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Du 20 Février au 12 Mars 2022, profitant du séjour à Ouagadougou de la partie française du projet LibreFaso, une session intensive de promotion du Libre a lieu dans les locaux de l'Institut Supérieur de Technologie de Ouagadougou (et éventuellement ailleurs si nécessaire).
Les samedis ont lieu des projections ouvertes au grand public, dans la semaine des activités destinées aux étudiants de l'IST (il est prévu d'élargir au public lycéen, dans des modalités en cours de discussion).
Dimanche 20 février a été projeté le documentaire Nothing to Hide de Marc Meillassoux au campus de Gounghin, malheureusement dans des conditions de projection peu favorables du fait de soucis techniques de dernière minute.
Le public qui n'a pas fui ces difficultés techniques s'est montré très intéressé par le sujet et la séquence de questions-réponses qui a suivi, mais rebuté par la langue utilisée (anglais et allemand plus que français) et par le caractère étranger aux réalités burkinabées de la totalité des exemples traités dans le film.
Lundi et mardi ont été consacrés à la présentation du calendrier des évènements auprès des étudiants des six campus de l'IST.
Mercredi a été projeté à Gounghin la conférence de Benjamin Bayart "Internet libre ou minitel 2.0", les conditions de projection ayant été sérieusement améliorées sans être toutefois idéales.
De même le public s'est montré globalement intéressé par le sujet et certains ont manifesté leur enthousiasme pour la suite du programme, mais ceux qui sont étudiants maintenant n'ayant jamais connu le minitel (le minitel n'a jamais été déployé au Burkina-Faso mais la génération des enseignants sait au moins de quoi il s'agit, les jeunes pas du tout), ils sont passés à côté de la totalité des références de cette conférence.
Un texte d'accompagnement tenant compte de ce fait est donc en préparation pour les prochaines projections de cette conférence qui reste fondatrice.
Par ailleurs les étudiants ont été informés que l'IST est prête à accepter comme projet de fin d'étude une vidéo burkinabée tenant compte du contexte burkinabé pour expliquer la problématique posée par la conférence de Benjamin Bayart avec des références qui parlent au public burkinabé actuel ou plus généralement ouest-africain.
Jeudi a eu lieu la projection du film "LoL - Logiciel Libre, une affaire sérieuse" (avec l'aimable autorisation de Thierry Bayoud) auprès des étudiants du campus de Tanghin, ceux-ci ne pouvant se rendre à la projection ouverte au public du samedi 26, les étudiants de Tanghin ayant de longue date prévu le samedi 26 pour le lancement de leur propre programme d'activités étudiantes.
Le public s'est montré très intéressé, découvrant avec un certain effarement la surveillance exercée par les logiciels non libres, point sur lequel ont portées toutes les questions à part une demandant des recommandations sur les logiciels libres à utiliser (ont été conseillés Firefox, F-Droid, Linux comme système d'exploitation, LibreOffice).
Vendredi a eu lieu la visite préparatoire à un TP d'installation de Linux en dual-boot dans la salle informatique du Lycée Privé des Techniques Appliquées, appartenant au groupe IST et situé près du siège de l'IST à Gounghin.
Ce TP a eu lieu le samedi matin avec un groupe d'étudiants de l'IST (dont quelques linuxiens) et un groupe d'élèves de terminale du LTA, mais a surtout consisté à constater que la version récente d'Ubuntu apportée par les linuxiens de l'IST n'était pas adaptée au matériel très fortement vétuste du LTA. Les élèves ont toutefois apprécié les explications apportées tant sur l'architecture des ordinateurs que sur les systèmes d'exploitation et le "bootstraping".
Samedi après-midi a eu lieu la projection ouverte au public du film LoL en entrée libre (toujours avec l'aimable autorisation de Thierry Bayoud) au campus de Gounghin, dans des conditions légèrement améliorées par rapport à celles de Mercredi mais qui restent artisanales.
Du fait que le match de foot inter-filières qui était censé se terminer un peu avant le début de la projection a connu un tel retard qu'il n'a finalement commencé que plus de dix minutes après l'heure prévue pour la projection, le film a été projeté devant un public de... deux personnes.
Une de ces deux personnes a toutefois été tellement enthousiasmée qu'elle a demandé à organiser une nouvelle projection pour y inviter nombre de responsables burkinabés.
Dimanche 27 février des étudiants en médecine ont organisé plus ou moins sans demander notre avis une projection du documentaire Nothing to Hide, réquisitionnant au passage la salle de projection de l'IST de Gounghin. Puisqu'ils avaient assuré la mobilisation de leurs camarades pour venir voir le film, nous n'avons pas voulu les décevoir malgré nos craintes de reproduire le fiasco qu'avait été la première projection le dimanche précédent du même Nothing to Hide et sommes venus assurer cette nouvelle projection à l'heure qu'ils avaient fixée.
