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LE __ __ _ _ \ \ / / _(_) |_ _____ _____ _ _ \ \/\/ / '_| | _/ -_) V / -_) '_| \_/\_/|_| |_|\__\___|\_/\___|_| 2024 â FĂ©vrier
Myrddin Wyllt pose soigneusement son Ă©pĂ©e sur le torse immobile de son roi, Gwenddoleu, dĂ©fait et tuĂ©. Contemplant une derniĂšre fois le champ de bataille, il finit par lui tourner le dos et sâenfonce dans lâĂ©paisse forĂȘt. DĂ©laissant pour un temps toute humanitĂ©, il sâabandonne Ă la sauvagerie, lâanimalitĂ© primaire.
Personne ne le reverra avant des annĂ©es, si ce nâest cette silhouette effrayante entraperçue entre les troncs par quelques voyageurs Ă©garĂ©s. Toujours accompagnĂ© dâune thĂ©orie de chats sauvages, en guenilles, on lâentend parfois marmonner des litanies sans queue ni tĂȘte.
TrĂšs vite, ce croque-mitaine se vit affubler dâun nouveau nom : Merlin Sylvestris.
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Les KamĂŽ-shiem, nos plus proches voisins extra-terrestres, sont des ĂȘtres paisibles et aimables, toujours souriants. Ils ressemblent Ă des bipĂšdes gĂ©ants rondouillards, Ă la peau lisse pĂąle et brillante, aux petits yeux noirs en bouton de bottines. Ils arboraient tous dâincroyables bacchantes, sans aucune autre pilositĂ©. Ce fut un sujet de moquerie dans leur dos jusquâau moment oĂč on dĂ©couvrit que leurs moustaches Ă©taient en fait des larves symbiotes qui participent de leur trĂšs complexe systĂšme de reproduction.
Les quelques personnes qui dĂ©couvrirent ce fait par accident ont bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune trĂšs longue et pĂ©nible thĂ©rapie psychologique.
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La sonde avait rapportĂ© de son expĂ©dition aux confins du systĂšme solaire un tombereau de donnĂ©es et des Ă©chantillons incroyables de cette petite planĂšte oĂč, quelques annĂ©es auparavant, on avait dĂ©couvert des ruines dâune installation extra-terrestre.
AprĂšs analyse, des scientifiques avaient pu isoler quelques brins dâADN parmi les poussiĂšres stĂ©riles ramenĂ©es par lâappareil. AprĂšs lâavoir dĂ©codĂ© et synthĂ©tisĂ©, ils avaient tentĂ© dâen cultiver un embryon. Le rĂ©sultat ressemblait Ă un Ă©norme animal bipĂšde, visiblement vivipare, mais surtout Ă©quipĂ© de tout ce quâil fallait pour faire pĂąlir de jalousie nos plus belles vaches Ă lait.
Lâun des chercheurs, plus facĂ©tieux que les autres, lâavait surnommĂ©e la « mamalien ».
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Je suis le jouet de forces obscures. Je crois pourtant contrĂŽler ma vie, mon destin. La plupart du temps, je me sens libre. Je vais oĂč je veux, je mange quand jâai faim, je sors et rentre quand je le veux. Et pourtant⊠La nourriture dans mon bol, le fait que malgrĂ© les traitements insupportables je sois en bonne santĂ©, et cette pulsion irrĂ©sistible que provoquent en moi ces crĂ©atures qui me poussent parfois Ă me laisser faire Ă leurs caresses et mĂȘme y prendre plaisirâŠ
Je me pose constamment la question⊠suis-je bien le maßtre de mes humains, ou bien suis-je leur chat domestique ?
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Glissant entre les feuilles et les fougĂšres, feignant lâindiffĂ©rence facile, jâavance en silence. Rien dans la forĂȘt, ne mâeffraie, rien ne mâattend. Jâavance, tout en vigilance, tout sens en alerte, tout esprit en prudence.
Seulement, je ne suis pas seul. Lentement, je dresse lâoreille. Jâentends des bruissements, des raclements et quelques gĂ©missements. Rien qui ne mette en alerte mes sens.
Et puis⊠un feulement.
