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Une histoire de rasoir

Ces derniers jours, une partie importante de mes contemporains sur Twitter semble avoir sombrĂ© dans la dĂ©raison. Ma *timeline* s'est changĂ©e en spectacle d'hystĂ©rie collective sur l'affaire EU Disinfolab, et cela me navre. Peut-ĂȘtre n'ai-je pas les bonnes informations, ou bien ne suis-je pas capable de voir le tableau dans son ensemble pour faire ce que je perçois comme un saut vers la conclusion.

Rappel des faits

Durant l'affaire Benalla, Nicolas Vanderbiest, blogueur et chroniqueur radio connu pour ses analyses des rĂ©seaux sociaux, s'est fendu d'un message oĂč il prĂ©tendait que la majoritĂ© des tweets provenait de quelques comptes hyperactifs.

C'est exact, on rate un peu de sensationnalisme : 2600 comptes ont Ă©crit 1,7 m des presque 4 m de tweets
— @Nico_VanderB, 30 juillet 2018 à 04:45

30 juillet 2018 Ă  04:45

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Devant les nombreuses critiques, l'ONG EU Disinfolab qu'il a cofondĂ© a publiĂ© son Ă©tude du phĂ©nomĂšne. L'information a d'abord fait l'objet d'un article de *BFMTV*, puis de *L'Opinion* avant de tomber dans les mains de l'AFP. Une fois la dĂ©pĂȘche de celle-ci lancĂ©e, le cirque mĂ©diatique habituel s'est jouĂ© dans les mĂ©dias traditionnels.

EU Disinfolab

Son étude du phénomÚne

Article de BFMTV

Article de L'Opinion

Article de l'AFP

LĂ  oĂč j'entre en scĂšne

J'ai été appelé par une amie le mercredi 8 août au soir. Elle me demandait mon avis sur des tweets affolés clamant un fichage politique. EU Disinfolab aurait publié l'ensemble des comptes ayant tweeté sur l'affaire Benalla, ce que l'on pourrait assimiler à un fichage par opinion politique, répréhensible par la loi. AprÚs avoir tenté de vérifier la légalité d'une telle liste, j'ai plongé dans les fichiers qui nous étaient accessibles en lien dans l'étude.

Le premier fichier contenait une liste de 55 000 comptes Twitter, associés à un nombre de tweets. Le second ne contenait que 3890 comptes, les *hyperactifs* censés avoir propagé le plus de rumeurs et de fausses informations.

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J'apprendrai plus tard l'existence d'un troisiĂšme fichier, supprimĂ© alors, sur lequel nous reviendrons. C'est une inexactitude toute bĂȘte qui m'aura mis sur la piste que je vais vous prĂ©senter aujourd'hui. Le nombre de comptes hyperactifs ne correspondait pas Ă  celui annoncĂ© par l'Ă©tude : 3378.

Les comptes hyperactifs identifiés (3378 comptes représentants les 1% les plus actifs sur le sujet) possÚdent depuis leur création une moyenne de tweets émis entre 46 000 et 63 000.

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De mĂȘme, aucune mention de 55 000 comptes dans l'Ă©tude, qui dit avoir analysĂ© une masse de 247 701 comptes. D'oĂč sort ce fichier ? Comment a-t-il Ă©tĂ© constituĂ© ? Pourquoi s'arrĂȘter Ă  55 000 ?

Entre le 19 juillet et le 3 août, plus de 4,5 millions de tweets en français ont été échangés sur ce sujet par plus de 247 701 auteurs différents.

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Je remarquais également que le nombre de tweets différait entre les deux fichiers. Cela m'intriguait au plus haut point, et c'est pourquoi j'ai décidé de m'intéresser de plus prÚs à cette affaire.

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L'investigation nocturne

Une méthodologie douteuse

L'aspect général de l'étude reprend la forme d'une étude scientifique assez classique, avec résumé au début, une partie méthodologie et une partie d'analyse plus poussée. Cependant, la partie méthodologie n'explique quasiment rien à ce sujet. Il y a bien quelques termes scientifiques çà et là, mais elle manque cruellement de rigueur. Aucune explication réelle n'est donnée sur comment sont constitués les fichiers, comment les reproduire, ou quelle méthode statistique utiliser. La seule tentative d'explication est celle-ci :

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Une fois les donnĂ©es rĂ©cupĂ©rĂ©es, elles ont Ă©tĂ© comparĂ©es Ă  des listes que EU Disinfolab avait prĂ©alablement Ă©tablies. Sur quelles bases ? OĂč sont ces listes ? Comment ont-elles Ă©tĂ© Ă©tablies ? MystĂšre. Le passage qui m'a fait le plus tiquer est celui-ci :

Comment identifie-t-on un russophile ? [
] Sur base de deux mois d'activité en février et mars 2017, nous avons identifié les 5000 personnes qui partageaient le plus le contenu de Russia Today et Sputnik en France.

