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Mambo number 6

Critique de We Love Katamari (Namco et Now Production, 2005)

Je vais pas me gêner et citer encore une fois Tim Rogers, car après tout je n’ai que 500 mots : Katamari Damacy (Namco, 2004) est bel et bien un sommet du jeu pop, un concept « au cœur pur » qui « tient dans le creux de la main ». J’ai découvert Katamari quinze ans plus tard, sur PC, et ce jeu m’a soigné d’une déprime que je ne pensais même pas avoir. Il a ravivé mon amour du jeu vidéo, rien que ça. J’ai aussi une appétence particulière pour cette ambiance "Cool Japan" qui était déjà en voie d’extinction, ces couleurs acidulées qui me rappelaient la Dreamcast, cette OST que j’aurais aimé télécharger sur eMule quand j’étais encore au lycée, si seulement j’avais eu l’occasion de l’entendre à l’époque. Je continue à recommander chaudement Katamari à toutes les soirées où, bourré, j’entends des gens me parler de jeu vidéo au passé parce qu’ils ont perdu trop de temps sur LoL ou Binding of Isaac. Je veux dire, c’est pas mal Isaac, mais Katamari a le bon goût de se terminer un jour, lui.

Ou pas ? Il est sorti onze jeux estampillés Katamari après celui-là. Un seul a été chapeauté par le créateur original, Keita Takahashi, et c’est ce We Love Katamari, sorti à peine un an après Damacy. À présent, ce n’est plus juste Katamari, c’est *du* Katamari. Je n’ai pas relancé Damacy pour comparer, et entre nous, à quoi bon ? Le Roi du Cosmos, votre père, est un sale con qui vous humilie à chaque défaite et même après le générique de fin. Les autres persos du jeu sont littéralement des fans de Katamari Damacy qui vous réclament *plus de Katamari*. On a fait plus subtil comme mise en abyme. Mais We Love Katamari sait garder son âme généreuse, avec une nouvelle fournée d’excellente musique et quelques twists rigolos pour, selon l’expression consacrée, pimenter la formule. Il y a un mode deux joueurs que je n’ai pas encore essayé. Il y a des cosmétiques à débloquer mais j’ignore comment. Il y a une version monstrueuse du personnage principal dont le visage est déplacé dans son antenne et qui m’a fait beaucoup rire. Il y a toujours possibilité de refaire chaque niveau pour augmenter son score. Oui, on peut refaire *du* Katamari encore et encore pour qu’il ne se termine jamais. Je n’ai pas eu envie de faire ça avec Damacy, et je n’ai pas spécialement envie de m’y mettre avec celui-là ; j’ai eu ma dose et c’était très très bien, n’abusons pas des bonnes choses. Et honte à cette industrie répugnante qui gave les joueurs de sucre et de gras, qui transforme tout en malbouffe, y compris les concepts au cœur pur comme celui de Katamari. J’ai presque envie de dire, si We Love Katamari ressort lui aussi sur PC un jour, ne l’achetez pas.

Après coup : bon OK je vous explique la blague : Lou Bega n’a jamais sorti Mambo No. 6. Mais il a sorti I Got A Girl qui est quasiment le même morceau que Mambo No. 5, décalé d’un demi-ton, et qui commence par « 6, 7, 8, 9, 10 » là où Mambo No. 5 commençait par « 1, 2, 3, 4, 5 ». Le plus fort, c’est que les deux pistes étaient sur le même album.