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Ce week-end, Kholah a participé à un festival organisé dans un lieu collectif autogéré et nous partage le récit et les idées que cette expérience a suscité chez lui sur le rôle que les communautés hacker auraient à y jouer.
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Les prises de vues des personnes participant ou assistant à ce festival n'étant pas souhaitées et n'ayant pas demandé l'autorisation à chaque personne figurant sur mes photos, j'ai flouté les visages du public, en revanche, les visages des artistes n'ont pas été floutés.
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Pour toute remarque, retour ou réclamation sur le contenu de cet article, vous pouvez écrire à kholahAROBASEalternatiquePOINTfr.
Installée dans un petit village du Limousin à 30 minutes de Limoges, une communauté d'une quinzaine de personnes issues ou proches des métiers de l'art, de la culture et de l'évènementiel, occupe un terrain, par dérision baptisé du nom de la ville émirati.
Deux corps de fermes restaurés par l'équipe accueillent la plupart des espaces communs, les résident⋅es permanent⋅es ont chacun⋅e leur logement individuel, aménagés dans des parties d'un des deux batiments en dur, en cabane, caravane ou yourte.
Le reste du terrain est utilisé pour différentes activités collectives: potager, menuiserie, atelier, poulailler.
Le collectif s'est développé autour de réseaux d'ami⋅es (d'ami⋅es), renforcé par des liens tissés avec d'autres organisations et lieux collectifs ou écologistes locaux. On retrouve ainsi au même endroit un melting-pot des mouvances alternatives, réunies par l'entraide et l'échange.
Cette pluralité culturelle se reflète dans les évènements qu'accueille le collectif: résidences artistiques, concerts, spectacles, festivals.
Dubai organise son propre festival tous les deux ans, permettant une réunion des copaines de tous les horizons, c'est à cet évènement que j'ai participé cette année avec un ami et que je vais évoquer ici.
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Arrivée sous la pluie, terrain boueux, mais on se gare sans trop de difficulté.
Dès l'entrée, la thématique est affichée, on gaudriole de la société de surconsommation et de ses promotions à couper le souffle (et polluer le regard).
L'orga d'accueil nous fait le topo sur les règles à suivre pendant la durée du festival (l'intolérance n'est pas tolérée) et nous nous acquittons de la participation aux frais, à prix libre comme la cantine collective du midi.
On commence à faire un tour du site, repérage des chiottes, des bars, des deux scènes, impressionnés par la diversité du programme et la qualité des installations.
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Un labyrinthe construit en bambous et tissus où ont été aménagés des espaces détente occupe le fond du terrain, la scène principale est située sous un chapiteau, à côté des bars, une deuxième, plus petite est à l'opposé, côté labyrinthe et enfin, une scène théatre est installée dans la grange.
Nos tentes installées entre deux ondées dans l'espace camping, direction le stand de pizza (qui va devenir notre cantine du soir), le bar, pour commencer la soirée avec le punk de **Hiparkia** avant d'enchainer les sons plus techno sous le chapiteau et les sets live de la scène Labi jusqu'à ce que la fatigue nous gagne.
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Réveil un peu cassé, son toute la nuit et scène du labyrinthe situé juste derrière le camping, les bouchons d'oreilles (en libre service au stand **Techno+**) sont impératifs pour profiter d'un peu de sommeil.
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Après le café prix libre et un petit casse-dalle, on zone un peu à la scène Labi avant la pause générale, puis quand les sons se mettent en pause, on explore et on se perd dans le labyrinthe, on papote avec des gens, on profite du beau temps qui s'installe.
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Le public est principalement composé d'ami⋅es d'ami⋅es de personnes vivant à Dubai à l'année, ayant connu le lieu dans d'autres contextes et venu⋅es comme nous pour profiter de son festival.
On croise aussi des voisin⋅es venu⋅es pour l'évènement, tous les âges, des couples de personnes agées venues à pieds canne à la main aux familles avec enfants. Un contingent d'espagnol⋅es et quelques autres nationalités apportent une touche internationale, plusieurs langues se mêlent ainsi dans les discussions.