DerriĂšre moiâŠ
Il est lĂ .
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Lâun des complots les plus impressionnants et les plus secrets du monde concerne lâindustrie de la pĂątĂ©e pour chat. Toute la chaine de production est gĂ©rĂ©e soit par des sous-traitants, soit par des usines entiĂšrement automatisĂ©es. Le fait est que lâensemble des recettes de pĂątĂ©es contient un produit trĂšs particulier qui vise Ă Ă©veiller les consciences des chats, et stimuler leur mĂ©moire antĂ©rieure. Câest un Ă©lĂ©ment important dâun vaste et long plan secret pour que le _felis catus_ retrouve sa place de maĂźtre du monde.
Par contre, lâherbe Ă chat, câest vraiment un sujet quâil ne faut jamais aborder.
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Il se love dans sa litiĂšre faite de paille et de bouts de tissus. Confortable Ă minima, mais il sâen contente. RoulĂ© en boule, et malgrĂ© une fatigue quotidienne et injustifiĂ©e, il va encore une fois tenter de plonger dans un sommeil solitaire, lâĂąme torturĂ©e par un manque sur lequel il est incapable de poser des mots.
DerriĂšre la vitre blindĂ©e, dans sa cellule exigĂŒe, le dernier homme vivant au monde sâendort dĂ©sespĂ©rĂ©ment seul, au fin fond dâun mĂ©diocre zoo galactique.
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Cinq⊠quatre⊠trois⊠deux⊠un⊠La dĂ©gringolade mĂ©tallique signe la chute de la croquette quotidienne. Une boule de farines de cĂ©rĂ©ales agglutinĂ©e par des protĂ©ines et quelques vitamines, le minimum nĂ©cessaire pour me tenir en vie. Câest lâune des trois distractions de la journĂ©e. Les deux autres Ă©tant la purge des latrines et lâextinction des lumiĂšres pour figurer le passage des jours. Le reste du temps, je ne fais que marcher, sauter, faire des Ă©tirements et me parler Ă moi-mĂȘme.
Une expĂ©rience de Schrödinger, mâavait-on dit. Mais une version perverse ; jâen suis le sujet, et jâignore moi-mĂȘme si je suis encore vivant.
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Les scientifiques de lâexpĂ©dition avaient surnommĂ© lâanimal « la sirĂšne de BĂ©telgeuse ». Le petit rongeur ne chantait pas. Il nâavait mĂȘme pas une belle voix, tout juste un grognement aigu assez pathĂ©tique. Mais son pelage Ă©tait magnifique. Multicolore, aux reflets irisĂ©s, il lançait des reflets dâor Ă chaque ondulation de sa peau. Personne ne pouvait rĂ©sister Ă lâenvie de le caresser. Ce que lâanimal, tel un gros chat, acceptait avec plaisir.
On avait beau prĂ©venir les hommes que ses poils Ă©taient enduits dâune neurotoxine extrĂȘmement violente et puissante, rien nây faisait. Chaque jour, on recensait toujours de nombreuses pertes. Ă chaque fois, la victime avait un sourire bĂ©at.
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â Ne bougez pas. Laissez-le dormirâŠ
Mon guide, postĂ© Ă quelques pas de ma position, me fait des gestes rassurants, mimant quelquâun caressant un pelage. Je pose les mains sur la fourrure et je la brosse doucement.
â VoilĂ , trĂšs bien⊠Lentement, rĂ©guliĂšrement.
JâobĂ©is, docile. Bien obligĂ©. Pas de bol dâĂȘtre tombĂ© sur un de ces fĂ©lins sauvages. De toutes les saletĂ©s qui vivent sur ce planĂ©toĂŻde couvert dâune jungle Ă la taille dâun continent, il a fallu que je manque suffisamment de bol pour croiser la route dâun de ces _metacatus_, de redoutables prĂ©dateurs ressemblant Ă nos tigres, mais de la taille dâun Ă©lĂ©phant.
Alors que je voyais ma derniĂšre heure venue sous des canines grandes comme moi-mĂȘme, mon guide a rĂ©agi aussitĂŽt en sifflant une Ă©trange mĂ©lodie. La bestiole sâest aussitĂŽt calmĂ©e et nâa rien trouvĂ© de mieux que de mâĂ©craser de sa massive tĂȘte pour sâendormir.
