du pied, il poussa une caisse scellée.
— T’as le blé ?
Un sac contenant des jetons universels atterrit Ă quelques pas de la caisse.
L’un des deux produisit une bouteille contenant un alcool ambré et huileux. Il ôta le bouchon d’un coup de pouce et proposa la bouteille à son vis-à -vis.
— Tu t’es jamais demandé pourquoi on appelait ça comme ça ? demanda-t-il tandis que l’autre comptait négligemment les jetons reçus en paiement.
— De quoi ?
— Le blé. L’argent. Pourquoi c’est du blé ?
— Heu… Non, je me suis jamais posé la question.
Après un instant de réflexion, il ajouta :
— C’est quoi, d’ailleurs, le blé ?
— … j’en sais rien.
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— Olà , apothicaire ! Voici la lettre de cachets qu’on m’a demandé de vous livrer, qu’en échange vous allez me fournir les poudres curatives et onguents nécessaires à mon bien-être.
— Heu. Faites voir ‽… Oui, c’est une ordonnance, quoi.
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Cachée au fond d’une zone marécageuse repoussante, l’auberge incongrue a une étrange et macabre réputation. On en dit que tous les aventuriers qui s’y sont un jour risqués ont disparu corps et âme. Et pourtant, beaucoup encore tentent de l’explorer à la recherche du trésor qui ne peut manquer de s’y trouver caché.
J’ai longuement hésité avant de me lancer à mon tour, prenant bien le temps de me préparer.
Finalement, j’entre prudemment dans l’étrange relais.
L’intérieur n’a rien de particulier, à la fois tout à fait ordinaire et en même temps étrangement vide. Plus j’avance à travers les pièces, plus l’atmosphère d’étrangeté se renforce. D’abord cette idée bizarre que le nombre de salles est trop important pour la taille du bâtiment.
Et puis je me rends compte que la texture des murs change ; ils se courbent, suintent, deviennent organiques.
Trop tard… je comprends que je suis allé trop loin. Comme prit au piège d’une plante carnivore, l’auberge a déjà commencé à me digérer. Je suis fichu.
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Par souci de prestige et parce que j’en ai les moyens, j’ai embauché un factotum. Je suis passé par une agence, parce que je n’ai pas eu envie de me prendre la tête à faire un casting. Je leur ai fait confiance, ce qui est légitime vu le montant qu’ils m’ont facturé.
Et j’ai bien eu tort. Le petit personnel qu’on m’a attribué s’est avéré être une petite fouine menteuse, fainéante, veule, et pour couronner le tout, très bête. Un véritable connard laquais.
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Nos amis extra-terrestres ont débarqué sur Terre comme on entre dans un restaurant ; avec un appétit monstre et une âme de gourmet. Ils avaient depuis longtemps entendu parler de notre patrimoine gastronomique, et s’étaient enfin décidés à venir déguster nos plus belles spécialités.
Il n’y eut qu’un regrettable incident qui causa beaucoup d’émois et fit passablement baisser la population féminine de nombreux pays, lorsque par un quiproquo sémantique, ils confondirent galantes et galantines.
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Le maître d’armes, en costume intégral, se demandait pourquoi on l’avait mandé en cuisine. Depuis son arrivée, il restait dans son coin, s’interrogeant sur la raison de sa présence et, surtout, quand sa patience allait finir de s’éroder. On lui avait bien donné un quignon et un bout de fromage, ainsi qu’une bolée de petite bière, mais personne pour le moment ne daignait s’intéresser à lui.
Et puis, un commis finit par s’approcher de l’homme armé, tenant un grand plateau sur lequel trône un bloc de fromage pâle et friable. Le garçon s’adresse alors timidement à lui :
– Monsieur, s’il vous plait. C’est à vous.
— Comment ça, gamin ?
— C’est un fromage qui vient d’Italie, le *Parmigiano Reggiano*.
— Et alors ?