Nous avons par conséquent pris soin d'introduire le contexte du film de façon bien plus détaillée. Nous avons par exemple constaté que personne dans l'assistance ne savait qu'il avait existé une Allemagne de l'Est, séparée de l'Allemagne de l'Ouest; c'est pourtant un élément important pour comprendre les longues séquences consacrées par le documentaire à l'histoire de la Stasi comme référence d'une gouvernance totalitaire.
Ce travail d'introduction, et la grande amélioration des conditions de projection, ont probablement joué un rôle dans la réussite de la projection du dimanche : la salle était enthousiaste devant la qualité du film, et effarée de découvrir l'étendue de la surveillance, posant donc de nombreuses questions pour la comprendre plus en détail, et notamment sur ses conséquences vis-à-vis du secret médical.
Mardi 1er mars a eu lieu la projection de la conférence "Le logiciel libre, un modèle de société" de François Pellegrini, dans la version donnée au Capitole du Libre en 2011 à Toulouse.
Suite à diverses difficultés techniques successives, la projection a eu lieu avec une heure de retard, devant un public essentiellement non-informaticien, les enjeux du logiciel touchant tout le monde et le but de cette session improvisée de promotion du logiciel libre étant justement de faire comprendre ce point au plus large public.
François Pellegrini a présenté cette conférence à plusieurs reprises et toujours de façon passionnante, mais à notre connaissance il ne reste que deux enregistrements disponibles, celui de la version donnée à Talence en 2013 et celui de Toulouse 2011. Nous avions choisi de présenter la version de Toulouse du fait qu'elle porte une plus grand théatrâlité que celle de Talence (où le conférencier est assis tout du long, ce qui n'aide pas à faire vivre la conférence lorsqu'on en projette la vidéo à un public).
Cependant face au public que nous avions, non informaticien donc, ce choix était probablement une erreur.
En effet la version de Talence est destinée au grand public, tandis qu'à Capitole du libre (ce que nous avons projeté) le public était déjà averti, et la conférence insiste donc peu sur le principal enseignement que nous voulions que les étudiants de l'IST en tire (et qui est le coeur de la position de François Pellegrini) : l'importance de la révolution numérique et la façon dont elle transforme toute la société.
Malgré ces limites et notre peur d'avoir raté cette projection, lors de la séance de questions-réponses le public a malgré sa fatigue montré son intérêt pour le sujet en posant une dizaine de questions, souvent pertinentes, prouvant qu'ils avaient perçu l'intérêt du message qu'ils venaient d'entendre et qu'ils en avaient retenu une bonne partie.
Vendredi 5 mars, une réunion avec la direction pédagogique de l'IST a permis d'acter pour l'an prochain deux points concernant la formation :
1 - Comme toutes les sections ont des cours "d'informatique" (pour les filières non-techniques, il s'agit juste de cours d'utilisation de tel ou tel logiciel), le cours d'informatique inclura quelque soit la filière une heure de cours présentant ce qu'est un logiciel libre par rapport à un logiciel propriétaire (une fois dans leur formation, donc).
2 - Chaque présentation d'un logiciel propriétaire devra mentionner (mais pas forcément faire utiliser) les alternatives libres existantes.
Le grand échec de cette session de février-mars 2022 de promotion du Libre à l'IST étant qu'aucun enseignant ni membre du corps administratif n'est venu assister à la moindre des activités organisées, il reste à voir comment assurer la qualité de cette présentation du libre par les enseignants.
Mais comme un coordinateur efficace a été nommé et que l'IST pourra lui fournir la main-d'oeuvre nécessaire à l'exécution de ses tâches, il est possible d'espérer que cette qualité s'améliorera progressivement.
Le cours dédié au logiciel libre pour les élèves de la filière informatique a été discuté, mais sa programmation n'est pas encore actée, diverses options étant à l'étude (notamment, à l'avenir, création d'une filière dédiée, par exemple incluant la sécurité informatique, le lien entre sécurité informatique et logiciel libre étant évident).
Le principe d'une transformation générale de l'enseignement de l'informatique vers un système d'enseignement par la pratique a finalement été également accepté, mais si les bénéfices en termes de montée en compétence des étudiants ont été reconnus, la difficulté de trouver des enseignants qui puissent accepter que leurs élèves en sachent plus qu'eux a été soulignée, la partie burkinabé étant plutôt pessimiste sur ce point.
En fin d'après-midi, il a été possible d'aller voir ce qui n'avait pas marché le samedi précédent lors de l'installation de Debian au LTA (Lycée privé des techniques appliquées), et de réussir finalement l'installation (cependant sans élèves à former cette fois-ci, pour ne pas leur faire perdre leur temps en cas d'échec).