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Visite des gendarmes en hélicoptère, le quadrillage des routes alentour et les contrôles systématiques ne suffisaient pas à faire le bonheur de la préfecture, il fallait aussi une présence aérienne pour moins de 500 personnes venues pour faire la fête.
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Retour sous le chapiteau pour le show "Drag shlag / riot punk burlesk" de **l'Acabinet**, une troupe de drag queens and kings itinérante venue terminer sa tournée à Dubai. Le spectacle construit sur les thèmes des identités de genre, sexuelle et l'expression de ces identités, mélangeant théatre, danse et chant, nous a conquis, les artistes donnant tout sur scène jusqu'au rappel rappé de toute beauté.
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Après le spectacle, nous avons suivi les recommandations d'une connaissance et testé **le Solastarium**, une installation crée par l'association **2D Prod** avec quelques DEL, des enceintes et un peu de code, qui nous a immergé à travers un conte à l'humour acide dans le ciel étoilé du futur.
Installés sous ce ciel dans le noir complet, allongés sur le dos, tête conte tête, l'immersion était parfaite, et pendant les 10 minutes que ça a duré, on a bien rigolé sur des sujets bien tristes.
Les concerts ont commencé avec le rap de **2beShlag**, accompagnés de **Bonze**. {{< image src="/media/9.jpg" >}}
Ça enchaine avec le punk hardcore de **Black Sugar**.
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On a encore profité du son jusqu'à tard (pour nous) avant de retrouver les tentes.
Réveil en douceur au son des sound-system pas éteints de la nuit, on s'informe des itinéraires sûrs pour le départ de copain sur les coups de midi.
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J'ai passé le reste de ma journée au labyrinthe pour profiter de la sélection de folie du live de **Radio Teuf**, la radio diffusée en direct du festival. Entre deux siestes, une partie de jeu de société (TwinIt!) s'improvise à 6, l'explication des règles en franglaispagnol fait place au jeu, basé sur la mémoire, le visuel et les réflexes, dans les rires et la bonne humeur.
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Le soir venu je file un coup de main pour allumer le feu des barils où on se retrouve à côté du chapiteau pour se réchauffer un peu quand l'humidité tombe.
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Les DJ enchainent les sets jusqu'à la fin officielle du son à vers dix heures. En revenant à la tente, j'entends les enceintes du stand à pizza se rallumer pour nous passer du Poésie Zéro, Dalle Béton et d'autres tubes de keupon sur boite à rythmes sur lesquels les plus motivé⋅es finissent la soirée.
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Durant le week-end je me suis posé beaucoup de questions sur ma place dans cet évènement en tant que bidouilleur, attaché à l'éthique hacker libertaire née dans les années 80.
Expert en rien, je rassemble ici quelques réflexions subjectives espérant nourrir les discussions autour de l'interhack, ses buts et de l'implication des hackers dans les milieux militants et alternatifs.
Lors des discussions que j'ai pu avoir, l'évocation de ma nature hacker suscitait généralement des interrogations ou des commentaires un peu clichés sur le piratage informatique, le *darknet* ou les bitcoin.
Cette confusion est entretenue par l'image médiatique des hackers, à travers des films et séries conçues pour le grand public, les hackers et le hacking s'étendent pourtant bien au-delà de l'informatique et l'électronique.
La philosophie hacker s'est construite autour des notions de:
Vous pouvez lire une traduction du manifeste hacker qui Ă©nonce ces principes ici: https://www.secu-ordi.com/le-manifeste-du-hacker/[2]
De fait, j'ai retrouvé des valeurs hackers dans plusieurs aspects du festival et des causes représentées, dans la débrouille, l'indépendance, le partage...
Cet évènement réunissait des tendances et communautés militantes diverses: punks, teufeureuses, queer, LGBTIA+, nomades, autonomistes, squatteureuses, écologistes, hippies...
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Tout comme l'interhack et l'initiative du BiB Transféministes avaient été l'occasion de croiser nos vécus, expériences et de trouver des convergences entre cultures hacker et Queer/Transféministes, ce type d'évènement permet l'émulation et l'échange pour se trouver des intérêts communs, envisager nos luttes ensemble et construire des solidarités entre communautés alternatives.