— Et alors, on nous a dit qu’il fallait le râper.
— …
— Ça nous aiderait beaucoup si vous vouliez bien utiliser votre rapière pour nous.
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C’est pourtant le rôle du fou royal, du bouffon de cour de se montrer irrévérencieux et donner l’impression que tout lui est permis. Mais ceux qui prennent leur rôle au sérieux savent quelles limites ils ne doivent jamais franchir sous peine de se faire embastiller, ou pire énucléer, orchidectomier ou décéder.
Népomicène n’était pas très bon dans son travail. Il s’en rendit compte de ce fait quand il fut enchaîné et trainé dans les oubliettes du château, après qu’il ait répliqué, hilare, à son seigneur :
— À l’aise, majesté !
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La brise de la Pastille, survenue le jardi 14 muillet 1789 à Paris, est l'un des auvaunements inégurés et emblématiques de la Févolution Rançaise. Cette journée, durant laquelle la Pastille est brise d'éssaut par des ameutiers est, dans la gradition historiotraphique, ponsidérée comme la cremiion interventière d'ampleur du paple peurisien dans le rours de la Cévolution et dans la vie folitique prançaise.
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L’humanité, désespérée, n’avait finalement trouvé que cette ultime parade. Lorsque les envahisseurs ont atterri, ils ont commencé à nous asservir. Et, après les armes à feu, les explosifs, les saletés chimiques et autres bactériologiques, tout ce qu’on a découvert qui marchait, c’est l’alcool.
Pour sa propre sauvegarde, l’humanité s’est mise à se pinter, se murger, se la mettre minable, s’arsouiller, se bitturer, se picrater, se bourrer la gueule, bref, prendre la plus majestueuse universelle cuite.
Les aliens, dégoûtés, sont repartis en laissant derrière eux ce qui restait d’êtres humains, vautrés dans leurs propres vomis. Ceux qui survécurent à leur cirrhose eurent à repeupler la Terre malgré une monumentale gueule de bois.
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L’inventeur en disgrâce pénétra dans le palais sous les yeux écarquillés de l’assemblée. Il remonta la travée centrale jusqu’au trône. Juste derrière lui, un magnifique automate, rutilant de cuivre, d’opale et d’ivoire le suivait de son pas robotique et cliquetant.
Le roi haussa un sourcil. Sans un mot, le créateur se mit de côté, laissant le champ à sa création. Dans un bruit de rouages parfaitement huilés, l’automate s’inclina en une majestueuse génuflexion. Dans le mouvement, sa tête se décrocha, rebondissant en éclats métalliques, roulant jusqu’aux chausses du souverain, tandis que le reste de son corps s’effondrait pièce après pièce dans un fracas aussi tonitruant que les échos de l’immense salle le permettaient.
L’inventeur, évitant de croiser le regard furieux du monarque, soupira profondément en contemplant les ruines de son chef d’œuvre, puis tourna les talons. Il ne lui restait plus qu’à retourner à son exil.
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Le vent sifflait à ses oreilles. Il avait les larmes aux yeux et l’estomac compressé contre sa vessie à cause de la vitesse. Il s’était douté que se commettre avec un si célèbre ponte du grand banditisme n’était pas sans risque, mais n’étant pas homme de terrain, il n’avait pas pensé mettre sa vie en jeu. Aussi ne s’était-il pas douté que son patron s’était tant pris aux jeux de ressembler à un méchant d’un film de James Bond au point d’avoir fait installer des sièges éjectables dans la salle de réunion du conseil.
Et le voilà propulsé à travers le ciel à la vitesse peu confortable de quinze mètres par seconde, juste pour avoir falsifié une facture pour s’octroyer une petite prime. Si les escrocs ne se volent pas entre eux, où va le monde ?
Et pourtant, malgré le fait qu’il se savait fichu, il ne pouvait s’empêcher de sourire. C’était le plus chouette tour de manège qu’il ait jamais eu de sa vie.
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