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Phénoménologie de l'Espèce

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Si auparavant j'ai pu appeler cela Système[1], je préfère maintenant l'appellation d'Espèce. Ce terme est bien plus organique, moins flou : tout le monde sait qu'il existe des pulsions qui nous gouvernent en partie, qu'en tant qu'animaux une part de nos actes provient de l'instinct.

Les neurosciences semblent donner raison au philosophe pessimiste : dans une célèbre expérience de 1983, Benjamin Libet constatait ainsi qu'à l'examen électrophysiologique, un individu est conscient de sa décision quelques 350 millisecondes *après* que son cerveau ait commencé l'action. Le cerveau prépare l'action avant que l'individu n'ait conscience de la vouloir. Les expériences postérieures de Patrick Haggard affinent cette situation : la volonté consciente ne déclenche pas l'acte, la conscience n'intervient que pour piloter l'action, ou en amont la planifier. Si l'on peut dire qu'à défaut de volonté il y a l'intention dans le cadre, par exemple, des automatismes, ce n'est pourtant pas le cas pour les mouvements qu'on ne saisit qu'après-coup : si l'on me jette une pierre au visage, je vais l'esquiver, et ce n'est qu'ensuite que je réaliserai avoir effectué le mouvement.

D'autres pourraient arguer, dans un registre différent, que le moteur d'action est le Bon, le Souverain Bien ou alors un impératif catégorique, en bref que les hommes agissent toujours de bonne foi en croyant faire un choix juste. Personne ne se définit comme mauvais, ça n'a pas de sens. Même le pire des assassins a, au moment d'agir, une raison qu'il juge bonne pour tuer ; le remords vient *a posteriori*. Et quand bien même on pourrait penser un être détaché de toute raison d'agir autre que sa propre survie, voilà encore au moins une raison d'agir. Que ce moteur se situe dans la morale ou dans une idée du juste importe peu, il s'agit encore une fois d'un déterminant.

Mais avant même que Dieu n'implante ses Idées dans l'esprit de l'Homme, si l'on en croit Descartes, encore faut-il que l'être humain ait une pensée intelligente. Selon le linguiste Noam Chomsky, les facultés cognitives ne peuvent s'élever en pensée intelligente sans langage. Il ne s'agit pas de dire que la pensée non verbale n'existe pas, mais qu'elle ne peut être complète qu'avec l'intervention du langage. C'est d'ailleurs la thèse défendue par le neurologue Dominique Laplane dans son article « La pensée sans langage » : « Il paraît bien plus plausible, vu le maillage très serré du cerveau, que le réseau non verbal soit lui-même influencé, dialectiquement, par le module langagier. » De sorte que le langage agit comme structure d'au moins une partie de la pensée, « diminuant le domaine de la pensée » comme l'écrivait Orwell.

La morale[5], en tant qu'elle apparaît dès que l'Homme fait société, est justement un autre déterminisme. On la voit intériorisée dans la psychanalyse freudienne en un Surmoi contraignant. On la voit vertu chez Platon, pour qui l'homme vertueux pratique librement le bien : jolie antinomie que celle de la liberté de se placer sous le joug d'un principe d'action. La moraline de Nietzsche permet aux faibles de se jouer des forts, elle est obstacle à l'élévation de l'homme dans sa *Généalogie de la morale*, puisqu'elle l'empoisonne d'une négation de soi et de conflits émotionnels dont il pourrait par ailleurs se passer[6]. Nous pourrions écrire des traités entiers sur la morale comme déterminisme, en rappelant par exemple que le cadrage psychologique qu'elle délimite empêche sinon de penser un choix qui ne s'y inscrit pas, au moins de l'acter.

Et sans s'y attarder parce que le sujet est également des plus longs, mentionnons le courant structuraliste qui, s'il peut être contesté en philosophie chez Foucault, en psychanalyse avec Lacan, ou même avec Barthes, devient clairement inévitable en sociologie. En tant qu'il existe des phénomènes dont la compréhension ne saurait se passer d'une explication sociale observable et quantifiable, je ne vois pas comment cette discipline pourrait rejeter le concept de forces déterminantes répétant les mêmes effets à chaque fois qu'elles y appliquent les causes[7].

Mais je trouve que le tableau ne serait pas complet sans l'*habitus* de Bourdieu, qui a le mérite, à mes yeux, de pouvoir lier cet ensemble disparate que sont langage, morale, structures sociales et actions individuelles. Ce n'est pas une *habitude* machinale, mais une somme de « structures structurées prédisposées à fonctionner comme structure structurantes » : il est à la fois produit par la socialisation (puisque l'individu acquiert ces dispositions par la société) et devient un ensemble durable de manières de penser et d'agir. L'action de l'individu n'est ainsi pas entièrement déterminée, mais repose sur des « stratégies inconscientes » incorporées au fil de l'expérience sociale[8].