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Or, le site web de EU Disinfolab nous apprend dans sa page About us que l'idĂ©e d'une ONG fut abordĂ©e lors de l'Ă©vĂšnement Disinfolab de septembre 2017. Donc ces listes prĂ©-datent la crĂ©ation mĂȘme de l'ONG ? Autrement dit, en caricaturant un peu, ces personnes se font leurs propres listes dans leur coin sans que l'on sache comment, les utilisent dans une Ă©tude sans les ajouter au *dataset* et comme le dit l'adage populaire « paf, ça fait des Chocapics ». On croit rĂȘver. Pas Ă©tonnant, dĂšs lors, que la mĂ©thodologie « a ses limites voire des contradicteurs », comme nous pouvons le lire.

About us

Nous avons mis en place une méthodologie qui peut avoir ses limites, voire des contradicteurs.

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Au-delĂ  du fond, la forme de l'Ă©tude manque Ă©galement de rigueur. Alors qu'un site web fonctionnel est Ă  leur disposition, les auteurs prĂ©fĂšrent placer leurs Ă©tudes sur une plateforme tierce, Adobe Spark. Pire, le tĂ©lĂ©chargement du *dataset* est proposé  sur un hĂ©bergement Free. Cela est la marque d'un amateurisme flagrant. On pourrait Ă©galement se demander pourquoi le site de EU Disinfolab n'utilise pas une connexion sĂ©curisĂ©e en HTTPS, ce qui est la norme de nos jours et proposĂ© en quelques clics par leur hĂ©bergement Gandi[1]. Et surtout, pourquoi ne pas anonymiser la liste des comptes, ce qui est trivial pour qui utilise Python ?

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Les traitements statistiques ont été réalisés via Python, Excel et Tableau Software.

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À ce stade, nous sommes en droit de nous demander quelle scientificitĂ© cette Ă©tude peut avoir. Nous avons une ONG qui pond une Ă©tude comme une amatrice, qui a toutes les allures d'une Ă©tude un tant soit peu sĂ©rieuse mais qui, pourtant, possĂšde de sĂ©rieuses lacunes mĂ©thodologiques. Je serais bĂȘte et mĂ©chant, je dirais que tout semble avoir Ă©tĂ© fait pour attirer le journaliste qui va juste lire le rĂ©sumĂ© et recopier la dĂ©pĂȘche AFP[2]. C'est pourquoi il Ă©tait lĂ©gitime de se demander quelles personnes ont participĂ© Ă  cette Ă©tude.

Les tĂȘtes d'une ONG

L'analyse des mĂ©tadonnĂ©es des fichiers en tĂ©lĂ©chargement nous indique qu'ils ont Ă©tĂ© modifiĂ©s sur un Mac le 7 aoĂ»t Ă  8h47 par Alexandre Alaphilippe. Ce qui est une bonne information, puisque l'Ă©tude elle-mĂȘme n'est pas signĂ©e[3].

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C'est ici que l'on commence Ă  renifler qu'il y a anguille sous roche. Alaphilippe, visiblement fier de son travail, ne peut s'empĂȘcher de tweeter Ă  son propos :

Ce champ de recherche est nouveau et nécessite des confrontations méthodologiques.
— @AAlaphilippe, 8 aoĂ»t 2018 Ă  00:33

8 août 2018 à 00:33

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Or, Alexandre Alaphilippe n'est pas un scientifique. C'est un « spécialiste de la communication digitale (sic) et des médias sociaux (re-sic) » comme le suggÚre la traduction approximative trouvée sur le site de son agence Digital Maniak.

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Digital Maniak

Alors, qui est le ou la scientifique derriÚre cette étude ? Cherchons ensemble. Le site web de EU Disinfolab nous offre trois noms en tant que co-fondateurs : Alexandre Alaphilippe, Nicolas Vanderbiest et Gary Machado. Ce dernier étant un conseiller technique pour les ONG, le premier un communicant, ne reste en toute logique que Nicolas Vanderbiest. Je ne vais pas en dire grand chose dessus, tout simplement parce que les informations que l'on a à son sujet sont parcellaires, malgré qu'il soit connu. Vanderbiest, le seul scientifique de l'équipe ? S'il est bien doctorant et qu'il évite scrupuleusement de préciser dans quelle discipline, son profil LinkedIn nous informe qu'il est également un communicant. Du reste, il se garde toujours d'expliquer les détails de sa méthodologie, de publier ses algorithmes, etc.

