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La strat gie Free, c'est la mort des investissements

2012-01-26 13:00:51

recueilli par Dominique Albertini

Les repr sentants syndicaux CFE-CGC et Unsa des op rateurs mobiles historiques (Orange, SFR, Bouygues) ont saisi l'autorit de r gulation des t l coms (Arcep) d'une demande d'enqu te sur le r seau de Free. Les explications de S bastien Crozier (photo DR), pr sident de CFE-CGC-Unsa et directeur de la strat gie et de l'innovation chez France T l com-Orange.

Pourquoi demander l'ouverture d'une enqu te sur le r seau de Free ?

Au nom de la concurrence n olib rale, on a introduit un quatri me op rateur sur un marchepied. On lui a offert un accord d'itin rance avec Orange [qui prend en charge la majorit des appels des clients de Free, ndlr], et il b n ficie d'une subvention de 5 euros par mois et par abonn de la part de SFR, Orange et Bouygues. Le probl me, c'est le risque de destruction d'emplois cause de cet op rateur low-cost, qui n'a presque pas de boutiques et de centres d'appels en France. Free tait cens couvrir 27% du territoire par ses propres moyens, nous soup onnons qu'il n'y ait pas mis les moyens n cessaires.

Qu'est-ce qui vous le fait penser ?

Il suffit de s'abonner chez Free et de chercher le r seau : il n'y en a nulle part dans les zones denses. Les sites sp cialis s r v lent que la couverture est bien faible. Et, quand on mesure le signal, il est si affaibli que l'appareil bascule souvent sur le r seau Orange. Ce n'est pas possible que Free applique la strat gie du coucou, en vivant sur ce que d'autres ont construit. Nous demandons donc l'Arcep d'ouvrir une enqu te pour v rifier l' tat du r seau de Free.

Quelles sanctions pourraient tre prises contre le nouvel op rateur ?

L'Arcep pourrait remettre en question certains de ses privil ges, imposer des sanctions financi res et des obligations d'investissement.

Pourquoi est-ce vous, syndicat, qui prenez cette initiative, et pas les op rateurs eux-m mes ?

On ne sait pas, on reste muet devant cette inaction. C'est se demander si ces gens savent faire leur travail.

Vous agissez au nom de la d fense de l'emploi fran ais ?

Exactement : l'hyperconcurrence associ e au consum risme provoque les d localisations et l'appauvrissement. On affaiblit la France. Certes, Free est moins cher. Mais soyons s rieux : sur un abonnement 40 euros, la marge d'un op rateur traditionnel est de 3,20 euros. En dessous, la diff rence s'obtient par destruction des investissements. Le r sultat de la strat gie de Free, c'est que plus personne n'investira. Le consommateur aura l'impression d'y gagner, mais finalement c'est lui qui paiera les probl mes d'emploi.

Ne craignez-vous pas que cette initiative soit confondue avec la contre-attaque commerciale des grands op rateurs contre Free ?

Etre assimil s des sous-marins alors que nous avons t en lutte violente avec Didier Lombard [ex-pr sident de France T l com, ndlr], que nous sommes en pleine crise sociale, que tous connaissent notre ind pendance... Il se peut certes que nos pr occupations convergent avec celles de la direction, pour des motifs diff rents. Mais eux veulent prot ger les actionnaires, et nous les emplois.

Des menaces pr cises p sent-elles sur ceux-ci ?

Nous avons chip des documents voquant la supression de 10 000 12 000 emplois, dans un d lai de dix-huit vingt-quatre mois, si la situation reste en l' tat.

Chez Free, que pensent vos coll gues syndicalistes de votre initiative ?

Je vous laisse les appeler. Mais il faut arr ter d' tre dans une logique corporatiste et penser l'emploi de mani re globale. Que pensent tous les licenci s conomiques cause des d localisations qui ont pr c d l'arriv e de Free ?