En bref, même les plus allergiques au déterminisme peuvent constater que les tropismes humains sont multiples et variés, qu'ils vont d'une échelle chimique à une échelle sociale. Je pense, comme Spinoza l'écrit dans sa lettre lviii à Schuller, que « telle est la liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent »[9]. Je ne dis pas que la liberté n'existe pas, mais que si elle existe, elle est par nécessité suffisamment restreinte pour que l'on puisse parler d'une *impression* de liberté.

Il a pu y avoir par le passé des groupes différenciés de l'Espèce, avec de fortes fondations communes. Celles-ci font d'ailleurs l'objet du projet anthropologique de Claude Lévi-Strauss : l'analyse comparée des mœurs et institutions des sociétés fait état de structures semblables tout en en dégageant d'autres plus particulières. Ainsi a-t-on pu observer, par exemple, des comportements similaires de séduction féminine dans plusieurs sociétés différentes par ailleurs ; les femmes de celles-ci ont tendance à couvrir leur sourire d'une main sur la bouche en cas d'intérêt pour un partenaire potentiel. On retrouve donc des fondations communes, et qu'elles proviennent d'une même adaptation à un environnement identique ou d'un partage lointain importe peu : c'est le mécanisme même qui aboutit à ces microstructures qui est questionné ici.

Avec la globalisation, ces différences observables s'effritent de plus en plus. Il reste un point que je soulève : si le mode de fonctionnement observable des sociétés est différent, leurs mécanismes internes sont similaires. Le Centre des singes japonais ayant étudié les macaques de Koshima de 1952 à 1965 fait état d'un comportement singulier : une femelle avait pris l'habitude de tremper les patates douces pour en retirer le sable avant de les éplucher et de les manger. En quelques années, ce nouveau comportement s'était répandu à toute la population de l'île. Si certains voient dans le fait que les singes des îles avoisinantes ont également adopté ce comportement un exemple de propagation de savoir sans transmission visible, je reste plus mesuré dans mon propos. Un des macaques de Koshima a pu, en effet, nager jusqu'à une île voisine, par exemple. À mon sens, tout ceci illustre plutôt le mécanisme d'apprentissage *inhérent* au singe : pourquoi utiliser cette technique alors que l'ancienne fonctionnait depuis des siècles, comment elle a pu être adoptée par l'ensemble de la population.

Un autre exemple pourrait être celui de la mise en société des rats. L'expérience des rats plongeurs de Didier Desor à la faculté de Nancy en 1994 reste la plus emblématique sur le sujet. Prenons deux cages reliées par un tunnel inondé, et plaçons dans l'une de la nourriture et dans l'autre un rat isolé. Tous les rats testés ont alors le même comportement : ils vont d'eux-mêmes aller chercher leur propre victuaille. Reprenons ces rats, mais cette fois-ci nous les plaçons en un groupe de six dans la cage sans nourriture. C'est là qu'apparaît un phénomène étonnant : les rongeurs vont spontanément se répartir en trois catégories. Il y a l'unique rat « autonome » qui va rapporter la nourriture pour lui-même en la défendant, trois rats « exploiteurs » qui poussent à l'eau et attaquent les deux derniers rats « ravitailleurs » qui ne mangent qu'une fois la tâche sociale de rassasier l'ensemble terminée. Y compris lorsque l'on place six profiteurs ensemble, les rôles sont redistribués à l'identique. Et dans le cadre d'un groupe plus important de, disons, deux cents rats, après en avoir éliminé trois nous retrouvons une hiérarchie d'exploiteurs et de lieutenants répercutant leur autorité sur les rongeurs exploités... Le fait le plus étonnant de cette étude est que les rats exploiteurs sont dans une situation de peur permanente, que si on leur enlève leur main d'œuvre ils se laissent mourir, alors que si l'on injecte des anxiolytiques à l'ensemble de la population aucune structure sociale ne se met en place et chaque rat plongera chercher sa propre nourriture. On voit ainsi qu'un mécanisme sous-tend la mise en société des individus, et que ce mécanisme, même particulier à une situation donnée, reste une réaction à celle-ci. Tous les rats, dans la même situation réagiront socialement de la même manière, qui n'est dépassée qu'en cas de changement de situation.

Ce point me semble applicable à l'être humain : dans une situation donnée, nous établissons une même structure sociale. La structure sociale est ainsi déterminée par l'humain, et elle détermine l'humain. C'est ce mécanisme de structure structurée et structurante qui est la seconde base de ma conception de l'Espèce.

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Élaboré par le manga puis l'anime *Ghost in the Shell*, le complexe de la solitude représente un phénomène où des actions individuelles sans liens mais similaires créent un effort qui a l'air concerté[10]. On peut le comparer au phénomène d'imitation (*copycat*) qui se produit lors d'un cirque médiatique, que ce soit pour des crimes en série, des suicides (effet Werther) ou même des cas d'ovnis[11]. L'imitateur a simplement besoin de croire que son comportement d'imitation provient d'un initiateur --quand bien même il n'y en aurait aucun ou que celui-ci ait fini par disparaître--, pour que s'ensuive une épidémie où chaque comportement copié peut initier le suivant. En clair : les attentats terroristes ne sont pas un effort coordonné d'un groupe informe à l'autre bout du monde, il s'agit d'explosions individuelles initiées par imitation.