Profil LinkedIn de Nicolas Vanderbiest

Cela n'empĂȘche pourtant pas EU Disinfolab d'annoncer fiĂšrement avoir Ă©crit « un article scientifique » dĂ©taillant la mĂ©thodologie. Article publiĂ© dans quelle revue scientifique ? OĂč est la revue par les pairs ? Pourquoi n'y a-t-il pas un seul scientifique Ă  l'Ă©criture ? Tant de questions qu'un esprit critique est en droit de se poser, et qui n'auront pas de rĂ©ponse. Quatre auteurs signent cet article qui a autant de rigueur qu'un billet Ă©ditorial : Alexandre Alaphilippe, Chiara Ceccarelli, LĂ©a Charlet et Martin Mycielski, par ailleurs listĂ©s sur la page *About us* de EU Disinfolab.

Détails de la méthodologie

The EU DisinfoLab was officially registered as an NGO under Belgian law at the beginning of December 2017 with the expertise of **Martin Mycielski** – a Brussels correspondent with 10 years of ‘EU bubble’ experience, formerly himself having founded and run an international, pro-democracy NGO.
The team expanded further, with French EU professional **LĂ©a Charlet** – experienced in various NGOs – joining the organisation soon after.
In parallel, we welcomed a dedicated team for our Italian election monitoring project, including Italian national **Chiara Ceccarelli**, researcher Walter Quattrociocchi and consultant Alexis Gizikis.

source

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Profil LinkedIn de Alexandre Alaphilippe

Profil LinkedIn de Chiara Ceccarelli

Profil LinkedIn de LĂ©a Charlet

Profil LinkedIn de Martin Mycielski

Jusque-lĂ , nous avons ainsi un groupe de communicants qui s'amusent Ă  jouer les scientifiques. Rien de bien mĂ©chant, pourrait-on dire, si leurs travaux n'Ă©taient pas suivis par des personnalitĂ©s comme FrĂ©dĂ©ric LefĂšbvre, le secrĂ©taire d'État au NumĂ©rique Mounir Mahjoubi ou mĂȘme le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

Frédéric LefÚbvre

Mounir Mahjoubi

Benjamin Griveaux

Le complot russophile

C'est à ce moment-là que j'ai constaté quelque chose d'étrange. La plupart des affaires citées par EU Disinfolab sur leur site web sont des cas de débunkage de *fake news* liées à Emmanuel Macron.

His work has been crucial to the debunking of several high-profile disinformation campaigns, like Emmanuel Macron having an off-shore account in the Bahamas, the “Syria Hoax” and, most notably, #MacronLeaks.

source

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Quant Ă  l'analyse de Vanderbiest de la campagne prĂ©sidentielle de 2017, reprise telle quelle par EU Disinfolab, elle est sans appel. Les Russes ont infiltrĂ© toutes les communautĂ©s politiques pour s'attaquer en masse Ă  Emmanuel Macron. C'est trĂšs exactement la mĂȘme histoire servie pour l'affaire Benalla.

Russian propaganda representatives gather around François Fillon, Marine Le Pen and François Asselineau (conspiracy, Frexit support) communities. It is interesting to note that, despite his support to the Russian foreign policy, far-left candidate Jean-Luc MĂ©lenchon community is totally missing here. [
] These 3 communities clearly share the same goal: to drive negative propaganda towards Mr Macron. « Macron » is the most tweeted word in their publications and all the main stories propagated are negative articles about him. The only difference that can be identified lies in the candidate each community is supporting.

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Plus intrigant encore est la position d'EU Disinfolab sur la loi contre les *fake news* débattue ces derniers mois à l'Assemblée Nationale et au Sénat :

La limitation de la rĂ©ponse aux pĂ©riodes prĂ©-Ă©lectorales et Ă©lectorales est pratiquement inadĂ©quate et doit ĂȘtre supprimĂ©e. [
] La vĂ©rification de l’information et la comprĂ©hension des contextes de dĂ©sinformation ne doit pas ĂȘtre une compĂ©tence rĂ©galienne. Les acteurs de la sociĂ©tĂ© civile (journalistes, fact-checkers, acadĂ©miques, association d’éducation aux mĂ©dias, **organisations non-gouvernementales** [NdA : l'emphase est de moi]) disposent d’une expĂ©rience qui doit ĂȘtre mise Ă  profit. [
] La crĂ©ation d’un fonds uniquement alimentĂ© par les plateformes permettrait de soutenir la sociĂ©tĂ© civile dans sa mission d’analyse, de rĂ©vĂ©lation et de fourniture d’élĂ©ments tangibles sur les campagnes de dĂ©sinformation. [
] La sociĂ©tĂ© civile, cruciale et acteur crĂ©dible de la lutte impartiale contre les manipulations de l’information, **doit ĂȘtre soutenue financiĂšrement via un fonds alimentĂ© par les plateformes** [NdA : l'emphase n'est *pas* de moi].

source

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Je dois avouer qu'à ce stade, je n'avais pas encore compris ce positionnement politique. Ce fut de courte durée. Les profils LinkedIn de l'ensemble du staff de l'ONG donnent pour employeur actuel une agence de communication : Saper Vedere.

