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On respire comme ils mentent- Welcome to corporate America.

Introduction.

Le but ici est d'écrire sur autre chose que le cinéma.

La "genèse", si genèse il y a, de cette tentative de texte, est le fruit du hasard, l'entrelacement entre mes réflexions privée et ma vie professionnelle.

Ma vie professionnelle occupe malheureusement une très grand part de mon temps de cerveau disponible, pourtant presque en parallèle, s'agitent et tournent en arrière plan mes impressions personnelles et mes souvenirs.

Toutes ces impressions et ces hasards agités ensemble, ont produit un étrange "précipité", que je vais tenter de solidifier un peu plus en écrivant ceci.

J'ai regarder récemment ce film de Fassbinder, le droit du plus fort, l'histoire de Franz, cet enfant de la balle qui gagne à la loterie et vit une histoire d'amour avec Eugen, un bourgeois précieux.

Eugen est un fils à papa qui reproche à Franz ses mauvaises manières de prolétaire et qui lentement le dédaigne, mais il n'oublie pas de taper dans la fortune de Franz, pour entre autres, sauver l'industrie familiale de la faillite.

Le film est bon, mais il ne m'a pas passionné outre mesure.

Fassbinder n'avait cependant pas son pareil pour figurer le capitalisme et son imbrication dans nos vies intimes, il plaquait des visages humains, des relations interpersonnelles, sur les réalité froides et dures du monde économique et levice de l'argent.

Quelques semaines avant noël, mon responsable, le daf comme on dit dans l'associatif (Directeur Administratif et Financier, partez pas le gars est vraiment sympa), m'a présenté le nouveau cac, comme on dit dans les cabinets d'expertise comptable (Commissaire Aux Comptes).

Vous l'aurez compris, j'usine à la ville dans le côté financier de la force, mais du côté clair, mes employeurs sont "à but non lucratif" (thanks god).

Les deux étaient dans mon bureau, et je me faisait petit, les laissant parler, il me semble qu'ils se connaissaient depuis un certains temps.

Je les écoutais tranquillement,parce que des trois personnes dans le bureau, je suis le plus faible, celui dont dont le travail final est scruté et jugé.

A un moment le jeune commissaire aux comptes à parlé de ce site internet, pappers.fr, disant qu'il l'utilise presque tous les jours et qu'il ne pourrait plus faire sans.

Mon chef ne connaissait pas et j'ai rajouté qu'effectivement ce site est super, même si à mon niveau, je ne collecte pas d'informations financières sur les entreprises, je m'en sers uniquement pour rechercher les idcc (Identifiant De Convention Collective) des entreprises dans le cadre de mon boulot.

Nous nous sommes ensuite quitté.

Je colle du jargon comptable dans ce texte, pour préparer le lecteur à ce qui va suivre, parce qu'il va y avoir plus tard dans le texte une partie financière assez roborative, si ça ne vous intéresse pas, c'est maintenant qu'il faut partir(je comprendrais tout à fait).

J'ai perdu mon père en 2011, et depuis, je cherche un peu à conserver sa mémoire, à prolonger ce qu'il a été ou ce qu'il a voulu faire.

Ça ne n'habite pas obsessionellement, mais c'est là, en arrière plan.

Je serai par exemple émus aux larmes de revoir son écriture, une trace de lui qu'il aurait laissée dans ce grand tout (ou la version plus flippante,ce grand rien absurde).

Et c'est ainsi, que j'ai repensé à la phrase du cac à propos du site pappers.fr.

Mon père avait en effet créer une entreprise d'ascenseurs, il y a fort longtemps.

Pourquoi ne pas chercher sa trace et m'approcher du graal, un document signé de sa main, que je sais honnête et franche?

J'ai retrouvé facilement son entreprise dans la base de données de pappers.fr et j'ai eu accès à toute l'histoire (courte) de l'entreprise, mais pas à la signature tant espérée.

Au détour de mes recherches, j'ai déduits que le temps de conservation légales des informations sur les entreprises doit être de 30 années, je n'avais pas accès aux années antérieures à 1992/1993.

Ca tombe bien, l'entreprise de mon père a été dissoute en 1993.

Pour qu'une histoire soit intéressante, il faut qu'il y ait un méchant, ici le méchant est O, leader mondial du secteur, je vais tenter de décrire comment O a entrepris à cette époque, le rachat de l'intégralité de ses concurrents pour mieux les couler.

A la décharge de notre méchant, 0 , en 1992/1993, il y a eu une grosse crise dans l'immobilier, il est somme toute logique qu'il y ait restructuration au sein du secteur.

Je vais tenter de décrire dans ce texte comment O a besoin de factotum qui effectue ses basses œuvres, des gens que O choisis parce qu'ils ont peu de moral et aiment ce qui brillent.

Ces hommes de paille, les braves couillons exécutants de la multinationale 0, leurs noms me disent quelques choses, je les ai souvent entendus dans la bouche de mes parents pendant mon enfance et mon adolescence.