Ce phénomène est dû principalement à la parallélisation des esprits humains : le réseau d'information qui imprègne la société expose les individus aux mêmes stimuli et aux mêmes données, ce qui rend les réactions fortement similaires. Encore une fois, l'*habitus* de Bourdieu pourrait expliquer les mécanismes d'intériorisation et de réaction en œuvre ici. Le fait que nous ayons tendance à vivre dans des *bulles*, c'est-à-dire que nous nous conformions à ce biais cognitif selon lequel ce qui est familier est perçu comme vrai, contribue à amplifier le complexe de la solitude.

Dans la nature, ce phénomène est beaucoup plus commun qu'on ne le pense, bien qu'à une échelle moindre. On peut citer l'exemple du cloaque comportemental de l'éthologue John B. Calhoun où une surpopulation chez la souris conduit à des comportements agressifs et à des perturbations dans l'ordre social allant jusqu'au cannibalisme (malgré une abondance de nourriture). Devant une situation intenable, des comportements similaires sont observés sans qu'il y ait concertation. De même que pour le changement de sexe chez certaines grenouilles, la disparition des fourmis soldats va entraîner un changement de rôle chez plusieurs fourmis ouvrières sans qu'aucun ordre ne soit donné par une quelconque hiérarchie. Recevant la même information d'un manque social, via la disparition des phéromones émises par les soldats, les fourmis réagissent de manière similaire.

Nous serions donc face à une transposition d'un phénomène naturel dans un contexte culturel. De là à rapprocher le complexe de la solitude de la théorie mémétique telle que décrite précédemment, il n'y aurait qu'un pas. Devant l'omniprésence du réseau d'information, peut-être l'unique attitude saine est celle de Laborit : la fuite.

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Si les gens croient n'importe quoi, peut-on mettre en avant la notion de *cadre* donnée par Frédéric Lordon pour approfondir le sujet ? Selon Lordon, la tâche des médias devrait être d'organiser le débat autour de sujets fondamentaux. Or, la presse semble acquise à l'idéologie libérale dominante, et en dehors d'elle point de salut. On peut expliquer l'existence de ce cadre par l'analyse des propriétaires des groupes médiatiques (principalement de grands groupes industriels[13]), par la nature double du modèle économique médiatique (se vendant à la fois à son public et à ses annonceurs, ces derniers ayant le plus de poids[14]), mais également par les systèmes de formation, de qualification et de sélection des journalistes[15]. L'élite journalistique pense sincèrement qu'elle est libre de penser et d'agir comme elle le souhaite. Comme l'expliquaient Noam Chomsky et Edward Herman dans *La fabrication du consentement* (ou plus récemment Serge Halimi avec *Les Nouveaux Chiens de garde*), il n'est pas à douter qu'ils sont effectivement libres et qu'aucune censure ou pression n'est effectuée à leur encontre : s'ils occupent le poste, c'est qu'ils adhéraient déjà à l'idéologie en toute bonne foi. Le cadre n'est alors jamais remis en question.

Or, une population de plus en plus importante ne supporte plus ce cadre, pour diverses raisons. Elle est alors prête à croire n'importe quoi, pourvu que ce soit une alternative, et avec l'émergence d'outils de communication taillés pour la transmission libre d'information, les gens n'ont d'autres choix que de se changer eux-mêmes en média, comme autant de petits pigistes en puissance. On retrouve l'idée de masse informe évoquée plus haut.

Le phénomène de surface qu'est l'éditocratie plante les derniers clous de l'hyperréalité en y ramenant les éléments les plus rebelles. Il y a en effet un verrouillage idéologique des éditorialistes, selon lequel nous vivons déjà dans le meilleur des mondes, qu'il n'y a pas d'alternative, que toute proposition contraire ne saurait être pragmatique ou réaliste. Doublée de la pratique du *fact checking*, l'affaire Décodex montre le point débattu depuis le journalisme gonzo des années soixante : le journalisme traditionnel se réclame de l'objectivité, il ne serait là que pour établir des faits et en aucun cas il ne se permet d'opinions. On a donc un journalisme (*« lémédias »* pour reprendre le terme ironique de Lordon) qui se présente comme objectif, alors même qu'il est enfoncé jusqu'aux sourcils dans un cadre idéologique. Or, conclut Lordon, la philosophie implicite du *fact checking* est le *post-politique*, ce discours selon lequel le politique est mort, qu'il ne reste que de la gestion, qu'il n'y a plus besoin d'idéaux puisque nous vivons dans l'unique monde possible et qu'il est inutile --puisque impossible-- de vouloir le changer. Le but final de la société, et donc de l'individu, est la consommation ; les produits et les marques sont les nouvelles religions[16] ; l'être humain doit se percevoir comme produit, et donc projet. Toute personne ne s'inscrivant pas dans ce cadre est considérée comme perdue pour la cause de l'hyperréalité libérale.