Saper Vedere

Le site web de Saper Vedere est intĂ©ressant Ă  analyser. Un thĂšme similaire, un mĂȘme hĂ©bergeur, et la mĂȘme propension Ă  utiliser des applications tierces lĂ  oĂč un site web pourrait ĂȘtre utilisĂ©. Les locaux de Saper Vedere sont les mĂȘmes que ceux de EU Disinfolab, au numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone prĂšs. Ce n'est donc pas une surprise de voir que les deux organisations sont juridiquement liĂ©es par un mĂȘme trio : Nicolas Vanderbiest, Alexandre Alaphilippe et Gary Machado.

Site web de Saper Vedere

Saper Vedere

EU Disinfolab

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Source : Les Crises

Il est d'ailleurs intéressant de constater que Saper Vedere pré-date EU Disinfolab de quatre mois selon ces informations. Pourtant, le nom de domaine `saper-vedere.eu` fut déposé le 21 mars 2017 et Nicolas Vanderbiest se targue d'y travailler depuis septembre 2016 sur son profil LinkedIn. La date d'ouverture du compte Twitter @SaperVedereEU continue de laisser planer le doute sur la création de l'agence, tout comme la mention de l'arrivée en août 2017 d'un membre de l'équipe.

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Nom de domaine déposé le 21 mars 2017

Profil LinkedIn de Nicolas Vanderbiest

Compte Twitter @SaperVedereEU

La mention de l'arrivée en août 2017 d'un membre de l'équipe

À partir d'ici, les choses se prĂ©cisent. Cette position selon laquelle il faut des fonds pour lutter contre les *fake news*, elle s'explique parfaitement : c'est le business de ces gens que de lutter contre, pourquoi ne pas en profiter pour demander des subventions ? Je n'irais pas jusqu'Ă  dire que EU Disinfolab fait de la dĂ©sinformation pour crĂ©er le climat nĂ©cessaire pour vendre les solutions avec Saper Vedere, mais c'est bien par manque de preuves. En jetant un Ɠil au directeur de Saper Vedere, nous pouvons mĂȘme nous laisser aller aux thĂ©ories du complot les plus folles.

Erwan de Rancourt
After graduate studies in international economy with a defence industry specialisation, Erwan joined “Nouvelle RĂ©publique”, the think tank of recognized French politician Michel Barnier. He worked as his ministerial adviser, and in 2009 followed him to Brussels, firstly in the European Parliament and then as his political advisor in the European Commission. After nine years of fruitful collaboration with Mr Barnier Erwan decided to join the private sector, where he offers his in-depth knowledge of both national and European institutions. The last 3 years he has been helping to develop a start-up in the field of structural health monitoring. At Saper Vedere he is in charge of the French market.

source

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Erwan de Rancourt, du *think tank* Nouvelle RĂ©publique (droite pro-europĂ©enne), conseiller et proche de Michel Barnier (droite pro-europĂ©enne). Michel Barnier, qui a votĂ© Emmanuel Macron. Michel Barnier, rĂ©putĂ© proche de l'ÉlysĂ©e. D'autres ont notĂ© la prĂ©sence d'une militante LREM dans l'Ă©quipe de Saper Vedere. Dans tous les cas, on ne peut pas parler de neutralitĂ© politique.

Michel Barnier a voté Emmanuel Macron

Michel Barnier est rĂ©putĂ© proche de l'ÉlysĂ©e

Une militante LREM dans l'Ă©quipe de Saper Vedere

Prudence de la raison

À ce moment de mes recherches, je restais prudent dans mes quelques conclusions. Je n'affirme pas qu'Emmanuel Macron pilote EU Disinfolab, ni mĂȘme Michel Barnier, qui n'a probablement plus aucune espĂšce d'influence sur Erwan de Rancourt. Tout ce que l'on peut dire, pour le moment c'est ceci :

Ce faisceau d'indices ne prouvait rien. Tout au mieux pouvait-on suspecter que EU Disinfolab servait de devanture Ă  Saper Vedere pour vendre ses produits aux entreprises. Tout cela Ă  partir d'un chiffre inexact dans un rapport.