Samedi 6 mars au matin une tentative avec le service informatique central de l'IST d'installer une Yunohost pour pouvoir présenter aux étudiants et à l'administration les différents services libres a échouée du fait que les serveurs physiques de l'IST ne sont pas fonctionnels et que le datacenter Ouagalais (de la petite société locale qui fournit l'internet à l'IST) n'avait en fait pas commencé à fournir une offre commerciale.
L'après-midi a eu lieu une nouvelle projection du film "LoL" de Thierry Bayoud et Léa Deneuville. Malgré nos efforts pour améliorer la communication, il n'y avait aucun public auquel présenter le film à l'heure du début de la projection; le spectateur enthousiaste de la fois précédente était bien là mais aucun des responsables burkinabé qu'il a invité n'était venu (et pas plus d'irresponsables non plus). Notre équipe technique avait par ailleurs été amputée d'un tiers par la nécessité d'emmener à l'hôpital un étudiant sérieusement blessé lors du match de foot voisin. Vingt-cinq minutes après l'heure prévue pour la projection, et toujours avec zéro nouveau spectateur, nous nous préparions à annuler la projection et partir quelque peu en pétard, mais par un prompt renfort nous vîmes 25 arrivant en retard.
En effet l'Association Burkinabé pour la Promotion des Aveugles et Malvoyants, que nous avions rencontrée mercredi, et dont nous avions invité les enseignants à assister à la projection de "LoL" afin de bénéficier d'une bonne introduction aux enjeux du logiciel libre, avait à leur place envoyé leurs élèves.
Après levée du malentendu avec le groupe d'élèves à qui nous avons néanmoins souhaité bonne arrivée, nous leur avons expliqué que par chance ils étaient arrivés le jour de la seule de nos projections grand public qui soit très majoritairement en français, et que par ailleurs le film était quasi-entièrement constitué d'interviews, ce qui implique que des aveugles pouvaient peut-être arriver à en comprendre le gros du message.
Après en avoir discuté entre eux, le groupe d'aveugles et malvoyants ont finalement décidé de rester et de suivre le film.
Attirés par la discussion, cinq spectateurs ordinaires ont décidé d'assister également à la projection, dont deux sont restés jusqu'au bout de la séance de questions-réponses.
Un membre de l'Association des Blogueurs du Burkina s'est également joint au public, cependant trop tardivement pour réellement comprendre le film.
Nous avons introduit le documentaire en expliquant l'intérêt du logiciel libre pour le Burkina Faso et spécialement pour les porteurs de handicap, par les possibilités d'adaptation qu'offre le libre. L'exemple des logiciels de synthèse vocale a notamment été pris pour exemple, avec la possibilité d'ajouter une version Mooré, Bamanan ou Fulfuldé (trois langues qui permettent de couvrir la totalité des populations du Burkina, puisque les locuteurs de langues plus minoritaires parlent généralement une de ces trois langues en plus de leur langue maternelle) lorsque le logiciel est libre, alors que c'est à la fois techniquement impossible et illégal dans le cas des logiciels propriétaires.
Les jeunes de l'ABPAM se sont montré extrêmement intéressés à l'issue du film (enfin, les plus jeunes d'entre eux se sont endormis, mais beaucoup des plus âgés ont participés très activement aux questions et réponses), et très motivés pour commencer à contribuer au logiciel libre, rendez-vous a donc été pris pour voir comment s'organiser dans ce but.
Lundi 7 mars au matin, une installation de Debian 11 sur une machine du LTA a été l'occasion de présenter aux élèves de terminale H (informatique) disponibles les différentes étapes de la procédure et les concepts-clés qui la conditionnent. Un rapide test ensuite (la salle devant être libérée pour un autre cours) a permis de montrer ce que sont les dépôts et le fichier sources.list.
En fin d'après-midi, l'installation de Debian 11 sur deux machines de la salle informatique du campus de Tanghin a permis de présenter à plusieurs étudiants en informatique et réseaux (qui avaient pour certains déjà vu Ubuntu mais guère plus) ce qu'est une distribution, ce que sont différents bureaux Linux, et quelques bases techniques (arborescence des fichiers, infrastructure à clé publique, empaquetage,...).
Une rencontre avec la direction de l'ABPAM a permis de fixer les conditions d'une future collaboration. Ils ne pourront toutefois tester les distributions Linux accessibles que lorsque nous leur aurons fourni des ordinateurs supplémentaires, puisque leurs ordinateurs actuels leurs ont été fournis par des partenaires à qui ils doivent rendre compte, et que par conséquent l'ABPAM ne veut pas installer d'autres choses sur ces PC que ce qui a été convenu avec leurs partenaires.