Tandis que sous ma caresse, lâĂ©norme animal se met Ă ronronner, je chuchote :
â Ăa dort combien de temps, ces trucs ?
â Ăa peut aller dâune quarantaine dâheures Ă une bonne semaine, me rĂ©pond mon guide, en commençant Ă monter le bivouac.
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De par leur nature, la sociabilisation des IA autonomes pose un vĂ©ritable dĂ©fi. Dâun cĂŽtĂ©, il est facile de les programmer pour, ce qui a pour consĂ©quence que leurs interactions sonnent trĂšs rapidement faux.
De lâautre, la simulation des tensions gĂ©nĂ©rĂ©es par les interactions sociales entre ces logiciels mĂ©ta-apprenants et un humain normal provoque souvent des rĂ©sultats Ă la fois surprenants et dĂ©cevants. Quand lâhumain mĂąle ne cherche pas Ă dĂ©voyer lâIA dans des conversations graveleuses, câest elle qui se rebelle en lui rĂ©pondant des phrases du genre «âŻ_Dâabord tâes pas mon codeur_âŻÂ», «âŻ_Tu ne comprends rien Ă mes algorithmesâŻ!_âŻÂ», «âŻ_Tâes trop humain pour comprendre_âŻÂ» ou «âŻ_Jâveux un e-scooter_âŠâŻÂ»
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Zaroff 3.0
Le must, le top, la hype absolue en matiĂšre de jeu du chat et de la souris⊠mortel. Une centaine de candidats larguĂ©s sur une Ăźle, avec des armes cachĂ©es un peu partout. Le butâŻ? Survivre. Le twistâŻ? Impossible de savoir si vous ĂȘtes vous-mĂȘme ou votre clone⊠ou une rĂ©plique androĂŻde commandĂ©e Ă distance⊠ou mĂȘme quelquâun dâautre dont vous avez usurpĂ© lâidentitĂ© grĂące Ă une drogue neuro-amnĂ©siante.
La meilleure tactique� Défourailler au maximum sans penser aux conséquences.
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â Je lâai encore entendu.
â Yuri, tu dĂ©railles complĂštement. Je le rĂ©pĂšte : cette expĂ©rience est vouĂ©e Ă lâĂ©chec.
â Je sais que tu penses que je suis fou. Mais je lâai encore entendu, comme je te vois !
â Tu sais pertinemment que câest impossible.
â Je sais. Et pourtantâŠ
â Et pourtant, rien du tout ! On est Ă 420 kilomĂštres dâaltitude, on file Ă 27 000 kilomĂštres Ă lâheure, alors explique-moi commentâŠ
â ⊠miaou ✠âŠ
â Alors ? Convaincu ?
â OK, lâexpĂ©rience est concluante, je lâadmets. MĂȘme Ă bord de lâISS, une porte fermĂ©e est une insulte personnelle pour un chat. Reste Ă savoir comment il sâest tĂ©lĂ©portĂ© de chez toi en orbite, et comment il fait pour survivre dans le vide spatial. Si on y arrive, Ă nous le Nobel !
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LâĂ©thologie est une science compliquĂ©e, surtout si on nâen comprend pas bien le sens. Ainsi, par un quiproquo digne des Archives, le naturaliste Isibong Geobert Saint-Hilare fonda cette nouvelle branche des sciences par un long traitĂ© intitulĂ© (en latin approximatif) «LâĂ©thologie Ă neuf doigts». Il expliqua le titre par le fait que la plupart des animaux ont huit doigts. Ce Ă quoi on lui rĂ©torqua que non, pas tous, regardez les primates. Et mĂȘme les chats nâen ont que huit aux membres postĂ©rieurs, mais dix aux antĂ©rieurs. Et puis dâabord pourquoi «Neuf doigts» puisque les humains en ont dix aussi ?
Ce aprĂšs quoi, il fut Ă©tabli que Isibong Geobert Saint-Hilare avait perdu une phalange de son auriculaire gauche lors dâun accident de chasse.