Il y a donc clivage entre ceux qui ne parlent qu'à l'intérieur du cadre et ceux qui proposent d'en sortir. Clivage que de plus en plus de gens résolvent en rejetant *« lémédias »* et en s'abreuvant de sources d'informations dites « alternatives » qui, si elles assument leur subjectivité, ne sont pas plus *vérité* que ne le sont leurs pendants traditionnels. Ce ne sont que d'autres colorations de la réalité, parfois bien plus fantasmées (on pense par exemple aux complotistes de tout bord[17]). C'est ainsi que, même dans la recherche d'alternatives, l'hyperréalité rattrape ses rebelles. Dans le cadre, vous êtes dans l'hyperréalité libérale, en dehors vous sombrez dans l'hyperréalité alternative. Seule une fraction de la population navigue en dehors, sans pour autant y échapper complètement à l'échelle individuelle.

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S'il est une chose communément admise, c'est que notre champ de vision conditionne nos actions possibles. Quelqu'un qui ne croit pas en l'altruisme ne pourra pas faire acte de charité. C'est un principe que l'on retrouve en linguistique, et de manière générale tout domaine qui a trait au langage et à la pensée : il est bien plus complexe, sinon impossible, de penser convenablement un objet si l'on n'a aucun terme adéquat pour le désigner[18].

On peut rapprocher ce phénomène de l'effet de cadrage en psychologie sociale où notre jugement sur un événement est influencé par la présentation qui nous en est faite, ce qui conduit à des choix et actes différents. Or, la sociologie des médias sait depuis longtemps que toute présentation médiatique met en avant des éléments cependant qu'elle en laisse d'autres en retrait. Ce cadre cognitif n'a pas pour effet de nous imposer une opinion précise, mais plutôt d'éliminer des opinions qui auraient pu se forger à partir d'éléments qui ont été écartés.

Pour illustrer cela, on peut prendre pour exemple la surexploitation de l'expression *prise d'otage* pour désigner un mouvement social pris sous le seul point de vue de la gêne causée aux usagers. Ajoutons que le cirque médiatique, en parlant de *prise d'otage*, fait clairement le jeu du pouvoir (notamment public), puisque les « preneurs d'otages » sont perçus comme impactant les usagers, effaçant le rôle du troisième parti de l'affaire : l'employeur pour qui la grève est en réalité destinée. Les grévistes ne sont plus vus comme s'attaquant aux dirigeants dans un bras de fer, mais comme malfaiteurs causant du tort au public pour forcer le bon gouvernement à réagir. Et si d'aventure un syndicaliste est appelé à s'exprimer, on le somme de condamner son mouvement et d'y mettre un terme. Les médias servent alors clairement de chiens de garde d'un pouvoir sur lequel ils semblent aboyer par ailleurs le reste du temps. Il paraît étonnant que les citoyens tombent dans le panneau, mais c'est oublier la réduction dans le processus du citoyen au simple usager dont le droit de consommation est bafoué, mais également toute la force du procédé de cadrage démontré ici.

Dès lors, il n'est pas surprenant de constater, tel un petit anthropologue de salon, la reprise du langage politicien dans les conversations de comptoir. Ici nous utiliserons l'expression de *dialogue social*, là les termes de *charges patronales* ou de *flexibilité*[19]. George Orwell écrivait déjà dans *1984* : « Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée, car il n'y aura plus de mots pour l'exprimer. Tous les concepts nécessaires seront exprimés chacun exactement par un seul mot dont le sens sera rigoureusement délimité. Toutes les significations subsidiaires seront supprimées et oubliées. » Le novlangue contemporain, empruntant fortement à l'économie de gestion pour expurger le sens social du politique[20], est devenue la langue de bois politicienne. Le cadre est établi par le langage même.

Nous pourrions passer de longues pages à traiter le sujet, en montrant par exemple que le racisme généralisé provient en grande partie d'une présentation majoritaire d'autrui comme d'une menace (représentation libérale s'il en est, toute empreinte d'un individualisme poussé à ses limites). Mais cela peut être résumé en une phrase. L'effet du cadrage cognitif, nous forçant à penser l'autre à partir des éléments qui nous sont affirmés, sert l'intérêt d'un individualisme forcené et diviseur. Le politique ne pouvant se concevoir que comme collectif, on comprend aisément l'intérêt du pouvoir là-dedans.

Mais quel est l'intérêt des médiateurs, des laquais du pouvoir ? Au-delà de l'os à ronger, il est pour ma part certain qu'il ne s'agit pas d'un complot infâme entre dirigeants et informants pour le pouvoir sur la masse. Non, leurs intérêts convergent mais sont bien distincts. Pour comprendre cela, il faut s'attacher à entendre la formidable « vague de l'insécurité » qui déferle depuis plusieurs décennies dans les rédactions.