Mardi 8 mars, pour la journée internationale des droits de la femme, nous avons projeté Sita Sings The Blues, de Nina Paley. Nous avions invité les étudiants de l'Institut Supérieur de l'Image et du Son puisqu'ils auraient pu apprécier la créativité graphique de l'auteur et sa capacité à réaliser à elle seule un long-métrage d'animation (ne recourant à des professionnels extérieurs que pour le son) mais malheureusement aucun n'est venu, et le public s'est essentiellement limité à un groupe d'élèves du LTA et quelques autres.
Les élèves du LTA ayant demandé à ce que l'on attende certains de leurs camarades en retard, et avec l'accord du reste du public, nous avons projeté dans l'intervalle la courte vidéo d'Illyse sur "transformer la raclette en Internet", qui a plutôt intéressé les présents.
Mercredi 9 mars au soir, un atelier de présentation des projets contributifs a été organisé par Christopher Kalmogo, jeune étudiant de l'IST devant soutenir son mémoire de licence bientôt, et créateur de la société de développement logiciel Useful, spécialisée dans l'IoT et l'analyse de données massives.
L'absence de connexion (nous avions acheté un forfait de données 4G pour partager notre connexion, mais le réseau ne passait pas) a évidemment perturbé la partie "travaux pratiques" que nous avions préparée, mais en utilisant une autre puce téléphonique nous avons au moins pu, en plus d'expliquer le principe de la contribution à wikipédia (largement utilisé au Burkina, mais toujours passivement) et à quelques autres projets comme OpenStreetMap et OpenFoodFacts, effectuer une démonstration de contribution à l'article Wikipédia concernant le drapeau burkinabé.
Les étudiants présents ont suivi poliment, mais c'est seulement quand ils ont pu constater sur leurs propres téléphones que l'article avait bien été modifié pour tout le monde qu'ils ont réellement compris de quoi nous parlions et ont montré un certain enthousiasme.
Jeudi 10 mars, nous avions invité les élèves du LTA volontaires à continuer l'installation des machines Debian, et notamment à voir comment on peut supprimer un mot de passe du BIOS en modifiant un jumper (en effet le revendeur des machines d'occasion n'avait pas fourni le mot de passe BIOS).
Un enseignant du lycée municipal Bambata avait organisé une projection pour ses élèves de terminale, deux classes totalisant une cinquantaine d'élèves. Malheureusement, un malentendu sur la date a fait que c'était au même moment que le TP Debian avec le LTA, obligeant à jongler avec l'emploi du temps...
Par ailleurs la salle de conférence du lycée Bambata était prise ce jour-là, et il a fallu se rabattre sur la salle des professeurs du lycée qui n'était pas adaptée à une projection.
Malgré l'absence d'obscurité, nous avons pu trouver un projecteur et un écran et réussir à le mettre en place... juste à temps pour qu'un délestage (courant en cette saison) coupe l'alimentation électrique du lycée et bloque tout pour une bonne demi-heure.
Vu le thème défini par l'enseignant pour la projection ("logiciel libre et vie privée") nous pensions projeter Nothing to Hide, mais en constatant que la disposition de la salle n'aurait pas permis aux élèves assis aux derniers rangs de lire les sous-titres, nous avons projeté "LoL" à la place.
Malheureusement encore, c'est après le début de la projection (avec une bonne heure de retard sur le programme) que nous nous sommes aperçus que contrairement à ce que les tests avaient montré, l'affichage coupait le bas de l'écran, enlevant donc les noms des intervenants et surtout les sous-titres lors des passsages (heureusement courts) en anglais.
Vu le temps que nous avions déjà fait attendre les élèves dans la chaleur étouffante de la salle, et n'ayant aucune idée de combien de temps serait nécessaire pour corriger ce problème ni de si un deuxième délestage était à craindre, nous avons décidé de laisser la projection se dérouler malgré tout.
Les questions de la salle à l'issue du film montrèrent que malgré les conditions chaotiques de projection, le message du film était au moins partiellement passé.
Le soir, au campus de Tanghin, nous avons pu organiser un atelier avec le tout nouveau kit pédagogique "smartphones et vie privée" pour lequel l'association Exodus Privacy, réalisatrice du kit, demandait des tests.
Le groupe initial était constitué des étudiants qui avaient déjà participé aux activités précédentes, mais un deuxième groupe arrivé plus tard permit de tester l'atelier avec des néophytes complets, ce qui était quand même le but.
Les étudiants furent surpris et intéressés de découvrir l'ampleur du pistage qu'ils subissaient via les applications ordinaires qu'ils avaient installés sur leur smartphone, et plusieurs ont installés F-Droid pour commencer à tester les applications libres.