L'hypothÚse américaine

Je pensais ĂȘtre le seul Ă  avoir remarquĂ© les dysfonctionnements de EU Disinfolab. AprĂšs tout, les journaux ne donnaient qu'un seul son de cloche. Je suis alors tombĂ© sur un article du site *Les Crises* qui prenait un autre angle d'attaque : Le EU DisinfoLab Ă  l’origine d’une intox : l’affaire Benalla, produit de la « russosphĂšre » ? Des informations complĂ©mentaires que j'avais mises de cĂŽtĂ© apparaissaient comme de premiĂšre importance.

Le EU DisinfoLab Ă  l’origine d’une intox : l’affaire Benalla, produit de la « russosphĂšre » ?

EU Disinfolab Ă©tait en effet financĂ© « Ă  hauteur de 100 000 euros allouĂ©s au cours de l'annĂ©e 2017 » par Twitter[4]. En moins de trois mois d'existence, une organisation non-gouvernementale fondĂ©e en octobre 2017 se voyait ainsi offrir une subvention de la plateforme qu'elle Ă©tudie exclusivement, mais Ă©galement un partenariat avec l'Union EuropĂ©enne et un soutien de Atlantic Council. Ce dernier, *think tank* amĂ©ricain, est accusĂ© par *Les Crises* d'ĂȘtre « un des leviers de l’influence amĂ©ricaine dans le monde ». Je ne suis pas gĂ©opoliticien, mais je reste prudent quant Ă  l'importance de Atlantic Council : en 2015 et 2016, nous trouvons parmi les plus gros donateurs les Émirats arabes unis. Reste qu'effectivement engager Gregory L. Rohde, conseiller du prĂ©sident Bill Clinton, continue Ă  soulever des questions quant Ă  la neutralitĂ© de Saper Vedere, et par capillaritĂ© EU Disinfolab.

Donateurs de l'Atlantic Council

Gregory L. Rohde
Greg heads up Saper Vedere’s U.S. operations. His career in Washington, D.C. began by serving 11 years on Capitol Hill, including the House and Senate. In 1999, he was confirmed by the U.S. Senate to serve as the principal advisor to the President of the United States for telecommunications and information policy and head of a major federal agency that manages the U.S. federal electromagnetic spectrum (NTIA).

source

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Que penser alors des autres partenaires de EU Disinfolab, comme le *think tank* tchÚque European Values ou Defending Democracy, tous deux engagés politiquement dans une lutte contre le Kremlin ?

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Les autres partenaires de EU Disinfolab

L'hypothĂšse d'une officine pilotĂ©e par Washington (et incidemment Emmanuel Macron) pour dĂ©fendre ses intĂ©rĂȘts contre l'armĂ©e de hackers de Vladimir Poutine est sĂ©duisante, et c'est bien pourquoi tant de mes contemporains l'ont avalĂ© sans une once d'esprit critique. En tĂ©moigne, par exemple, ce porte-parole du PCF qui a directement sautĂ© aux conclusions : l'ÉlysĂ©e a commandĂ© une liste d'opposants politiques Ă  une officine privĂ©e aux ordres des AmĂ©ricains. Bien sĂ»r, cela rappelle les heures les plus sombres de notre histoire, au moins ça.

Je viens de dĂ©couvrir que suite Ă  l’affaire #AlexandreBenalla le pouvoir fiche celles et ceux qu’il qualifie « d’opposant ». MĂ©thode digne des annĂ©es sombres. Je m’aperçois Ă©galement que mon nom y figure. Fichage illĂ©gal. Je vais saisir la @CNIL pour demander sa suppression.
— @Portes_Thomas, 9 aoĂ»t 2018 Ă  03:57

9 août 2018 à 03:57

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Pourtant, rien n'indique cela. Si l'on fait entrer une simple rĂšgle de raisonnement, une autre histoire bien plus probable se dessine.

Une histoire de rasoir

L'hypothĂšse de la bĂȘtise

À l'instar du rasoir d'Ockham permettant de disqualifier une hypothĂšse peu Ă©conome en conjectures, le rasoir d'Hanlon veut qu' il ne faut « jamais attribuer Ă  la malveillance ce que la bĂȘtise suffit Ă  expliquer ». EU Disinfolab aurait fichĂ© les opposants politiques du gouvernement ? Il est bien plus simple d'attribuer cela Ă  de l'incompĂ©tence crasse. Toutes les preuves que nous avons sur la mĂ©thodologie manquant de rigueur, sur la mise Ă  disposition du *dataset* sur un hĂ©bergement Free, sur l'utilisation d'applications tierces et l'absence de connexion sĂ©curisĂ©e
 Tout cela tend Ă  montrer que l'oubli d'anonymiser les listes du *dataset* n'est qu'une erreur de plus Ă  mettre sur le compte de l'amateurisme de EU Disinfolab. Rappelons que ces listes ont Ă©tĂ© Ă©tablies Ă  partir des donnĂ©es fournies par l'API de Twitter, n'importe qui avec une licence Visibrain aurait pu les reconstituer, et le peut encore. DĂšs lors, comment expliquer que ce *dataset*, s'il Ă©tait rĂ©ellement un fichage politique demandĂ© par le gouvernement, se soit retrouvĂ© en accĂšs libre ? Par incompĂ©tence ? Si l'on accepte l'incompĂ©tence de barbouzes, il est bien plus raisonnable d'accepter la bĂȘtise dans l'hypothĂšse qui lui sied le plus.