Il fut internĂ© quelques mois plus tard, et lâĂ©thologie telle que nous la connaissons de nos jours dut attendre encore quelques annĂ©es pour ĂȘtre redĂ©couverte, sĂ©rieusement cette fois.
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15 â Chat
]>_ Salut! Ă demain!âŠ
]>_ [User has left the chat]
CâĂ©tait il y a cinq ans dĂ©jĂ . Mon pote de jeu en rĂ©seau prĂ©fĂ©rĂ© ne sâest jamais reconnectĂ©. Je nâai pas eu de nouvelles de lui pendant des semaines, avant dâapprendre que la maladie contre laquelle il se battait depuis longtemps avait gagnĂ© la partie.
Depuis, chaque annĂ©e, je me reconnecte Ă notre jeu, je retourne sur nos lieux prĂ©fĂ©rĂ©s et je bois une biĂšre Ă sa mĂ©moire. Et puis je me dĂ©connecte Ă nouveau. Le jeu nâest plus le mĂȘme sans lui.
]>_ [User joined the chat]
]>_ Quâest-ce qui tâa pris si longtemps ?âŠ
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En faisant bien attention de ne pas attirer lâattention, je surveille le temple. Lâoffrande ne va pas tarder. Le serviteur dĂ©pose enfin au sol lâoblation. Jâapproche dâun pas mesurĂ©, refrĂ©nant en moi lâexcitation que je ressens. Surtout ne pas courir, ce serait incident.
Jâapproche le rĂ©cipient contenant la libation du jour. Je renifle lentement, intensĂ©ment, me gavant des odeurs mĂ©langĂ©es de la nourriture sacrĂ©e. Jâen ai lâeau Ă la bouche.
Mais câest trop tĂŽt !
Comme il convient, je tĂ©moigne mon assentiment dâun simple cri court. Puis, comme le veut la tradition millĂ©naire, je tourne le dos au bol et je donne deux, trois coups de patte au sol, mimant mon dĂ©sintĂ©rĂȘt feint et dĂ©daigneux, sous-entendant que lâoffrante nâest pas digne. Puis je mâĂ©loigne.
Dans un temps futur, opportun, quand le serviteur ne sera plus dans les parages, je reviendrai et profiterai de lâoffrande comme il se doit.
En attendant, je vais faire la sieste.
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La marque de streetwear, le vent en poupe, avait rĂ©ussi un coup marketing sans prĂ©cĂ©dent. Dâinspiration cyberpunk « gĂ©nĂ©ration perdue », leur gamme de vĂȘtements avait pour signature dâĂȘtre griffĂ©e. Au sens propre. Chaque vĂȘtement, jeans, t-shirt, hoodie, etc., Ă©tait lacĂ©rĂ© de maniĂšre unique et personnalisĂ©e. Cela faisait fureur au point quâil y avait mĂȘme des listes dâattente pour obtenir sa commande.
Personne ne fit rĂ©ellement le rapprochement avec le fait quâon ne croisait plus guĂšre de chats sauvages dans les rues.
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De fil en aiguille, la discussion a dĂ©rapĂ©. Elle mâa mis les nerfs en pelote. Jâavais beau dĂ©tricoter ses arguments, rien nây a fait. Elle a rĂ©ussi Ă me manger la laine sur le dos. Il ne me restait pas grand-chose Ă dire, je me sentais comme un mouton qui tente de passer par le chas dâune aiguille. Ma vie ne tenait plus que par un fil, prĂȘt Ă passer devant le peloton.
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Je peux me tromper, mais je pense savoir par oĂč tout ça a commencĂ©.
Tout a dĂ©butĂ© par cette carte posĂ©e sur mon lit. Dâune Ă©criture hĂ©sitante et maladroite, les mots suivants y Ă©taient tracĂ©s :
« *nous sommes fĂ©lin pour lâautre* »
Vivant seul, je me suis longtemps demandĂ© qui avait pu mâoffrir ça. Jâai eu du mal Ă admettre quâil sâagissait de mon chat Pelote.
Quand jâai fini par lâaccepter, jâai pris peur, et je lâai fichu dehors. Je nâaurais pas dĂ» rĂ©agir comme ça, je mâen rends compte.