Vendredi 11 mars, il fut possible de reprendre contact avec les jeunes de l'ABPAM qui avaient été intéressés par la projection de LoL. Ce fut surtout l'occasion de prendre rendez-vous pour la formation à la programmation (si le niveau de base dans l'utilisation de l'ordinateur est acquis) par Christopher Kalmogo, probablement à un rythme d'une séance par semaine, dans des modalités à élaborer collectivement.
L'après-midi, les élèves du LTA furent de nouveau invités à reprendre l'installation de Debian sur les machines qui restaient. En effet, du fait de la collision entre le TP Debian et la projection au lycée Bambata le jour précédent, après l'installation d'une seule machine (menée jusqu'au partitionnement et au choix des bureaux à installer), l'élève présent ayant semble-t'il compris la démarche et noté les instructions, il lui avait été confié l'installation des autres machines et l'explication de la démarche aux élèves censés le rejoindre, pour un TP en autonomie. Mais une coupure de courant ayant également affecté l'IST, l'installation fut interrompue et les élèves ne surent pas la reprendre, ni réagir aux demandes de mot de passe du BIOS sur les machines qui restaient.
Après la réussite de l'installation de quelques machines, ce fut aussi l'occasion de leur présenter quelques jeux libres, notamment Fish-Fillets (sorte de Sokoban à deux personnages), 0ad, Bataille pour Wesnoth, Minetest et FreeOrion.
Le directeur de leur lycée est en effet favorable à les encourager à jouer à des jeux de réflexion, tant que cela reste sur des durées raisonnables et n'affecte pas négativement leurs résultats scolaires.
Puis, toujours au campus de Gounghin, fut projeté la conférence de Benjamin Bayart "Géopolitique de la Donnée".
Prévue pour être projetée surtout aux étudiants ayant assisté aux projections précédentes, aucun de ceux-ci n'étaient malheureusement présents. De manière générale, nous avons eu plusieurs manifestations d'intérêt de la part d'étudiants pour assister à nos projections (et/ou de regrets que nous n'en ayions pas organisé plus), mais sans que le concept de regarder les affiches annonçant le programme ou de venir à l'horaire indiqué n'aie semble-t'il réellement percolé.
Par ailleurs du fait du caractère assez intense du programme des jours précédents, nous avons tout simplement oublié de préparer cette projection-ci à l'avance, et il est clair que nombre des références utilisées par BB (le Brexit, Jersey, ...) étaient largement étrangères au public.
Des étudiants normalement en cours au moment de la projection ayant dit leur intérêt pour suivre la projection, il a fallu avec la direction du campus prendre une décision. Il était probable qu'au moins une partie des étudiants aient considéré la projection comme un prétexte pour échapper au cours, et que si on les laisse partir ils entraînent avec eux certains de leurs amis qui auraient été intéressés par suivre la conférence mais se seraient laissés tenter par la fuite collective.
Il était néanmoins tout à fait crédible qu'une autre partie des étudiants soit réellement intéressés par la projection, et maintenir le cours les aurait empêché d'y assister.
Cela a été toute la difficulté lors de cette session, dans la quasi-totalité des cas les étudiants présents aux projections étaient majoritairement intéressés voire très intéressés, mais le nombre d'étudiants présents aux projections était décevant.
Comme déjà dit, des étudiants clairement motivés à assister aux prochaines projections finalement ne venaient pas y assister, pour des raisons qu'ils ne nous ont pas données. Les distances entre campus ont évidemment joué un rôle important, mais aussi l'existence d'activités concurrentes, les obligations familiales, les distances que les étudiants devaient parcourir pour rentrer chez eux ensuite dans la ville très étendue qu'est devenue Ouagadougou, les examens que les étudiants devaient préparer et qui peuvent encourager le bachotage et donc décourager les activités annexes, les traditions amicales locales qui n'encouragent pas vraiment les activités intellectuelles,...
Réduire la friction pour ne pas décourager les personnes motivées, sans pour autant forcer les étudiants non intéressés à participer, est donc un défi organisationnel majeur que nous n'avons clairement pas su relever lors de cette première expérience.
Pour ce vendredi précis, la direction du campus a elle décidé, malgré nos réticences à rendre quoi que ce soit obligatoire, de libérer les étudiants du cours prévu à l'heure de la projection, tout en leur signalant qu'un appel serait fait à l'issue de la projection et que les étudiants absents seraient pénalisés.
Le résultat a été assez malheureux, la majorité de la salle se révèlant passive et dissipée, n'adhérant pas du tout à la conférence. Une courte séance de questions-réponses à la fin de la projection a permis de confirmer notre hypothèse que certains étudiants pouvaient être intéressés par le sujet, mais ils représentaient une très faible minorité et nous avons donc libéré la salle plus tôt que prévu.
