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Do one thing, and do it well
Internet est un formidable outil d’échange et de communication qui a en son cœur le texte. Le simple acte de transmettre des informations par le relais de son clavier est aujourd’hui un acquis, mais derrière cela se cache de nombreuses méthodes différentes appelant divers outils. À la racine, le texte se veut être la retranscription d’une information. C’est un vecteur visuel qui répond d’une codification partagée. Cela fait appel à la syntaxe, mais plus généralement à la mise en page d’un document. Aussi, de nombreux outils cherchent à faciliter la diffusion de l’information sous la forme d’un flux de travail compressé. Il y aurait certainement une analogie à faire avec nos modes de consommation : dire que faciliter la publication a fortement diminué la part de contenu d’intérêt et qu’il est nécessaire de publier de manière plus responsable. De là a atterrir dans la censure il n’y aurait cependant qu’un pas à ne pas franchir. Je ne suis pas étranger à ces tendances, aussi, ma pratique a évolué dans le temps. D’abord par besoin de stabilité, ensuite, par simplicité.
Je décris ici les grandes familles d’édition de texte que j’ai expérimenté jusqu’ici avec sans doute pas mal de raccourcis, l’idée étant de construire un historique, d’aiguiller les personnes partageant mes valeurs, et évidemment d’étaler une soliloquie de ma part.
Mes premiers pas avec un ordinateur. Une zone d’insertion et une multitude de boutons, et vous me saviez occupés pendant quelques jours au moins. Une chose qui n’a pas tant changée. Arrivé trop tôt, l’outil ne m’a, pour ainsi dire, jamais tant servi. J’ai bien essayé d’asseoir ma position en tant que consultant à la numérisation au sein des groupes de travail, mais c’était sûrement trop ambitieux de m’attaquer au public des 3-10 ans.
Word est un outil fantastique. Lancez le programme, écrivez ce que vous voulez, cliquez en page le contenu et tout est prêt pour la distribution. Le processus se rend aussi accessible que possible à l’utilisation par des novices, tout en proposant une multitude de fonctions avancées.
Word est un formidable outil, dont le succès vient probablement de sa distribution prêt à l’emploi avec le système d’exploitation Windows. Avec une part de marché aussi importante[1], il ne paraît pas insensé pour les programmes fournis par défaut de pouvoir conquérir le cœur du public. Word s’est imposé comme standard en bureautique et à juste titre. Pour autant, son défaut majeur aura été pour moi de suivre la même ligne de développement que Windows avec ses mises à jours régulières et payantes.
Mon prochain éditeur de cœur qui m’aura suivi pendant une dizaine d’années aura été LibreOffice. C’est peu après 2007 que j’ai sauté du wagon et changé de train suite à l’introduction du format .docx[2]. Ce dernier se voulait être un concurrent contre le format .odt au prix de la rétrocompatibilité (depuis corrigé). Je ne vous cache pas la déception de mon paternel si fier de son iso de WindowsXP dans un langage d’Asie du Sud-Est qui tenait sur seulement quatre CD-ROM. Ses contacts professionnels migraient à la pelle sur le nouveau format ce qui nous a obligé a ouvrir de nombreuses discussions pour obtenir des versions .doc sur lesquelles il nous était possible de continuer de travailler. De mon côté, cette expérience suffit à me dégoûter à vie de Microsoft et je me mis en quête de solutions alternatives. Je n’eu pas à chercher bien loin avant de tomber sur OpenOffice.
Concurrent à la suite Microsoft Office, cette solution est une copie (avantages et défauts) dans une formule libre et gratuite. Libre, ce dont j’ignorais encore le sens, et surtout gratuite, cela suffisait amplement à me convaincre de les rejoindre. Pas de mensonges sur le produit, c’est bien une copie des programmes Microsoft, la transition se fit sans problème notable.
Transition simple ne veut pas dire solution sans problèmes. Un des problèmes majeurs de ce choix, et qui me suit encore aujourd’hui, aura été de devoir travailler avec des collègues utilisant la suite Microsoft. Les formats de fichiers utilisés ne sont pas compatibles entre les deux suites. Dès lors, impossible de s’échanger les fichiers et de travailler sans avoir les deux suites à disposition (dont une est toujours payante je le rappelle). Ça a été une réelle épine dans le pied jusqu’à la fin de mes études où j’ai assez gagné en grade pour pouvoir être en charge de la mise en page de mes documents et qu’en cas de collaboration je pouvais allégrement copier coller leurs contenus et l’inclure dans mes fichiers. Mon flux de travaux était enfin stable et semi-fonctionnel.