Premier Chapitre- L'enfance.

La société S.a été crée en 1966, D'après les papiers officiels.

En discutant la semaine dernière avec ma mère, elle m'a confirmé que mon père a travaillé pour S.pratiquement au démarrage de l'entreprise.

Il avait donc 22 ans, lorsque mon père a commencé comme simple technicien.

S. était je pense, le gros employeur qui faisait travailler beaucoup de gens de ce coin plutôt rural.

Nous étions encore à cette époque où le capitalisme était "paternaliste", le patron connaissait ta famille, ta femme et tes enfants.

Je me souviens de cette fête organisé chaque année par l'entreprise, j'aimais y retrouver ma cousine car le frère de mon père travaillait aussi à S.

Mais j'y retrouvais aussi mon cousin, pourtant son père ne travaillait pas du tout à S., le village entier était semble t il convié au "fameux méchoui de S".

Mon père avait quitté l'endroit, pour se rapprocher de ma mère, mais nous nous rendions chaque année à cette fête.

Mon père a eu en effet a un moment une promotion, il s'est vu confier la responsabilité d'une antenne de S.

Ce service que mon père gérait avait ses locaux dans la maison de mon enfance.

J'ai grandis au milieu des boulons, ressorts, portes d'ascenseur qui étaient stockés dans mon garage.

Je me souviens de ma mère m'emmenant à l'école me disant " tu va dire au revoir à ton père, mais tu le déranges pas parce qu'il travaille".

J'ai donc beaucoup vu mon père travailler, ce qui est presque naturel, vu qu'il était, il me semble, ce qu'on appelle un "bucheur".

En matière de boulot, il envoyait du bois, le daron.

Aux dires de ma mère, cette époque étaient bénies, S. payait quasiment l'intégralité du loyer de la maison, le salaire de mon père tombait intégralement dans nos poches, et ma mère à même perçus un temps un salaire pour assurer le standard de la boutique, ce qui lui laissait le temps de s'occuper de moi et ma sœur.

Ce temps, c'est le temps du "capitalisme à la papa", le "fair deal" entre l'entreprise et ses salariés, "je grossis, tu grossis aussi".

Enfin, d'après moi, parce que cette époque, je ne l'ai pas connu.

Moi, j'ai connu, l'arrivée de O. dans le secteur, la montée du modèle capitalistique anglo-saxon.

Tapi dans l'ombre, O.guettait sa proie S., dés 1987.

Je ne pouvais pas savoir, j était trop petit.

deuxième chapitre- l'adolescence rachats,fusions/absorptions et moi, et moi,et moi.

Je ne connait pas la date exacte du rachat de S. par O.

Ce dont je suis certain, c'est que la prise de possession a eu lien entre 1987 et 1990.

Ce que je sais, c'est que nous avons déménagé en juin 1987, mon père travaillait toujours pour S., mais cette fois ci à son siège, nous ne le voyions plus la semaine, seulement les week end.

Ce que sais aussi, c'est que le frère de mon père qui travaillait pour S., a déposé les statuts de sa société AR. le 13 juin 1987, c'est du moins une date que j'ai retrouvé dans les différents documents.

S. a été liquidée le 26 juillet 1993 par une fusion absorption par la société W.S.

A regarder l'ensemble des différents documents O procède toujours de la même manière: il font racheter la proie par une entreprise qu'il possède déjà (W.S), continue son exploitation quelques années et fusionne ensuite définitivement la proie avec la société acquerante.

Ce que je comprends pas bien, c'est pourquoi la multinationale O, ne rachète pas elle même directement ses concurrents ?

Pourquoi a t'elle besoin d'utiliser indirectement d'autres entreprises qui lui appartiennent?

Peut être qu'une multinationale dont le siège est à Paris, a besoin d'hommes sur le terrain, pour "manager" des entreprises régionales ?

Nous avons de nouveau déménagé en juillet 1989 et cette fois ci, mon père travaillait directement pour O.

Je n'en ai pas la certitude, mais j'ai souvenir de mon père disant, en substance : "j'ai travaillé pour O., et à ce que j'en ai vu, plus jamais, plutôt crever".

Par recoupement, j'en déduit que c'est sur cette période là qu'il était salarié de O., d'autant qu'il était sous les ordres de P.J, qui était, dixit ma mère un salopard arrogant.

Nous retrouvons plusieurs fois le nom P.J, dans les documents juridiques, il semble qu'il soit un pur produit de la société O.

Son parcours est celui du parfait homme de paille, arrogant et ambitieux, mais pas suffisamment intelligent pur comprendre qu'il n'auras jamais que les miettes des puissants actionnaires.

Beaucoup plus tard,il ne toucheras rien des 2 625 000 euros qui représente le produit de la revente de La société qu'il dirige, mais qui appartient à O.