Enfin, le soir au campus de Tanghin fut organisé le dernier atelier de la saison, consacré à une présentation de divers logiciels libres. Là le succès fut bien plus au rendez-vous, avec l'assemblée la plus nombreuse que nous ayions eu lors de cette session à l'IST, et entièrement volontaire cette fois-ci.
Le format volontairement interactif de l'atelier a permis de répondre aux questions des néophytes complets, ce qui était clairement utile; cela impose toutefois une certaine souplesse dans le programme, et nous n'avons pas pu aller beaucoup plus loin qu'une présentation rapide de LibreOffice, de Git, d'un logiciel simple pour montrer que créer un logiciel libre est simple (lufi de framasky), de quelques jeux libres puis de Blender, pour terminer sur la projection du court-métrage Big Buck Bunny de la fondation Blender.
Samedi
Le samedi, dernier jour de cette session intensive, la direction de l'IST organisa une réunion afin de définir le programme des cours sur le logiciel libre qui devraient commencer à la rentrée suivante, ainsi que la suite à donner au projet LibreFaso.
Le cours d'informatique donné en tronc commun à tous les étudiants, de 30 heures jusqu'à présent, consiste en réalité à une introduction à l'usage de l'ordinateur, la majorité des nouveaux étudiants n'ayant jamais utilisé un ordinateur fixe ou portable avant de rentrer à l'IST.
Il fut décidé de porter ce cours à 45 heures pour l'année académique 2022-2023; et de faire commencer les étudiants sur Linux plutôt que sur Windows, puis de les faire utiliser Windows vers la fin du cours de façon à ce qu'ils puissent quand même passer les certifications Microsoft qui leur sont demandées. Ainsi cela permettra de leur faire comprendre que Windows n'est pas naturel sur un ordinateur, et de mieux faire comprendre ce qu'est un système d'exploitation puisqu'ils en auront vu au moins deux.
Pour le cours dédié plus spécifiquement aux informaticiens, un volume horaire de 30 heures par an sur le logiciel libre a été envisagé, mais les détails concrets ont été laissés à plus tard, notamment quand des exemples de programmes utilisés dans des enseignements du logiciel libre ailleurs auront été analysés (le programme de la licence ASRALL de Nancy et ADSILL de Bordeaux ont depuis été envoyés).
Une dernière séance de TD avec les élèves du LTA eu ensuite lieu, afin de finaliser l'installation des dernières machines Debian.
Vu qu'en autonomie ils eurent tendance à mettre la swap en partition bootable, il fallut repasser derrière eux pour assurer que les machines marchent réellement, mais au moins ce fut l'occasion de leur faire comprendre sur les machines déjà fonctionnelles ce qu'était un bureau et ce qui changeait ou restait constant lorsqu'on utilisait un autre bureau (du fait que nous avions pu porter la RAM de la plupart des machines à 4 Go, nous avons installé sur chaque machine les différents bureaux livrés avec Debian, de Gnome à LXQT, alors que sur les machines plus vétustes nous nous étions contentés des bureaux légers comme LXDE, XFCE et MATE).
Il a également été possible de leur remontrer, en prenant un peu plus de temps, les jeux libres installés, notamment FreeOrion, Fish-Fillets et 0.a.d.
Christopher Kalmogho et son collègue d'Useful avait de son côté organisé, seuls cette fois-ci, un atelier pratique au campus de Gounghin. Un seul étudiant courageux du campus de Tanghin fit le déplacement à l'heure, même si un groupe de trois autres arriva deux heures plus tard, au moment où l'atelier se terminait pour laisser la place à la dernière projection de la session intensive de février-mars 2022.
Ils ne purent donc participer à l'atelier pour lequel ils venaient, mais être en retard de deux heures leur permis au moins d'être à l'heure pour la projection...
Pour clore cette session de promotion du logiciel libre, nous avons projeté le film "La bataille du Libre" de Philippe Borrel.
Pour la première fois, nous avons réussi à avoir plusieurs extérieurs et pas seulement des étudiants, qui ont fortement appréciés le film et ont reconnu son importance, mais ont aussi témoigné leur déception devant le faible nombre d'étudiants venus assister, alors que les enjeux du Libre sont justement ce qui engage l'avenir du Burkina et devrait mobiliser sa jeunesse.
Le directeur de l'IST, venu assister à cette dernière projection du début à la fin, n'a pu que partager ce constat, et espérer que si nous pouvons répéter l'opération l'an prochain, une meilleure préparation puisse permettre d'avoir un impact à la hauteur des défis qui attendent le Faso.
Malgré les conditions assez chaotiques de sa réalisation, dues notamment aux incertitudes sur sa tenue (tant pour des questions d'organisation interne que du fait de l'imprévisibilité de la situation burkinabé, par exemple la fermeture des frontières en janvier), cette session de promotion du Libre a permis de montrer l'existence d'un potentiel, et de tester en conditions réelles les obstacles auxquels s'attendre.
