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2009-05-12 11:11:37
20090511 Commission 2 D cidemment, l Europe se vend mal. L abstention, lors des
lections europ ennes du 7 juin, devrait battre de nouveaux records, et pas
seulement en France, si l on en cro t les enqu tes d opinion. Depuis 1979, date
de la premi re lection au suffrage universel direct du Parlement europ en,
celle-ci n a fait que cro tre inexorablement dans l Union : 37 % en 1979, 39 %
en 1984, 41,5 % en 1989, 43,2 % en 1994, 50,6 % en 1999 et 54,3 % en 2004.
Pourtant, dans le m me temps, les pouvoirs de l Europarlement, la seule
institution communautaire directement lu par les citoyens, n ont fait que se
renforcer au point qu aujourd hui il est difficile de lui contester un r le
majeur dans la politique europ enne. Comment, d s lors, expliquer un tel
divorce entre la r alit institutionnelle et des lecteurs dont le sentiment
pro-europ en ne se d ment pas ?
Comme le reconna t Alain Lamassoure, d put europ en sortant UMP, il est
difficile de se mobiliser pour une lection qui n aura que peu d influence
sur le gouvernement de l Union qu est la Commission . En effet, on sait d j
que Jos Manuel Durao Barroso, l actuel pr sident de l ex cutif europ en, sera,
sauf accident industriel majeur, reconduit dans ses fonctions. Car le choix du
pr sident de la Commission revient, en r alit , au Conseil europ en des chefs d
Etat et de gouvernement qui doit simplement tenir compte du r sultat des
lections , en clair choisir une personnalit issue du principal groupe
politique. Or, les Vingt-sept soutiennent Barroso, y compris les Etats gouvern
s par des socialistes et, selon toute vraisemblance, le PPE (parti populaire
europ en, conservateur) devrait rester le premier groupe de l Assembl e. Et
celui-ci soutient aussi la reconduction de Barroso La messe est donc dite,
tel point que les socialistes europ ens ont renonc lui opposer un candidat.
De m me, on sait que les vingt-six autres commissaires seront discr
tionnairement choisis par chaque gouvernement, sans tenir aucun compte du r
sultat des lections europ ennes : chacun enverra Bruxelles un homme ou une
femme de sa couleur politique, point.
En outre, le mode de scrutin, la proportionnelle au sein de circonscriptions
nationales, rend20090421 Europe 06 impossible l mergence d une majorit tranch
e de gauche ou de droite. Les grandes coalitions sont donc le mode de
fonctionnement normal du Parlement, une tradition que connaissent certes des
pays comme l Allemagne ou l Autriche, mais qui est trang re la France, la
Grande-Bretagne ou l Espagne. Il ne faut pas non plus perdre de vue que
gauche et droite ne sont que des appellations commodes au niveau europ
en: en r alit , les cent quatre vingt-cinq partis politiques qui se partagent
les suffrages des citoyens travers l Union ont certes des traits communs,
mais surtout beaucoup de divergence. Par exemple, un travailliste britannique,
qui si ge au sein du PSE, est souvent plus proche d un Fran ais de l UMP que d
un socialiste fran ais et il vote en cons quence En outre, il y a des logiques
nationales l uvre au sein du Parlement europ en qui suscitent des
regroupements inimaginables dans un pays, d s lors qu il s agit de d fendre les
int r ts nationaux. Autant dire que le fonctionnement du Parlement est plus
proche du bipartisanisme du Congr s am ricain, o les majorit s varient au
gr s des circonstances et des textes, que de l opposition front contre front de
la chambre des Communes britannique
L Union n tant pas un Etat f d ral, un syst me majoritaire est impossible. Un
gouvernement de gauche pourrait-il par exemple, accepter de se voir imposer
durant cinq ans une politique de droite par un Parlement et une Commission
majoritairement de droite ? Poser la question c est y r pondre. La recherche du
compromis est consubstantielle l Union, ce qui rend sa politique
difficilement lisible. On comprend que l lecteur s y perde.
On peut d s lors se demander s il tait bien n cessaire de faire lire au
suffrage universel direct le Parlement europ en : en d s quilibrant une
construction qui a t pens e d s l origine comme une union d tats et dont la
l gitimit d mocratique s exer ait uniquement au second degr , cette innovation
a sans doute concouru renforcer le sentiment que l Union souffrait d un grave
d ficit d mocratique. Le seul moyen d y rem dier ne serait videmment pas de
revenir en arri re, cela tant d mocratiquement inacceptable, mais de cr er un
v ritable tat f d ral (au sens am ricain du terme). Malheureusement, les tats
n y sont pas pr ts. La chute de la participation ne peut donc que se
poursuivre. Mais apr s tout, les Etats-Unis d'Am rique vivent bien avec une
participation qui d passe rarement les 40%...