LaTeX, un grand pouvoir impliquant de grandes responsabilités. En quête de perfection ou pur masochisme, les deux n’étant pas exclusifs, je me suis ensuite intéressé à LaTeX. D’abord entendu par la bouche d’un intervenants qui nous parlait de la fonction de styles des éditeurs de texte, j’ai été séduit par l’idée de pouvoir me rapprocher de mon contenu en faisant abstraction de la mise en page où comme déclaré sur le site[3] :
LaTeX est un système de préparation de document
Concrètement, l’environnement LaTeX se veut être un éditeur de texte brut boosté avec des fonctions de programmation ayant pour objectif la mise en page. Pas de contraintes, on écrit toujours ce qu’on veut et de la manière que l’on veut. La différence étant que pour communiquer ce que l’on veut on utilisera des codes qui apparaissent clairement dans le texte plutôt que de les reléguer en arrière plan. C’est le concept de « What You See Is What You Mean » à opposer au « What You See Is What You Get ». Alors évidemment tout le monde n’a pas besoin d’autant de contrôle sur ses documents, pour autant je pense que c’est une méthode à encourager tant elle pousse à prendre du recul sur la place de la mise en page. Je ne suis pas graphiste, éditeur, tout ce que vous voulez. J’ai une information à transmettre et je n’ai pas à choisir comment vous préférez la recevoir. Je n’ai besoin que d’une chose, à savoir(,) mettre sur feuille mes idées.
Ceci étant dit, LaTeX ne sera probablement jamais mon outil de cœur pour un texte, pour la simple et unique bonne raison que je ne suis pas non plus informaticien et que toutes ces lignes de codes me filent la nausée. Bien que donnant accès à des rendus esthétiquement quasi-irréprochables, l’outil est beaucoup trop complexe pour mon propre usage et je souffre toujours de difficultés dans le cadre de collaborations. Je le garde sous la main pour les occasions, mais ça fait surtout bouche trou sur mon CV.
Viennent ensuite toute la famille des éditeurs de texte brut, simples et efficaces tous se ressemblent et n’ont à mon avis pas grande différences si ce n’est le nom. Après avoir sauté le pas du texte brut, j’ai découvert tout un monde de langages « markup », c’est-à -dire de manières d’utiliser des balises pour mettre en page son contenu. Le plus utilisé aujourd’hui serait sans doute le HyperTextMarkupLanguage qui sert pour la majorité du contenu sur Internet, mais je suis évidemment plus intéressé par des formats plus légers. Le texte brut est des formats les plus flexibles à disposition. Son rôle essentiel fait qu’il peut être lu et édité par de nombreuses applications sans avoir à télécharger une flopée d’outils et de librairies. Adieu les incompréhensions avec les collègues travaillant sous Windows, Mac, Linux. Aucune (ou peu) de chance qu’il y ait un jour l’apparition d’un nouveau format .txt qu’on appellerait « .txtx » ou autre. Pour ma part mon choix s’est porté sur le Markdown[4], qui répond à mes besoins du quotidien sans excès de fioritures. Ses règles sont sensiblement les mêmes que pour le wikitext que je manipule souvent dans le cadre d’OpenStreetMap[5] et c’est d’ailleurs de lui qu’est dérivé le format gemtext[6] sous lequel je rédige actuellement.
En bref, j’ai choisi comme éditeur de texte courant nano[7], inspiré de Pico, qui s’utilise au travers du terminal et qui se veut être un éditeur générique sans excès. Pas de surcouches, nano me permet d’ouvrir un fichier texte, de l’éditer et de sauvegarder. Ni plus ni moins. J’ai tout de même installé quelques règles de coloration syntaxique[8] qui m’aident à me repérer dans les fichiers, en particulier avec les langages dont je ne maîtrise pas la syntaxe.
Au cours de mon parcours j’ai appris à distinguer la mise en page de la rédaction de contenu, ce qui a eu pour conséquence de me pousser à apprendre les rudiments de LateX ainsi que des langages Markup. Ce faisant j’ai gagné la capacité de travailler de manière relativement indépendante à l’outil, me permettant de me concentrer sur le contenu avant de penser à la diffusion. On peut souligner l’importance du mode de diffusion sur le contenu, pour autant je ne pense pas que cela soit une justification suffisante pour brider le processus d’écriture et il est toujours possible en aval de reformer le contenu exhaustif pour le rendre plus concis.
Le stade où j’en suis présentement n’est nullement une finalité tant la relation entre l’individu et l’outil est muante et il serait probable que je finisse par sauter dans le grand bain avec Vim et Emacs. Cependant à l’heure où il m’est encore demandé d’être capable de travailler sous la suite Microsoft, il me paraît non pertinent voir contre-productif de continuer à m’embourber plus loin encore dans une voie qui ne m’est pas essentielle. Et étant accessoirement Bépoète[9], devoir à chaque fois reconfigurer les raccourcis me fatigue au plus haut point (en plus d’être contre mes principes de sobriété). Les éditeurs de texte grand public sont de formidables outils qui permettent d’accueillir et répondre au besoin du plus grand nombre. Pour autant j’émets des doutes à cette idée d’un outil répondant à tous les besoins qui entraîne inévitablement un alourdissement inutile une fois que l’expérience acquise et dont il est complexe voire impossible de se délester.
[1] Évolution des parts de marché des différents systèmes d’exploitation
[4] Page Wikipédia : Markdown
[6] Spécification Gemini (Chapitre 5)