Un des premiers résultats utiles est que le format "projection puis questions-réponses" a clairement passé l'épreuve du feu, ce qui était une des interrogations au moment de la préparation initiale.
Certes, ce format a parfois produit des échecs; mais le fait que la même projection (Nothing to Hide notamment) aie pu être un flop retentissant une fois et un succès appréciable une autre fois montre que le secret est dans la préparation préalable et l'adaptation au public (et bien sûr les conditions de projection), mais que le format n'est pas un obstacle en soi, même pour des conférences filmées dont l'aspect spectaculaire est limité.
Vue la qualité des ressources disponibles sur le sujet du libre, savoir que le message passe même via un écran dans une salle de cours est donc une bonne nouvelle.
Que ce format marche bien ne signifie pas pour autant que c'est le seul qui marche, ni que c'est toujours le meilleur.
Les ateliers, organisés par un burkinabé encore étudiant de l'IST, ont donné une autre ambiance, plus relaxée et plus familière pour le public, et ont connu un succès important également.
C'est donc une piste à suivre, et une répétition de cette session l'an prochain aurait probablement intérêt à articuler les deux formats.
En effet les ateliers ont facilité l'intégration et la participation du public, améliorant sans doute sa compréhension de ce qu'est le logiciel libre. Mais par contre l'on constate après trois ateliers que l'on commençait à tourner légèrement en rond, notamment pour les plus motivés des étudiants, et poursuivre dans la voie des ateliers ne leur aurait pas forcément été très utile, là où les ressources vidéos disponibles permettent de donner une profondeur intellectuelle réelle à qui s'intéresse à la question.
De plus ni le rédacteur de ce bilan ni l'étudiant ayant animé l'atelier n'avons le niveau des experts dont nous avons projeté les vidéos, même si nous avons tous deux une compréhension et une pratique correcte du Libre et de Linux.
Il restera à trouver comment s'adresser à la fois à un public qui n'a jamais réfléchi à ce sujet et demande des explications extrêmement basiques, tout en étant aussi capable de nourrir la faim de connaissances et de réflexion de ceux qui ont compris les enjeux et souhaitent aller plus loin.
Pour ce qui concerne les vidéos, le grand enjeu est d'arriver à trouver leur public, la constante de cette session étant que les participants étaient généralement très intéressés en découvrant le sujet, mais qu'au final une très faible proportion des étudiants (et une encore plus faible proportion du public-cible extérieur) est venu assister aux activités organisées.
Bien entendu, avoir plus de temps pour préparer la communication de la prochaine session, et la capacité d'organiser mieux le calendrier pédagogique de façon à ne pas avoir de conflit entre les activités pédagogiques autour du Libre et les activités universitaires devrait grandement aider.
L'idée initiale sur laquelle LibreFaso s'est créée, en accord avec les premiers financeurs pressentis et avec l'IST, était de financer des bourses d'études à des étudiants qui n'ont pas les moyens de payer l'IST, ce en échange de contributions au Libre.
Cette session de février-mars a permis d'identifier un certain nombre d'obstacles imprévus, qui poussent à une réorientation partielle du projet.
Le premier, que nous n'avions pas du tout identifié depuis la France, est la culture du bachotage qui est omniprésente dans l'enseignement secondaire, et qui fait que les élèves de terminale n'ont aucune minute de libre qui pourrait être utilisée pour les inviter à des activités qui pourraient permettre d'identifier les élèves prometteurs. Et c'est particulièrement vrai pour les plus pauvres, pour qui la réussite au baccalauréat est une question de survie, et par conséquent sont encore plus concentrés sur leurs études et la préparation immédiate de l'examen.
Le deuxième est que la culture de sérieux et de responsabilité particulière au Burkina-Faso, à la fois origine et conséquence de l'ère Sankara, a été ravagée par presque vingt ans de corruption généralisée. Il est de ce fait difficile de pouvoir garantir aux financeurs que la totalité des étudiants recrutés travailleront sérieusement et conscieusement, même si nous avons rencontré des étudiants brillants et motivés (mais qui avaient déjà payés leur scolarité).
Or la contribution au Libre est quelque chose qui ne peut se faire sous contrainte, des contributions de mauvaise qualité, faites uniquement pour "valider les exigences du programme", risquant de poser plus de soucis aux projets auxquels elles sont faites, tout en risquant de discréditer le programme (voire plus généralement le Burkina) au yeux des autres contributeurs à ce projet.
Arriver à mettre en place une culture de la contribution saine, et une capacité d'auto-évaluation suffisante pour relancer cette idée de "bourses contre contribution" ne peut donc pas s'imaginer à l'horizon de la rentrée 2022 mais demandera un délai plus long.
