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Une question récurrente autour de la consommation est celle de la limite entre sobriété et austérité. Problème exclusif aux personnes ayant le choix, il implique de mettre en doute ses propres habitudes et de les confronter avec celles d’une consommation plus saine. Comment la liberté, profondément ancrée dans la question, questionne notre relation au confort ? Car au final,n’est ce pas là que réside la limite où de l’austérité devient sobriété ?
La sobriété semble communément comprise comme étant un ensemble de choix de consommation visant à limiter la demande en ressources. L’austérité, elle, est une sobriété subie. Autrement dit, la nuance est similaire à celle entre équitabilité et égalité. Les premières visant à répartir de façon similaire sur différents éléments tandis que les secondes font appel à des critères propres aux éléments.
La sobriété sans l'égalité, c'est l'austérité pour les plus pauvres. ©Maxime Combes 2022
Je me positionne comme vivant de façon sobre, là où d’autres me verraient comme vivant dans l’austerité ou l’opulence. Cette dichotomie dans les points de vue traduisant le constat d’une inégalité significative au sein de la population, confortée par les idées reçues – à tort ou à raison – de chaque partie sur l’autre. Oui, mon chauffage n’est pas réglé sur 23°C et oui, j’ai un chauffage. Si je me déplace à vélo ce n’est pas parce que je n’ai pas les moyens de le faire en voiture individuelle – au contraire, je suis assez opulent pour pouvoir m’offrir l’immobilisme longue durée de ma voiture – mais un choix de sobriété. Je ne ferais pas l’affront de parler d’austérité lorsque pluie et froid agrémentent mes trajets, ce même si je me sens particulièrement minable en bout de route, cela reste pour moi un choix et je pourrais faire autrement.
Je le dit : un environnement immobile est confortable. Du moins il peut l’être. S’il m’est possible de choisir mes vêtements en fonction des conditions extérieures – dans la limite du possible, je rechigne toujours à montrer le monidre centimètre carré de peau – c’est avant tout sur la supposition que les conditions sont stables ou varient dans une amplitude définie. Dans une certaine mesure, toute la société est bâtie sur cette idée de stabilité et c’est pour la même raison qu’est généré l’intérêt des choses qui sortent de l’ordinaire, ou plutôt des attentes. Peut-être serait-ce même besoin de stabilité qui sous-tend les phénomènes de dépendences.
Peut-être l’automobilisme à outrance serait une forme d’ôde à la stabilité procurée par un habitacle protégeant de l’environnement et des mêmes bouchons aux portes des villes, d’un cri contre le changement… Pas de chance, l’automobile est un sacré facteur de changements. En alimentant cette dépendance à l’automobile et son empreinte sur le commun, ce sont les autres modes de déplacement qui sont en position d’austérité tant il est complexe aujourd’hui de se déplacer autrement.
Le confort, lorsqu’il n’est pas poursuivi dans une quête à outrance, peut conduire une fois atteint au contentement. Soit une vision purement économique de l’organisme, un certain seuil global de statisfaction est nécessaire pour pouvoir parler de bien-être. Où placer la limite entre le confort et la stabilité nécessaires et accessoires ? Et dans la mesure où nous possédons une capacité d’adaptation aux variations, n’y a-t’il pas là une forme de confort dans l’instable ? Le sentiment de satisfaction n’est-il pas plus important lorsque nous nous avions prévu l’imprévu ? J’imagine une forme de stabilité, d’état d’esprit, dans la préparation aux imprévus. Sans aller dans l’excès – où le placer ? –, c’est cette vision qui me permet de me situer dans un équilibre où je n’ai ni trop, ni trop peu et que ce dont j’ai à disposition me permet de faire face à la plupart des situations auxquelles je suis confronté.