Nous remarquons en effet une surabondance de sujets de faits divers, en rapport avec un « sentiment d'insécurité ». Les Français se sentiraient de moins en moins en sécurité. Pourtant, on constate que les chiffres de cette criminalité représentée restent stables ou en baisse[21]. Malgré ce fait, l'arsenal répressif légal s'est considérablement durci : dorénavant l'information et les réponses pénales reposent sur du *sentiment* et non du fait. La répétition des images à la télévision, des unes dans la presse, crée une « heuristique de disponibilité » où la raison ne se base plus que sur les informations immédiatement disponibles sans chercher à s'en procurer de nouvelles. Associé à l'effet de cadrage, l'individu s'informant efface sa propre expérience pour ériger son sentiment en conviction. Or, les neurosciences nous apprennent que lors d'un sentiment de peur (stress), plusieurs réactions chimiques se produisent dans le système nerveux. Parmi elles, on constate la production de cortisol, qui empêche le bon fonctionnement des zones préfrontales du cerveau[22]. En tant que glucocorticoïde, le cortisol entraîne synthèse du glucose et lipolyse, d'où une envie de se nourrir de sucré et de gras. Peut-être est-ce là une des raisons du comportement étonnant constaté par Lea Dunn et Joandrea Hoegg : dans une situation de stress, l'être humain a tendance à trouver dans une marque de boisson gazeuse un attachement plus fort[23].

On comprend alors facilement l'intérêt du système médiatique pour le sentiment de peur engendré par l'insécurité : en créant un climat de stress, il présente son public sur un plateau à tout annonceur désireux de s'élever comme fidèle remède à la peur. Les médias dominants ont donc un intérêt économique évident à désigner autrui comme une menace[24].

Mettre en scène la contestation sociale comme attaque contre une population, en se basant sur le cadre établi de l'autre comme menace, voilà déjà un premier exemple de l'effet de cadrage comme biais cognitif utilisé pour soumettre le collectif à l'individuel.

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« *Je déteste autant de suivre que de conduire.*

Nietzsche, *Le Gai Savoir*, Prélude § 33

L'erreur de Hobbes n'aura pas été de démontrer que, comme le veut la formule consacrée, « l'homme est un loup pour l'homme ». Son erreur, d'un point de vue purement logique, c'est d'en déduire que le Léviathan est nécessaire à partir de ce constat.

Que l'homme soit par nature déterminé par le *conatus*, c'est-à-dire déterminé à survivre et à se préserver, cela est certain dans la majorité des cas de figure. C'est la volonté même de l'Espèce que de s'assurer de sa survie. De là à en postuler un état de nature comme « guerre de tous contre tous », c'est déjà plus complexe dans le cadre de l'être humain, mais admettons. Mais qu'il soit nécessaire, pour dépasser cet état de nature, d'instaurer le tyran fort[25] en cédant à celui-ci le droit des individus à se gouverner eux-mêmes, ce n'est qu'une vision étriquée.

Car si les hommes sont mauvais par nature, c'est bien une raison de ne donner à personne le pouvoir de commander et de disposer de la liberté civile des autres. Quiconque au pouvoir peut devenir tyran, et même un tyran avisé n'est pas souhaitable, en ce qu'il ne peut garantir la paix et la sécurité au peuple qu'au prix de la soustraction de toute liberté civile.

Si je suis pour la liberté civile c'est justement parce que, par ailleurs, il existe trop de choses qui déterminent ma liberté naturelle. Je n'ai aucune envie d'y ajouter des contraintes illégitimes et injustifiées. En bref, ma liberté est déjà suffisamment réduite pour que je consente à en offrir des parts qui ne profitent pas à me libérer de ces entraves.

Mais admettons pour l'heure la « guerre de tous contre tous » : il est bien nécessaire d'y établir l'ordre. L'ordre entraîne-t-il mécaniquement le pouvoir[26] ? En ce que le pouvoir, qu'il soit social ou politique, s'établit verticalement du haut vers le bas de la société, l'ordre social et donc politique ne peut-il pas se constituer par la base ? Au lieu de supposer un arbitraire d'un seul sur la majorité comme unique mise en ordre, nous pourrions très bien penser un ordre transversal par collectif d'intérêt. En tant que sa survie même en dépend, l'homme se rassemble spontanément dans un but spécifique, sans obligation de permanence de ces groupes, les dissolvant une fois ce but atteint et dès que d'autres besoins apparaissent. Prenez cent personnes, enfermez-les dans quelque donjon et observez comment se forme un groupe momentané qui, une fois l'objectif de la libération atteint, se désagrège. L'ordre sans le pouvoir, voilà déjà une seconde manière d'ordonner la société au sortir de l'état de nature.

