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2008-11-18 12:22:09
Une tude de l'observatoire nationale de la d linquance r v le que pr s de la moiti des victimes de violences physiques le sont dans le cadre de leur foyer.
CEDRIC MATHIOT
Environ 5% des Fran ais de 18 60 ans (soit 1.680.000 personnes) ont t victimes d au moins une agression physique (hors vol et violence sexuelle) en 2006 et 2007. Et sur cette population, pr s de la moiti , soit 800.000 personnes, ont t victimes de violences de la part d'un membre de leur foyer. C est un des chiffres marquant d une tude dont l Observatoire national de la d linquance (OND) publie les conclusions aujourd hui, et qui porte sur les ann es (2005-2006 et 2006-2007). L OND a compil des donn es recueillies en 2007 et 2008 aupr s de plus de 22.000 personnes dans le cadre de l enqu te annuelle r alis e par l observatoire et l INSEE aupr s des Fran ais. Cette approche dite enqu te de "victimation" vise proposer un autre regard sur les statistiques de la d linquance. Alors que les chiffres du Minist re de l Int rieur reposent uniquement sur l activit des services de police et de gendarmerie (et peuvent varier en fonction de celle-ci, ou de la propension des victimes porter plainte), la
victimation se fie elle aux seules d clarations des enqu t s. La m thode s inspire des pratiques anglo-saxonnes (depuis 1981, les Anglais proc dent une tude, qui touche aujourd hui pr s de 45.000 personnes par an). Voici les principaux enseignements de l'enqu te :
La violence subie par les hommes... et par les femmes
Les deux sexes confondus, 4,8% des Fran ais disent avoir t victimes de violences physiques (hors vols et violences sexuelles) au moins une fois en 2006 et 2007. Cette proportion est de 4,7% chez les hommes, tr s proche du chiffre que l OND a trouv chez les femmes : 4,9%. Mais la nature des violences subies, et l auteur de ces violences diff rent beaucoup. Sur 800.000 hommes d clarant avoir t victimes de violence, 72,5% voquent un acte de violence hors m nage. La donne est inverse chez les femmes : 80% des femmes ayant t victimes de violences ont t vis es par une connaissance personnelle (voisin, coll gue, parents), et 61,5% par un agresseur issu de leur m nage.
La violence en fonction de l' ge : les jeunes en premi re ligne
C est entre 18 et 24 ans que les Fran ais sont le plus confront s la violence. Pr s de 10% (9,3%) des hommes de cette tranche d ge ont d clar avoir subi au moins un acte de violence sur les deux ans. C est la cat gorie de population la plus expos . Les femmes du m me ge d clarent elles aussi une exposition sup rieure la moyenne : 7,6% disent avoir t victimes d'une agression au moins. Par la suite, les chiffres baissent pour les deux sexes. A noter qu' partir de 25 ans, la part des femmes se d clarant victimes est toujours sup rieure celle des hommes du m me ge.
La violence dans le m nage
La violence est largement une affaire domestique : le nombre de personnes se d clarant victimes de violence intra-m nage approche les 800.000. Soit 2,3% de la population vis e par l enqu te. Celle ci r v le que pr s d une personne sur deux ayant d clar des violences physiques (48%) dit avoir t victime d une personne vivant avec elle. Dans pr s de 30% des cas (28,8%), les personnes ayant t agress l ont t au moins une fois par un conjoint ou un ex- conjoint. Ce pourcentage monte 42% chez les femmes. Dans 17,5% des cas (290.000 personnes), un autre membre de la famille a port des coups.
Les victimes des violences familiales d clarent le plus souvent une r p tition des faits (deux fois ou plus sur les deux ann es) et aussi une proportion sup rieure de violences ayant entra n s une blessure ( 44,2%) contre 37,6% pour les violences hors-m nage.
Pr s de 1,5% des personnes vivant en couple d clarent avoir subi au moins un acte de violence physique (hors agression sexuelle) de la part de leur conjoint actuel. Ces taux sont respectivement de 1% pour les hommes, et de 2% pour les femmes. Il monte 3% pour les femmes de 18 24 ans.
Le ch mage appara t comme un facteur explicatif des violences conjugales: 3,8% des femmes au ch mage d clarent avoir subi au moins un acte de violence de la part de leur conjoint. Ce taux atteint 4,6% si le conjoint lui-m me est sans emploi.
Les populations les plus expos es
8,6% des personnes appartenant une famille monoparentale d clarent avoir t victimes de violence. Ce chiffre, tr s nettement au dessus de la moyenne (4,5% pour les autres types de m nage) s explique par la recrudescence, dans cette cat gorie de population, de violence commises par des auteurs connus personnellement, et en particulier par des membres de la famille (6,4% des adultes de 18 60 ans vivant dans une famille monoparentale d clarent avoir t victimes d'une connaissance personnelle, et 3,1% d'un membre de la famille, contre des taux inf rieurs 3% et 1% dans les autres m nages).
Enfin, les habitants des zones urbaines sensibles sont plus expos s que leurs concitoyens : plus de 7% d clarent avoir t victimes au moins une fois de violence physique.
Quelles proportions de plaintes d pos es?
C est un des avantages des enqu tes de victimation par rapport la statistique de la d linquance enregistr e par les services de police : elles permettent d' valuer le taux de plaintes des victimes. Selon l enqu te de l OND, la proportion de victimes ayant port plainte au moins une fois est proche de 30% pour les violences physiques hors m nage. Un niveau plus de trois fois sup rieur au 9% des violences intra-m nage. Moins d une victime de violence intra-m nage sur dix a port plainte pour l un au moins des actes subis sur les deux ans de l tude.
Pourquoi l enqu te s arr te-t-elle 60 ans ?
A cause d un couac inattendu. L enqu te tait pr vue pour viser les Fran ais jusqu 75 ans. Las, l OND s est rendu compte, en compilant ses r sultats, que chez une partie non n gligeable de personnes ayant d pass les 60 ans, les r ponses aux questionnaires d raillaient un peu. L explication a t trouv e : dans la partie "auto-administr e" de l enqu te (qui concerne les violences intra-m nage, et se fait pour des raisons de confidentialit devant un ordinateur avec un casque sur les oreilles), plusieurs dizaines de personnes au-del de 60 ans auraient t trahies par leur mauvaise pratique du clavier. Appuyant trop longtemps sur les touches, elles ont, en un seul clic prolong , r pondu par l affirmative une s rie de questions (et notamment l une portant sur les violences subies de la part de leurs parents). Le modus operandi de l'enqu te a t chang (une nouvelle touche de transition a t ajout e entre les questions). Mais l OND, pour cette fois, a donc pr f r faire l impasse sur les plus de 60
ans.