Rasoir d'Hanlon

La seule explication raisonnĂ©e qui me semble tenir la distance au vu des Ă©lĂ©ments prĂ©sentĂ©s est la suivante : il ne s'agit pas tant d'un complot que d'une convergence d'intĂ©rĂȘts privĂ©s. L'existence d'une agence de communication parallĂšle Ă  l'ONG rĂ©cupĂ©rant des subventions va Ă  l'encontre d'une thĂ©orie du complot ; il Ă©tait bien plus simple de ne gĂ©rer qu'une seule officine plutĂŽt que deux, surtout quand celles-ci ne cherchent pas Ă  couvrir leurs traces. Prenons donc l'angle de la bĂȘtise pour tenter de reconstituer au mieux l'histoire entourant EU Disinfolab.

Convergence des intĂ©rĂȘts

Revenons en septembre 2016. Jusque-lĂ  s'occupant de sujets allant des *bad buzz* aux attentats, Nicolas Vanderbiest voit le bon filon dans la prĂ©sidentielle française. Qui pourrait l'en blĂąmer ? Il n'Ă©tait pas le seul. Faisant d'abord un travail proche de ce qu'il effectuait d'habitude, il voit que cela ne suffira pas Ă  le faire connaĂźtre. Il passe alors Ă  l'Ă©chelon supĂ©rieur en s'inspirant de l'affaire des e-mails d'Hillary Clinton. Le succĂšs est au rendez-vous, surfer sur la vague des mĂ©chants Russes en ingĂ©rence paie et il connait une ascension fulgurante. Vanderbiest rencontre alors Alexandre Alaphilippe et Gary Machado avec pour projet de fonder une agence de communication (dĂ©pĂŽt du nom de domaine en mars 2017) : Saper Vedere. Voyant que dĂ©fendre l'unique candidat pro-europĂ©en crĂ©dible quitte Ă  propager des rumeurs infondĂ©es[5] fonctionne bien, les trois comparses crĂ©ent Saper Vedere en dur. Leur Ă©vĂšnement Disinfolab de septembre 2017 intĂ©resse diffĂ©rents *think tank*, l'Union EuropĂ©enne et mĂȘme Twitter. Voyant qu'il y avait un coup Ă  jouer Ă  bosser sur les deux tableaux (le politique et l'Ă©conomique), les trois compagnons fondent l'EU Disinfolab en dĂ©cembre 2017.

Affaire des e-mails d'Hillary Clinton

À ce stade de cette histoire, nous voyons l'intĂ©rĂȘt de fonder une ONG. EU Disinfolab s'occupe de crĂ©er le climat adĂ©quat pour obtenir des subventions de ses diffĂ©rents partenaires, et les entreprises qui auront pris peur se dirigeront vers Saper Vedere et ses produits. L'intĂ©rĂȘt des diffĂ©rents *think tank* ? Continuer la tactique consistant Ă  discrĂ©diter une fuite de donnĂ©es sur base d'une potentielle cyber-attaque du Kremlin. Ce fut le cas des e-mails de Clinton (authentiques mais que l'on a oubliĂ©s), du MacronLeaks (Ă  quelques exceptions, e-mails authentiques mais que l'on a oubliĂ©s), etc. L'intĂ©rĂȘt de Twitter ? Relisez le communiquĂ© de EU Disinfolab sur la loi anti-*fake news* : il est bien plus Ă©conomique de donner quelques fonds Ă  une ONG auto-proclamĂ©e experte dans le domaine qui ne viendra pas vous demander de changer plutĂŽt que d'engager une Ă©quipe qui fera un travail utile.

Inciter les plateformes et la société civile à se réunir ne produira aucun effet.

source

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Le positionnement de EU Disinfolab sur ce projet de loi s'Ă©claire lorsque l'on comprend que ce n'est lĂ  qu'un moyen supplĂ©mentaire de rĂ©cupĂ©rer des subventions en produisant trois analyses biaisĂ©es dans l'annĂ©e et sans impacter la plateforme elle-mĂȘme. FrĂ©dĂ©ric LefĂšbvre et Benjamin Griveaux commandant un travail Ă  EU Disinfolab ? Pourquoi ne pas commander un rapport aux quelques personnes qui nous ont aidĂ© par le passĂ©, qui ont sans doute une orientation politique similaire, et qui passent encore pour des experts en ne produisant rien de sĂ©rieux qui puisse nous mettre en pĂ©ril ? Si l'on veut contrĂŽler l'information sur une plateforme en ligne, comme semble le prĂ©coniser le projet de loi contre les *fake news*, autant le faire en passant par un groupe facilement manipulable.