Comment dès lors garantir l'égalité civile de tous, auparavant assurée par un pouvoir se plaçant lui-même au-dessus de celle-ci ? C'est qu'il en va de l'intérêt général de la garantir, puisque sans elle nous retombons dans l'arbitraire de la liberté naturelle de ne pas être empêché de faire ce que désire la volonté individuelle, c'est-à-dire l'imposition du fort sur le faible. Pour moi, c'est la fraternité, en tant que tous les hommes sont frères, qui médie liberté et égalité. La conscience que l'individu s'accomplit dans le groupe pour l'objectif commun rend l'égalité civile et l'équité désirables. Si l'individu crée société tel qu'auparavant défini, il est dans son intérêt individuel que chaque membre de ce groupe participe au moins autant que lui au même but, ce qui ne peut être assuré que par une égalité civile. Or, même d'après l'égoïsme le plus profond, l'être humain sait bien que la mesure de sa participation ne doit se faire que par rapport à sa propre capacité : il serait stupide de demander à l'unijambiste de courir la même distance que l'athlète accompli. À chacun sa participation, à mesure de ses moyens, le résultat collectif étant partagé selon les besoins : équité ou juste traitement.

Il est alors paradoxal que cette mise en société, décrite par contrats implicites et momentanés, repose sur les bases que sont, pour l'heure, les valeurs républicaines françaises : Liberté des êtres, Égalité civile et juste traitement équitable, Fraternité comme médiation. Ce que je décris est pourtant conspué par les républicains des deux bords : il s'agit, pour moi, d'être libertaire.

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Or, le spécialiste en neurosciences sociales John Cacioppo, note que le sentiment douloureux de solitude peut être sujet à plusieurs facteurs, tous externes à la volonté de l'individu. Que ce soit à cause d'une certaine sensibilité à l'exclusion sociale, ou d'un manque de résilience par le contrôle des émotions et par le raisonnement face à la solitude, les personnes seules n'ont pas en elle-même la possibilité de changer. Sur la résilience, par exemple, on observe chez ces personnes des troubles du sommeil, alors que le sommeil est justement une activité qui aide à apaiser le sentiment de solitude. D'où une situation pour le moins vicieuse : sans aide, les plus isolés ne peuvent s'en sortir, et comme ils sont isolés ils ne peuvent recevoir d'aide.

C'est également pourquoi les moindres petites interactions sociales deviennent, pour le solitaire en souffrance, une véritable addiction. Outre la production de dopamine accompagnant chaque notification de messagerie instantanée, c'est un besoin vital qui est comblé durant un temps très bref. Ce besoin d'être avec des gens qui me comprennent, de ne plus me sentir seul, c'est une réaction physique de mon corps luttant pour survivre. Cela prend aux tripes au point que l'angoisse s'installe, les larmes coulent sans discontinuer. Le corps ne souhaite pas mourir et il le fait savoir. Mais il n'est pas en son pouvoir d'être satisfait.

Sachant que l'espérance de vie en France est de 78 ans pour les hommes, qu'elle tombe à 72 ans pour ma catégorie sociale, qu'elle tombe encore à cause de mon habitat rural, qu'elle continue de chuter par mon chômage de longue durée, où placer la « mort prématurée » due à mon isolement social et à ma solitude ? Dans la première cause de décès pour ma tranche d'âge : le suicide ? On pourrait me rétorquer que les statistiques ne s'appliquent pas à l'individu. Certes, mais elles dessinent les contours de structures qui déterminent l'individu, soit en le conformant, soit en l'écartant. Il ne s'agit pas de placer la cause externe comme seul facteur en délaissant la cause interne, mais plutôt d'en montrer le rôle prépondérant. Je suis plus *susceptible* de mourir en tant qu'homme, demandeur d'emploi habitant à la campagne, issu d'un milieu pauvre, dans une situation d'isolement social, moral, affectif et intellectuel. Et l'arme du crime serait *probablement* le suicide[31].

1. Avec une majuscule pour le différencier, déjà à l'époque, de la notion rastafarienne ou des ensembles politiques, économiques, médiatiques et sociaux.

2. Une illustration supplémentaire du corps gouvernant la volonté est le comportement du rat atteint de toxoplasmose : l'agent parasitaire modifie la connectivité des centres du plaisir et de la peur, au point que le rat éprouve un désir sexuel pour les chats, le poussant à se faire dévorer. Si les effets d'un parasite sur l'être humain sont moins étudiés, les médecins pensent de plus en plus à traiter la flore intestinale dans les cas de dépression : on trouve en effet dans ce formidable espace d'échange que sont les intestins un microcosme d'organismes « étrangers » au corps proprement dit, en contact avec un système nerveux encore méconnu. Or, ce système nerveux entérique pourrait être le cerveau original, si l'on en croit certains chercheurs faisant état d'organismes n'ayant pas de cerveau mais un tube digestif innervé.

