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Franz, souteneur de petite envergure, refuse de s'allier à un syndicat du crime.
Le syndicat fait mine de céder mais lui envoie Bruno, qui forme avec Franz et sa petite amie Joanna, un trio de jeunes criminels paumés.
Bruno commet des crimes que la police, sans preuves contre lui, impute à Franz.
Tourné en 1969, L'amour est plus froid que la mort est le premier film de Fassbinder.
Ma réaction face aux premières images du film a été de constater que, mince, c'est en noir et blanc.
Ça n'est pas très important, mais les films précédents que j'ai vu de ce réalisateur brillaient à mes yeux par leurs utilisations de la couleur et de la profondeur de champ.
Les premières séquences inscrivent le film dans une période cinématographique et on y sent l'influence des recherches stylistiques de la nouvelle vague.
Ça m'a un peu décontenancé, essentiellement parce que j'ai eu l'impression d'être en terrain connu, balisé, alors que ce que je recherche chez ce cinéaste c'est sa singularité.
Ce cinéaste est à mes yeux une comète qui a traversé la création cinématographique presque en parallèle des modes et des tendances.
Mais le film a levé mes appréhensions, le cinéma dit "nouvelle vague" même si charriant ça et là quelques tics maniéristes qui sont depuis devenus des clichés, permettait quand même aux auteurs de s'exprimer pleinement et il est très logique qu'un artiste comme Fassbinder s'y soit inscrit.
Le film est inspiré par le film noir américain, il donne l'impression de voir des personnages perdus errants dans un décorum de film de gangster.
Bruno, personnage énigmatique et peu causeur arbore par exemple un chapeau stetson typique du voyou dans les films des années 40.
Il y a cependant deux différences de taille, deux apports de Fassbinder au genre:
Très inspiré par la tragédie grecque, le roman ou cinéma noir montre souvent des personnages qui courent à leurs pertes sans en avoir totalement conscience parce qu'ils sont pris dans les filets de l'intrigue, là les personnages semblent conscient de leurs actes et les assument même si ça fait d'eux des pourris ou des nihilistes.
J'ai cru remarqué, même si je n'ai vu que quelques films de Fassbinder parmi les 43 qu'il a réalisés, que ce cinéaste valorise le libre arbitre chez ses personnages même si ceux-ci font des très mauvais choix.
Le second apport, même si d'un autre ordre réside dans la description de la sexualité des personnages.
Je me souviens avoir lu quelqu'un évoquer la sexualité comme constitutive du mode de vie des voyous.
Sans qu'il y ait des scènes très explicites, la sexualité baigne tout le film, parfois exprimée, comme quand Bruno discute avec une inconnue dans le train et lui demande si elle pense au sexe, parfois non :
Nous ne savons rien du trio constitué par ces deux hommes et cette femme, quels sont leur rapports amoureux, on les imaginent libres mais ils n'expriment pas de sentiments.
Les personnages sont mus et réunis par leurs intérêts, ils ne sont pas vraiment alliés, ils forment simplement une association de malfaiteur mais ils ont en commun un rapport presque bestial au sexe.
Cette description du monde des voyous est novatrice et est à mon avis très réaliste.
L'amour est plus froid que la mort est un premier film brut dans lequel se manifeste déjà l'intelligence très vive de Fassbinder.
Même si le film peut peut être à certains endroits paraitre un peu décousu, on sent quand même que ce cinéaste savait déjà parfaitement là où il voulait aller.