Les deux millions et demi d'euros sont remontés proprement au siège de O, comme convenu.

En 1990, P.J a licencié mon père.

Après une période de chômage, il a intégré une autre entreprise, mais dans un autre secteur qui échappait à l'emprise de O.

En parallèle AR., l'entreprise de son frère commençait à fonctionner.

Le 30 décembre 1992, mon père, son frère et un représentant de la société I se sont réunis convenant que mon père apportait 29800 francs, son frère 92700 francs et la société I, 127500 francs a l'entreprise AR.

Je crois me souvenir de mon père rentrant précipitamment dans ma chambre d'ado, m'annonçant qu'il avait un truc à faire, ce jour là.

Mais même si j'ai une excellente mémoire, je ne peux pas tout à fait le garantir.

Je me souviens par contre que mon père avait déjà un bureau au nom d'AR courant 1992, puisqu'au collège, je me suis fait expulsé 3 jours, et que mon père m'avait emmené à son bureau, pour m'empêcher de glander.

il m'a fait coller des timbres en masse, ça m'apprendras à me comporter comme un petit con ( je ne conteste pas ce terme, c'est moi qui l'écrit, mon père ne m'aurais jamais dit ça).

Je me souviens aussi de mon père parlant d'un gros marché qu'AR avait obtenu au nez et à la barbe d'O., attribuant à cette "victoire" sur la multinationale, les raisons de son rachat hostile.

Je n'en crois rien, O., n'avait pas besoin de justification pour racheter ses petits concurrents.

Le plan était déjà écrit, il n'y avait plus qu'a le faire exécuter.

troisième chapitre- l'age de raison- la cuisine financière.

La société W.S est l'entreprise qui a racheté S., l'ancien employeur de mon père, mais elle aussi celle qui a racheté son entreprise AR.

W.S a été crée le 01 janvier 1970, il semble qu'elle ait été une vraie entreprise avant d'être l'exécutant de O.

Elle porte le nom de son fondateur W.S.

Le 14 mars 1994 est entériné officiellement le rachat de AR par W.S.

W.S devient officiellement le gérant de AR.

Le 24 avril 1995 AR est fusionnée avec W.S, accompagné de 2 autres entreprise absorbée dans la foulée, SAV., SAR.

SAV. ET SAR. sont deux autres pme qui ont subies le même sort que AR, selon exactement les mêmes procédés.

Le traité de fusion entre les entreprises m'a fait sourire, W.S étant le gérant des quatre entreprises, on retrouve son paraphe quatre fois au bas de chaque page du document.

Vu de loin, W.S prend de l'ampleur, comme m'a dit ma mère, c'était un gros du secteur, mais en réalité O. est propriétaire à 99 pour cent de W.S.

W.S repu, est ensuite exploité tranquillement quelque années.

Mais C'est là qu'intervient la société CF. dirigée par P.J, le type qui a viré mon père en 1990.

CF. en 1992 fusionne son entreprise avec 2 autres entreprises SL ET AST, toutes trois appartenant à O. à 99 pour cent, sans surprise.

J'ai appris en faisant ces recherches que pour intervenir dans un conseil d'administration, il faut légalement posséder des actions.

P.J est donc propriétaire d'une action de CF, c'est mignon, je pense qu'il a du la faire encadrer fièrement, en mode "i'am a ceo, bitch"!

Un projet de fusion entre W.S, CF, et une autre entreprise, SC. est décidé en 2000.

Les trois appartiennent à O., c'est logique.

CF est cependant la société qui absorbe W.S et SC.

Plus tard CF seras, enfin, dissoute et intégrée directement par O.

Le produit de la vente, 2 625 000 euros, consolideras les comptes de O.

quatrième chapitre- Aujourd'hui-la financiarisation de l'économie.

En 2017, P.J est toujours un des hommes de mains d'O., on retrouve les traces d'une société crée avec 2 holdings dont les dirigeants ont tous des noms étrangers.

Les capitaux de ces deux Holding ? 50 milliards. Rien que ça.

Le capital de la nouvelle structure dirigée par P.J? 100 euros. Si peu? oui, si peu.

Là, ces montages financiers et leurs utilité réelle dépassent mes compétences, et pour tout dire ça m'a plutôt effrayé, j'ai décidé de ne pas pousser plus loin.

Je sais déja que je vis dans un monde gangrénée par des multinationales financiarisées, pas besoin d'autres preuves.

Conclusion.

Ben la morale, si il y en a une, c'est que nos vies sont decidées indirectement dans des conseils d'administrations et que nous innocemment, nous ne nous en apercevons pas.

Mon père a essayé d'échapper à une multinationale américaine, il s'est battu comme il a pu, mais il a été rattrapé par la patrouille.

Si vous avez tenu jusque là, mes félicitations les plus sincères.

J'en profite pour conseiller le site, pappers.fr, pour par exemple savoir QUI possèdent RÉELLEMENT l'entreprise de votre patron...