3. Les pages 79 à 82 de l'édition Rivages sont admirables sur ce point.

4. Voir également Spinoza, dans la partie I, proposition 32 de l'*Éthique*. Ou même Nietzsche dans la partie I, § 17 de *Par-delà le bien et le mal*.

5. Ce que j'entends ici par morale est de l'ordre de la volonté, du devoir. L'impératif catégorique de Kant n'est pas un impératif pour rien...

6. Nietzsche y voit d'ailleurs la source du « dernier homme », cette espèce humaine au bord de l'extinction qui ne désire rien de plus que le bonheur, le confort et la paix sans jamais faire montre d'une quelconque ambition créatrice. Cela vous semble-t-il familier ? Il est étrange de penser qu'une société républicaine se voulant laïque et donc dépourvue de valeurs chrétiennes soit si admirablement dépeinte par un philosophe allemand du XIXᵉ siècle. Et pourtant, n'écrivait-il pas dans sa lettre du 24 septembre 1886 à Malwida von Meysenbug qu'il craignait de ne pas pouvoir être lu avant le prochain millénaire puisque personne n'aurait d'ici-là les moyens de le comprendre ?

7. Les attaques politiques que subit la sociologie ces dernières années montre bien le potentiel dangereux de celle-ci à l'égard du pouvoir : si des causes sociales externes à l'individu le poussent à agir, cela effrite à la fois la notion de responsabilité sur laquelle se base notre système judiciaire, celle de l'*homo œconomicus* calculant librement coûts et bénéfices sur laquelle s'ajoute le libéralisme économique, et enfin les deux notions de citoyen libre et de représentant garant de l'intérêt commun sur lesquels notre système politique représentatif est bâti. De manière plus terre-à-terre, s'attaquer de la sorte à la sociologie, c'est ne voir en l'individu qu'une somme de causes internes sur lesquelles le politique serait incapable d'agir par définition : hélas ! comme c'est pas de chance, nous voudrions bien aider tous ces nécessiteux, mais ne le pouvons point.

8. D'une certaine manière, l'*habitus* de Bourdieu se rapproche d'un jeu de cartes : notre main se remplit au cours du temps d'un ensemble de cartes qui délimitent les actions qu'il nous est possible de faire. Bien sûr, c'est souvent ce gosse de riche de David qui a les meilleures cartes...

9. Dans la même lettre : « J'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée. »

10. « Le Rieur : Dans la théorie sociologique, le régulateur finit par disparaitre en ne laissant aucune trace de sa présence, ni à l'intérieur ni en-dehors de la société.Le Major : C'est de Fredric Jameson, je crois.Le Rieur : *Yes.* Mais pas seulement. Masachi Osawa aussi. J'avais beau en avoir entendu parler dans mes lectures, je ne pensais pas que ce soit possible. Jusqu'à ce que je le vois de mes propres yeux : qui aurait cru que l'on puisse continuer à développer des copies en l'absence d'un original ? Si on devait mettre un nom sur ce phénomène, comment l'appellerait-on ?Le Major : Eh bien ce serait le *stand alone complex*.Le Rieur : *Yes.* Le complexe de la solitude. Depuis le début la nature profonde de la société dans laquelle nous vivons porte en elle les germes de cet incroyable phénomène. Pour ma part, j'ai bien peur que nous entrions dans une ère marquée par le désespoir. » (*Ghost in the Shell: Stand Alone Complex*, saison 1, épisode 26)

11. Deux exemples viennent en tête pour illustrer cela. Le premier est le cas Kenneth Arnold où plusieurs témoignages de « soucoupes volantes » ont été répertoriés alors que la description donnée par le journal était trompeuse en confondant le mouvement et la forme des objets aperçus par Kenneth Arnold. Le second, plus documenté, est le cas de Beert où des personnes ont créé de toutes pièces un canular : la rédaction du journal ayant publié la photographie fut envahie de témoignages.

12. Notre espèce a une véritable addiction à la fiction et au virtuel, au point que lorsque l'on nous montre une animation où deux carrés se touchent, rebondissent entre eux, avant de se séparer nous y voyons spontanément deux personnages luttant ou s'embrassant. Un exemple tout aussi frappant est celui donné dans un épisode de *Community* : présentez un stylo à votre entourage, donnez-lui un nom, patientez quelques secondes, et brisez-le d'un coup sec. L'identification à un personnage qui vient pourtant tout juste d'être présenté, et qui n'est en réalité qu'un bout de plastique, provoquera une gêne. Même les effets de paréidolie où l'on identifie une forme humaine ou animale dans un objet quelconque semblent montrer que nous sommes câblés pour ajouter une couche virtuelle au-dessus de nos perceptions.

13. Cela fait longtemps que le pouvoir économique a compris l'intérêt de posséder des journaux. On pense notamment à Henry Ford et son *Dearborn Independant* propageant son antisémitisme.

14. La phrase de Patrick Le Lay concernant le « temps de cerveau disponible » vendu à Coca-Cola par tf1 est évocatrice de cette importance de l'annonceur.