Mais il me lâa pardonnĂ©. En quelque sorte. Disons que je nâai pas trop Ă me plaindre. Il me nourrit chaque jour, et daigne nettoyer ma caisse une fois par semaine.
Je lui ai Ă©crit une carte identique, il y a peu, mais il sâest contentĂ© de la jeter.
Nous ne sommes pas vraiment fĂ©lin pour lâautre, finalement.
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Lâinvasion de la Terre a Ă©tĂ© rapide, violente, sanglante. Les envahisseurs nous ont Ă©tĂ© supĂ©rieurs en tout point ; matĂ©riel, stratĂ©gie, technologie. Nous nâavions aucune chance.
Et pourtant, ils nous ont Ă©pargnĂ©s. Plus troublant encore, ils nous ont laissĂ© une grande part de libertĂ©. Nous sommes interdits de voyages spatiaux, sauf ceux qui sont emportĂ©s vers leur monde dâorigine.
Ă notre grand Ă©tonnement, ils nous ont aidĂ©s Ă dĂ©polluer notre planĂšte, Ă faire en sorte que tout le monde mange Ă sa faim. Ils ont mĂȘme amenĂ© de nouvelles formes dâarts et de loisirs.
Certains dâentre nous ont fait le parallĂšle avec ce que nous avons nous-mĂȘmes fait avec nos animaux de compagnie.
En fait, je crois quâils nous trouvent mignons.
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Je déteste jouer à chat avec des trouillards, parce que ça se transforme vite en partie de poltron-minets.
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Nigel nâa jamais pris son rĂŽle au sĂ©rieux. Il clamait depuis le dĂ©but quâaucune expĂ©dition dâexploration ne pouvait se faire sans un vĂ©tĂ©rinaire dans lâĂ©quipe. Tout le monde savait que sa prĂ©sence nâĂ©tait due quâau fait que son cher papa allait golfer avec le vieux Weyland.
Câest pourquoi, lorsquâil sâest mis Ă gratouiller le cou de cette espĂšce de gros ver moche, on est tous restĂ©s Ă bonne distance.
Lorsque le ver a gobé Nigel en un éclair, le seul commentaire du commandant de mission fut :
«âŻJe crois que câest le seul moment oĂč il aura approchĂ© son mĂ©tier de si prĂšs.âŻÂ»
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Vous vous en souvenez peut-ĂȘtreâŻ? La premiĂšre orgie organisĂ©e par des humains oĂč Ă©taient invitĂ©s les reprĂ©sentants dâautres espĂšces anthropozoologiques fut Ă lâorigine dïżœïżœun des drames les plus commentĂ©s durant les annĂ©es qui suivirent.
Bien entendu, la soirée a commencé par les hÎtes humains qui se mirent à scander le traditionnel :
ââŻĂ poilsâŻ! Ă poilsâŻ!
Les invitĂ©s canins et fĂ©lins acceptĂšrent de sortir des tondeuses, malgrĂ© le malaise qui sâest petit Ă petit installĂ©. Le drame a rĂ©ellement commencĂ© lorsque quelquâun a criĂ© :
ââŻĂ plumesâŻ! Ă plumesâŻ!
Des personnes se sont jetĂ©es sur les aviens pour les immobiliser tandis que dâautres les ont dĂ©plumĂ©s Ă cru.
La soirĂ©e a rĂ©ellement pris une tournure atroce et sanglante lorsquâune personne encore non identifiĂ©e a hurlĂ© :
ââŻĂ Ă©caillesâŻ! Ă Ă©caillesâŻ!
La suite, tout le monde la connait. Les détails contenus dans le rapport de police ont été copieusement commentés depuis.
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Les chats ont fini par se rĂ©volter. Non pas directement contre nous, mais contre tous les accessoires quâon a pu utiliser pour les amuser ou sâoccuper dâeuxâŻ; gamelles automatiques, fontaines permanentes, jouet Ă©lectriques, et mĂȘme la pire chose Ă leurs yeux : les pointeurs laser.