Cette session a néanmoins permis d'identifier quatre autres axes d'action, en attendant d'arriver à produire les conditions de faisabilité du premier ("bourses contre contribution", donc) :
Ce cours est actuellement une introduction à l'utilisation de l'ordinateur et des logiciels usuels, la majorité des étudiants n'ayant jamais touché un ordinateur (à l'exception de leurs smartphones, mais sans avoir compris qu'il s'agit d'ordinateurs) avant leur entrée à l'IST.
Porté de 30 à 45 heures, il devra permettre de faire commencer les étudiants sur Linux, de leur expliquer ce qu'est un logiciel libre et de l'intérêt que peut avoir le libre pour le Faso, de leur faire utiliser les logiciels libres courants, et de leur expliquer ce qu'est la contribution.
Ce cours est censé commencer dès la rentrée 2022, cependant les salles informatiques de l'IST étant actuellement sous Windows (sauf les quelques machines passées sous Debian lors de cette session) et une partie au moins devant le rester du fait que les certifications passées par les étudiants sont également sous Windows, il reste à voir jusqu'où cela s'avèrera possible.
Cet axe d'action sera mis en place par l'IST, avec les moyens de l'IST et piloté par l'IST, et nous ne demandons donc pas de dons à cet effet. Une aide pédagogique par des gens ayant l'expérience de tels cours d'introduction est toujours la bienvenue, et du matériel informatique de seconde main peut également être utilisé avec bénéfice si quelqu'un dispose de stocks dont il veut se débarrasser, notamment pour résoudre le problème d'attribution de postes à Linux quand les contraintes de certification imposent qu'un certain nombre des ordinateurs actuels restent sous Windows.
De même, cet axe d'action sera mis en place par l'IST, avec les moyens de l'IST et piloté par l'IST, et nous ne demandons donc pas de dons à cet effet. Une collaboration pédagogique avec des enseignants pratiquant l'enseignement par la pratique et/ou l'enseignement du logiciel libre serait néanmoins hautement appréciée.
De mêmes, l'IST récupérerait avec intérêt du matériel informatique de seconde main pour de futurs clubs informatique étudiants, si quelqu'un dispose de stocks dont il veut se débarrasser.
En effet, si l'ABPAM fournit un certain nombre de services aux enfants dont elle s'occupe (les inscrire dans des écoles, leur trouver une famille d'accueil, leur fournir une cantine le midi, leur fournir une assurance médicale,...) elle le fait sur un budget limité, et notamment via des parrainages.
Elle a donc régulièrement une liste d'enfants qu'elle ne peut accepter faute de financement, et la direction de l'ABPAM est d'accord pour faire participer ces enfants actuellement "restés sur le carreau" à un programme "bourses contre contributions", dans la mesure où ça ne nuit pas à la scolarité ni au développement de ces enfants.
Pour cet axe par contre il y a un besoin de financement criant, puisqu'il faut compter environ 300-500 € par an pour un parrainage complet d'un jeune aveugle (certains enfants peuvent bénéficier de parrainages partiels, mais d'autres seraient à prendre en charge complètement).
Par ailleurs les ordinateurs obtenus jusqu'à présent par l'ABPAM sont sous Windows, et l'ABPAM ne voulant contrevenir aux engagements qu'elle a pris avec les partenaires qui les lui ont fournis, souhaite les conserver dans l'état où ils ont été livrés.
Pour fournir aux élèves des ordinateurs entièrement libres, des dons de matériel (même de seconde main) seraient donc très utiles.
L'IST a une expérience dans la mobilisation de son personnel pour fournir des solutions d'accueil à certains enfants ayant dû fuir leur village et abandonner leur scolarité, et souhaiterait pouvoir reprendre cet effort à une plus grande échelle maintenant que la crise s'est largement aggravée (plus d'un million de personnes déplacées du fait de la guerre, dont plus d'un tiers d'enfants, la plupart laissés sans possibilités de reprendre leur scolarité).
L'IST peut s'engager à trouver des familles d'accueil pour un nombre précis d'enfants (nous avons ensemble convenus d'une vingtaine pour commencer, ce nombre pouvant monter si des financements suffisants sont recueillis), et à assurer l'intermédiation sociale nécessaire à garantir la sécurité de ces enfants et de bonnes conditions d'accueil.
Il reste à dédommager les familles d'accueil pour la nourriture de ces enfants (autour de 30 € par mois), à payer les écoles qui les prendront, à leur trouver une salle informatique pour les initier à l'usage de l'ordinateur et à la programmation, éventuellement à payer leur transport scolaire, et autres menus frais.
C'est donc sur cet axe que le besoin de financement est le plus important, et que nous appellons à la générosité et à l'humanité de nos lecteurs.