15. Il y aurait beaucoup à dire, c'est vraiment un gros morceau. Sur la formation, François Ruffin notait dans *Les Petits Soldats du journalisme* que le Centre de formation des journalistes ne renferme pas de bibliothèque, et qu'on y enseigne à « recopier l'afp, produire vite et mal, imiter les concurrents, critiquer les livres sans les lire, ne surtout plus penser, trembler devant sa hiérarchie ». Sur les modèles de qualification et de sélection, entre le Mercato journalistique où les têtes sont interchangeables d'un journal à l'autre, les affinités avec le monde politique et économique dont l'exemple le plus frappant reste le dîner du Siècle, et la tradition française des interviewers choisis par le Président de la République, il y aurait beaucoup à écrire.

16. De manière assez littérale : le spécialiste en neuro-marketing Martin Lindstorm note que la place des marques dans le cerveau prend celle auparavant acquise aux religions.

17. Dans un article de 2016, David Robert Grimes démontre qu'une conspiration ne peut être tenue secrète si elle implique un grand nombre de personnes. Statistiquement, plus le nombre de personnes au courant d'un secret est élevé, moins de temps ce secret tiendra. L'étude montre que pour tenir une dizaine d'années un complot ne doit pas impliquer plus de 1257 personnes, ce nombre tombe à 125 pour un complot centenaire.

18. Pour impressionner le public naïf, on évoque souvent dans ce cas la cinquantaine de mots des Inuits pour désigner la neige.

19. En lieu et place de « négociations entre plusieurs parties à importance économique, juridique et politique inégale », « cotisations patronales » ou plus justement « participations patronales au salaire indirect » et « précarité ».

20. La valeur politique ultime et indépassable de ces dernières années est la croissance. Tout économiste politique un tant soit peu éduqué peut vous indiquer que la course à la croissance comme solution sociale est une bêtise incommensurable. La preuve en est que sur la fin du premier mandat de Mitterrand, la croissance a explosé, alors que dans le même temps le chômage augmentait en flèche et le pouvoir d'achat reculait.

21. Un article du *Figaro* est assez édifiant sur le sujet. Selon celui-ci, « [une enquête] de 2013 nous apprend que les victimes de violences sont plus nombreuses depuis deux ans et que seulement 25 % des atteintes aux biens ont fait l'objet d'une plainte. Policiers et gendarmes ne traitent que la partie la plus visible du problème. » (« Un Français sur cinq a peur dans son quartier », Jean-Marc Leclerc, publié le 18 décembre 2013) Or, le même article nous dévoile par son infographie qu'en réalité les « personnes s'étant déclarées victimes de violences physiques » se chiffraient à 847 000 en 2008 contre 720 000 en 2013, alors que dans le même temps on trouvait respectivement 18,1 % et 22,1 % de « personnes ayant déclaré se sentir en insécurité dans leur quartier ou leur village ». À une *hausse* du sentiment d'insécurité, pourtant contredit dans les faits par une *baisse* des violences physiques, le journal en arrive à la conclusion opposée !

22. Responsables des fonctions cognitives (langage, raisonnement, etc.). On constate également qu'une exposition prolongée, bien que favorisant la mémoire à court terme, endommage les cellules de l'hippocampe et empêche donc l'apprentissage à long terme, tout en inhibant la récupération d'informations déjà stockées. Il serait intéressant de mesurer les effets à très long terme sur une large population pour, peut-être, les corréler à la résilience de la société, c'est-à-dire sa perte de mémoire et indolence généralisée sur des événements pourtant traumatiques. En bref, cette peur insufflée par les médias et ce stress géré en entreprise sont-ils parmi les causes d'un manque de révolte dans la population, donc d'un panurgisme ?

23. Voir à ce sujet la vidéo *La France a peur : le syndrôme du grand méchant monde* de Horizon Gull.

24. Cela ne signifie pas que tous s'y adonnent, mais les couvertures colorées des kiosques et les sujets des différents journaux télévisés me permettent un certain pessimisme sur la question.

25. Hobbes défend dans la seconde partie du *Léviathan* la monarchie absolue comme système de gouvernement le plus apte à assurer la paix et la sécurité au peuple...

26. J'entends par pouvoir : relation d'imposition de la volonté d'un individu sur un autre. Dans le cadre politique, ce pouvoir s'institutionnalise, il devient alors imposition de la volonté d'une institution prise comme individu social sur un corps social composé d'individus.

27. Steptoe, 2013.

28. Holt-Lundstad, 2015.

29. Olien, 2013

30. Certains confondent solitude et isolement social, en expliquant ces décès par un manque d'assistance en cas de problème, d'autres observent au contraire une perturbation importante du système immunitaire chez l'humain comme chez le singe (Cacioppo, 2015)...

31. Une chance sur cinq à la base sur ma tranche d'âge, mais si l'on ajoute le reste des facteurs je pense que nous pouvons faire monter cette probabilité.

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