Par méfiance et rejet des institutions, les communautés hacker et issues du logiciel libre ont créé des outils de communication décentralisés et/ou fédérés ne reposant pas sur le concours des géants de la Silicon Valley et le capitalisme de surveillance pour fonctionner et fournir un service utile.
Je n'ai malheureusement pas été surpris de constater que les collectifs militants continuent d'utiliser les outils centralisés pour exister en ligne, par exemple l'Acabinet (ou la Kabinet) n'est à priori joignable que sur Instagram (groupe Meta), d'autres collectifs utilisaient Facebook (groupe Meta également) ou YouTube (groupe Alphabet) pour diffuser leurs contenus et globalement, on a toustes un adresse Gmail (groupe Alphabet).
Ces groupes revendent les données produites par leurs utilisateurices aux publicitaires, assurances, et autres entreprises consommatrices de données. C'est donc l'activité des utilisateurices de ces plate-formes qui, travaillant pour elles, générant de la valeur, enrichissent les GAFAMs.
Si c'est gratuit, c'est sûrement toi le produit.
Les informations issues des plateformes sont par exemple utilisées aux États-Unis pour réprimer les femmes qui cherchent à avorter, et dans de très nombreux pays (y compris la France) pour traquer les déviant⋅es de la doxa politico-sociale locale.
Par ailleurs, les politiques de contenu et de censure des plate-formes changent régulièrement et on peut ainsi perdre du contenu ou voir sa visibilité réduite si celui-ci ne correspond pas aux standards et règles de la plate-forme. Il ne faut pas s'étonner de voir du contenu "trop militant" disparaître.
Outre l'utilisation d'autres réseaux de communication, on peut voir les plate-formes centralisées comme chambre d'echo pour la communication au grand public, mais elles ne devraient jamais être une source de communication primaire, celle dont tout part. En cas de censure par la plate-forme, le contenu reste diffusé par d'autres biais indépendants.
Toutes ces problématiques mériteraient des moments d'échanges avec les collectifs militants pour trouver ensemble des solutions alternatives.
Parmi les stands qu'on croise souvent dans ce genre d'évènement, il y a l'Infokiosk pour la diffusion d'informations et de littérature alternative et libertaire et le stand Techno+ pour informer les usagers de drogue sur les risques auxquels iels d'exposent et comment les réduire.
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Dans le même esprit, j'imagine un stand Interhack de réduction des risques numériques pour échanger avec les gens sur leurs usages, proposer des alternatives aux GAFAMs ou des outils de protection de la vie privée en ligne.
Quelques idées de sujets en vrac:
Sur ce dernier point, je me suis interrogé lors du survol en hélicoptère sur les techniques de surveillance employées, en plus de l'observation par caméras, pouvait-il y avoir une surveillance électronique, comme un "IMSI catcher" embarqué, et quelles techniques employer pour détecter ce type de surveillance?
J'ai eu le sentiment que les gens étaient moins sur leur écran d'ordiphone que d'ordinaire, je n'ai pas souffert du manque de réseau, mais on peut envisager, que des hackers collaborent à ce genre d'évènement pour installer un réseau sans fil temporaire, relié par VPN à des infrastructures de confiance pour permettre un accès à Internet plus sûr.
À ma connaissance, ce genre d'initiative n'existe que dans les rassemblements hacker, FLOSS ou Infosec, comme un défi technique. Ici, il serait préférable de mesurer le besoin réel pour apporter une infrastructure légère adaptée aux usages.
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Les hackerspaces sont nés de la nécéssité pour les communautés hacker d'avoir un espace pour se reconnaitre, se rassembler et contribuer collectivement à un avenir souhaitable.
J'ai vécu ce week-end dans un endroit qui permet la même chose, dans un contexte différent, diversifié et dans une athmosphère festive de partage et de bienveillance, un peu comme l'avait été l'Interhack au BiB.
Je crois que les hackers ont intérêt à s'investir dans des lieux et des évènements de ce genre, que ce soit pour diffuser outils et savoirs auprès d'autres communautés militantes ou apprendre d'elles et de leurs vécus et ainsi se constituer des réseaux d'intérêts communs résilients et pluriels.
D'autres photos sont disponibles ici[3]
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