Cette histoire n'est pas une affirmation, elle n'est qu'une consĂ©quence de l'hypothĂšse de la bĂȘtise. Il est bien plus probable que nous soyons face Ă  une convergence des intĂ©rĂȘts privĂ©s plutĂŽt qu'Ă  une conspiration ; Nicolas Vanderbiest et son Ă©quipe ayant su tirer leur Ă©pingle du jeu en se positionnant au bon endroit pour rĂ©cupĂ©rer des subventions, recueillir des soutiens politiques et vendre leurs produits. CrĂ©er le problĂšme, clamer ĂȘtre le chevalier blanc, et vendre la solution, technique classique de marketing qui a fait ses preuves depuis au moins la parade du printemps de 1929.

La parade du printemps de 1929

L'affaire du troisiĂšme fichier

À la lumiĂšre de cette petite histoire, le communiquĂ© de EU Disinfolab du 11 aoĂ»t[6] semble aller de soi, tout comme sa tentative de couvrir un Ă©ventuel troisiĂšme fichier bien plus compromettant. Circulant en parallĂšle des deux autres fichiers du *dataset* fourni en lien de l'Ă©tude, `ActeursClassĂ©s.xlsx` est certes possiblement un faux puisque l'analyse de ses mĂ©tadonnĂ©es indique qu'il n'a pas Ă©tĂ© crĂ©Ă© sur le mĂȘme poste de travail. Il s'agit d'un fichier crĂ©Ă© sur Windows par un Utilisateur Microsoft Office le 5 aoĂ»t[7]. Le mĂȘme Utilisateur Microsoft Office qui a crĂ©Ă© les deux autres fichiers ? Rien ne permet de l'affirmer, ni mĂȘme de l'infirmer.

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Communiqué de EU Disinfolab du 11 août

La tentative de couvrir un Ă©ventuel troisiĂšme fichier

Reste que cette liste contient 3392 comptes hyperactifs. Si ce fichier est bel et bien un faux, comment expliquer qu'il ait été créé et modifié *avant* la mise à disposition des deux autres ? S'il est faux, comment arriver à cette analyse de début d'étude avec le *dataset* fourni ?

Des pics de création lors des années électorales
Ces comptes sont clairement militants et Ă  intentions militantes. Cela se remarque d’ailleurs dans le pic des dates de crĂ©ation de leurs comptes qui correspond aux pĂ©riodes d’élections prĂ©sidentielles : 2012 et 2017.
Habitant nulle part
Un autre fait intĂ©ressant est le fait que 41,9 % de ces comptes n’ont aucune information Ă  propos de leur localisation. Si l’on ajoute l’item France aux personnes sans aucune information de localisation, nous sommes Ă  50 % des individus identifiĂ©s.

source

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Qu'il soit authentique ou fabriqué, ce troisiÚme fichier montre le manque de rigueur scientifique de EU Disinfolab en la matiÚre. Pas une seule liste, qu'elle provienne de Nicolas Vanderbiest ou de EU Disinfolab, ne permet d'avancer le nombre de 3378.

Les excuses de Nicolas

Enfin, le 10 aoĂ»t, Nicolas Vanderbiest a prĂ©sentĂ© des excuses en passant par la plateforme tierce Medium (choix intĂ©ressant, lorsque l'on possĂšde trois sites diffĂ©rents oĂč s'exprimer). Son billet n'Ă©voque rien de plus qu'une maladresse et une mĂ©thodologie Ă  dĂ©battre, ce qui tend Ă  confirmer notre hypothĂšse de la bĂȘtise.

ConcentrĂ© sur l’écriture de ma thĂšse, j’ai renvoyĂ© ces sollicitations vers le EU DisinfoLab, association sans but lucratif que j’ai co-fondĂ©e et qui rĂ©alisait l’étude en suivant ma mĂ©thodologie. [
] Je me suis senti contraint de prouver le bien-fondĂ© de ma mĂ©thodologie. Par soucis de transparence, nous avons rendu publiques les donnĂ©es de l’étude pour qu’ils constatent par eux-mĂȘmes notre intĂ©gritĂ©. [
] Dans mon prisme de doctorant, je ne pouvais soupçonner que le partage de ces donnĂ©es aurait une telle portĂ©e. [
] Cette mĂ©thodologie peut ĂȘtre dĂ©battue.

source

Conclusion prudente

Nous en savons encore peu sur le sujet, mais avec les éléments en notre possession il est peu prudent de sauter à la conclusion d'une conspiration, qu'elle porte sur un fichage politique des opposants commandé par le gouvernement, ou bien une machination américaine pour prendre le contrÎle de l'information.