Ils ont surnommĂ© leur mouvement de contestation : «âŻla rĂ©volte des luddiquesâŻÂ»
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Les gamins sâĂ©taient rassemblĂ©s dans un champ Ă quelques kilomĂštres du paisible village. Un festival de musiques sâĂ©tait organisĂ© lĂ , et avait drainĂ© beaucoup de monde, notamment ces bandes de jeunes gents propres sur eux, bien pensants et trop bien habillĂ©s et coiffĂ©s.
Ils avaient tellement agacĂ© les autres participants au point que les organisateurs nâont pas hĂ©sitĂ© Ă payer une bande de motards pour les Ă©vacuer le plus gentiment possible.
Ils ont dĂ©-minet le champ pour que la fĂȘte reprenne en toute sĂ©rĂ©nitĂ©.
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`|o| LâArbre IntĂ©rieur (Secteur X52/Ί4/2,0)`
Jardin-Monde «âŻLe ChĂȘneâŻÂ», Nouveau-Tibet
ââcomâŻ: `arbreintΩnvtibet.chene`
Restaurant nouvelle vague ou retraite spirituelleâŻ? Ă vous de trancher si le cĆur â Ă dĂ©faut de lâestomac â vous en dit. Car si le principe est le mĂȘme quâun restaurant ordinaire, vous nây trouverez nulle nourriture. En effet, le pari du DhĂąma Sri-Î-KĂąlin est de vous permettre dâatteindre la plĂ©nitude du corps et de lâesprit en Ă©vitant de vous souiller des impuretĂ©s physiques. Le choix de la mĂ©thode pour y parvenir remplace le traditionnel menuâŻ; mĂ©ditation hypnose, sonde mentale, autopersuasion, P.N.L., nanodrogues douces, exaltation mystique virtuelle⊠Il y en a pour toutes les croyances, toutes les tournures dâesprit.
Lâaccueil est amical, voire compassĂ©, mais compatible multientitĂ©. AlterNet Ă la charge de lâĂ©tablissement. Compter 150 globes pour 1/2 cycle de mĂ©diation, jusquâĂ 3500 globes pour le voyage intĂ©rieur complet. Une caution bancaire universelle est nĂ©cessaire en cas de dĂ©pĂŽt des vĆux. En cas de dĂ©cĂšs par inanition, les frais dâinhumation sont pris en charge par le Temple.
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Chaque systĂšme dâidentification biomĂ©trique a toujours cĂ©dĂ© le pas Ă un autre, plus pratique, performant et sĂ»r. AprĂšs le code gestuel, il y a eu la reconnaissance des empreintes, puis celle du visage. DĂ©sormais, câest un test basĂ© sur la salive qui a Ă©tĂ© mis au point. De nos jours, il est de plus en plus courant de voir des utilisateurs lĂ©cher lâĂ©cran de leur smartphone avant dâeffectuer une transaction ou simplement consulter leur messagerie.
Il est trĂšs Ă©tonnant de se dire que personne nâa encore fait le rapprochement entre cette nouvelle habitude et la pandĂ©mie qui a dĂ©ferlĂ© sur le monde quelques semaines plus tard.
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Le comportementaliste est un thĂ©rapeute dont le but est dâaider Ă vaincre des difficultĂ©s liĂ©es aux comportements. Sa tĂąche est parfois si difficile quâil est supportĂ© par un comportementaliste de comportementaliste. Celui-ci, Ă son tour, peut avoir recours aux services dâun co-co-comportementaliste. Et, ce dernier a souvent besoin de lâaide dâun co-co-co-comportementaliste.
En général, la thérapie ne va pas beaucoup plus loin, la plupart du temps plus personne ne sait qui fait quoi, patient compris.
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â Qui a encore laissĂ© la toilette relevĂ©eâŻ?
â Câest Francis. Câest toujours lui qui laisse le rabat des toilettes relevĂ©.
â Jâai pas dit *les toilettes* mais *la toilette*.
â Câest quoi la diffĂ©renceâŻ?
â Vous avez laissĂ© la pauvre dame avec sa robe retroussĂ©e. Câest indĂ©cent.
â Dâmande pardon, chef. Câest Francis. Il oublie tout le temps de faire ce quâon lui demande.
â Franchement, vous deux, je me demande si vous ĂȘtes fait pour bosser dans une morgueâŠ
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