NĂ©anmoins, l'importance qu'a eu Nicolas Vanderbiest et EU Disinfolab dans son ensemble est symptomatique d'un problĂšme plus profond. Quand un groupe de communicants est capable de modeler le paysage mĂ©diatique voire politique d'un pays, cela demande une sĂ©rieuse remise en question de nos institutions. Historiquement, de tels procĂ©dĂ©s existent au moins depuis les annĂ©es 1920 ; le pĂšre des relations publiques Edward Bernays les dĂ©crit dans son ouvrage *Propaganda*. La diffĂ©rence ici, c'est que EU Disinfolab ne semble pas vouloir fabriquer du consentement, mais simplement ĂȘtre reconnu comme un organisme de premier ordre et toucher les subventions qu'un telle organisation mĂ©rite.

Ma conclusion prudente sur cette histoire de fichage politique est donc la suivante : il faut cesser de prĂȘter une quelconque importance aux travaux de EU Disinfolab, tout en se rappelant que l'ONG n'a sans doute agi que par maladresse. La leçon Ă  en tirer est simple : continuez de dĂ©velopper un esprit critique, et ne sombrez pas dans l'hystĂ©rie collective lorsqu'elle se base sur une thĂ©orie du complot.

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[1]: Un WHOIS effectué sur le nom de domaine `disinfo.eu` nous informe qu'il a été déposé le 2 octobre 2017 via Gandi. De là à affirmer que le site se trouve bien sur un hébergement Gandi, il n'y aurait qu'un pas.

WHOIS sur disinfo.eu

[2]: Et, de fait, les journalistes ont mordu Ă  l'hameçon en recopiant la dĂ©pĂȘche AFP. Il ne s'agit pas ici de les blĂąmer de ne pas avoir fait un travail de vĂ©rification, parce que les conditions de travail mĂȘmes les en empĂȘchent. Reste qu'une dizaine de minutes Ă©taient suffisantes pour dĂ©couvrir la mascarade, et que mĂȘme la plateforme de vĂ©rification des faits de *LibĂ©ration* n'est pas allĂ©e aussi loin. Cela ne fait que valider les dysfonctionnements qui semblent toucher la profession.

CheckNews de Libération

[3]: Comme le sont la plupart des Ă©tudes scientifiques, mĂȘme publiĂ©es par un organisme.

[4]: Information qui semble confirmée par EU Disinfolab d'un versement de 125 000 dollars américains par Twitter en janvier 2018 :

Ă  la suite des manipulations survenues pendant la campagne amĂ©ricaine de 2016, et qui impliquait l’achat de publicitĂ©s par Russia Today et Sputnik, Twitter s’est engagĂ© le 26 octobre 2017*(6) Ă  redistribuer les 1,9 millions de dollars vers des organisations luttant contre la dĂ©sinformation. À ce titre, le EU DisinfoLab a reçu 125 000 $ en janvier 2018.

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archive

[5]: Voir le différent qui l'oppose à Stéphanie Lamy, par exemple, ou bien l'absurdité de l'affaire de l'Ami Criméen, ou bien encore Jack Posobiec. Les exemples ne manquent malheureusement pas.

[6]:

Un grand nombre de personnes se sont senties fichĂ©es. Nous ne l’avions pas du tout anticipĂ© en rendant ces donnĂ©es publiques. Nous sommes sincĂšrement et profondĂ©ment dĂ©solĂ©s et nous en tirerons toutes les leçons. L’étude publiĂ©e repose sur une base lĂ©gale. Elle est fondĂ©e sur l’exercice du droit Ă  la libertĂ© d’information et du droit du public Ă  l’information, ce qui constitue un intĂ©rĂȘt lĂ©gitime au regard du RGPD et ne nĂ©cessite donc pas de recueillir le consentement des personnes concernĂ©es. Notre Ă©tude s’inscrit aussi dans l’exception prĂ©vue par le RGPD selon laquelle il peut ĂȘtre fait exception Ă  l’obligation d’informer les personnes concernĂ©es si cela est nĂ©cessaire pour concilier le droit Ă  la protection des donnĂ©es et Ă  la libertĂ© d’expression et d’information.

[7]: Ce qui correspond à la date du fichier de données brutes partagé par Nicolas Vanderbiest sur son Dropbox. Cela va dans le sens de ses excuses sur Medium : aprÚs avoir récupéré des données brutes, il les aurait envoyé à Alexandre Alaphilippe pour analyse.

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