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2011-08-23 05:14:47
Va-t-on vers la mise mort de l Internet illimit dans les foyers fran ais
, comme l annonce grand fracas le site d investigation Owni ? A l appui de
sa proph tie, un document de la F d ration fran aise des t l coms (FFT) listant
des propositions pour aller vers plus de transparence tant en mati re de
gestion de trafic que de qualit de service. Maladresse ? Ce document imagine
dans une annexe la mise en place d offres diff renci es selon le d bit de la
connexion (plus ou moins rapide) et le plafond de la consommation au lieu du
forfait actuel illimit . Bref, l Internet fixe va-t-il suivre l exemple de l
internet mobile, o certains usages sont prohib s, et la consommation brid e ?
Pourquoi cette menace sur l illimit ?
Le mod le fran ais de l Internet fixe, sans gal sur la plan te, qui propose
pour un prix unique et modique Internet illimit , t l vision et t l phone, est
nouveau sur la sellette. Ce standard, impos par Free son entr e sur le
march , en 2002, n est pas du go t de certains acteurs, plus l aise avec une
gamme large de services, et un foisonnement des tarifs comme dans le mobile.
Parall lement, l engorgement ponctuel du r seau est souvent invoqu pour
discriminer l acc s Internet, selon que l on consommerait tel ou tel contenu.
Ce qui est une entorse la neutralit du Net. Derni re d claration en date (Le
Monde du 19 juillet 2011), celle de Jean-Bernard Levy, le patron de Vivendi,
maison m re de SFR, estimant que, pour optimiser Internet, le trafic doit
tre g r de fa on diff renci e . Et plaidant pour que les diteurs de contenu
puissent n gocier de gr gr avec les fournisseurs d acc s Internet afin
que leurs contenus soient achemin s de fa on privil gi e. De son c t , le r
gulateur des t l coms, l Arcep, a demand aux op rateurs davantage de rigueur
dans l utilisation de certains termes, dont le mot illimit . Et r clam des
engagements sur une qualit minimale de service (le d bit de la connexion, par
exemple). Le document publi par Owni peut se lire comme un embryon de r ponse
au r gulateur : Ce sont des pistes de r flexion que nous avons fait circuler
aupr s des personnes auditionn es, dont les associations de consommateurs,
avant de se revoir la rentr e , nous a pr cis hier Yves Le Mo l, directeur
g n ral de la FFT.
Les consommateurs doivent-ils se pr parer au pire ?
Attention ! La FFT ne repr sente qu elle-m me ! pr vient un acteur du march
. C est- -dire, et dans l ordre : Orange, SFR et Bouygues Telecom. Ni Free, ni
Numericable, deux acteurs majeurs, ne sont adh rents au lobby du secteur. Le
premier s est dit plus que r serv sur la pertinence d une telle proposition
, qui irait l encontre des fondamentaux . Le second a b tonn qu il n
est en rien associ aux r flexions en cours, concernant la limitation des
usages de l Internet fixe .
L Arcep se dit aussi sceptique : Je n ose imaginer une initiative concert e d
op rateurs, agissant comme un cartel qui d gainerait ses offres , r agit un
membre de son coll ge, Jo lle Toledano. Les analystes du secteur sont galement
incr dules. Les internautes fran ais ont t lev s au biberon des box et de
l Internet illimit avec Free. Ce sch ma-l vaut la France d avoir la fois
le plus grand nombre de foyers connect s, une bonne qualit de connexion et des
acteurs dynamiques , insiste St phane Dubreuil de Sia Conseil. Il faudrait
tre bien hardi pour noyer ce b b -l avec l eau du bain.
Et puis, facturer Internet au compteur signerait un coup d arr t aux nouvelles
fa ons d utiliser le r seau, notamment le cloud computing (le stockage
distance des photos, vid os et donn es personnelles) : Qui accepterait de
payer pour simplement regarder son album photo ou ses vid os ? s interroge
Dubreuil.
Est-on si s r que rien ne bougera ?
Il n emp che que la goinfrerie de certains comportements pose probl me. Comme
ces internautes qui utilisent des robots de t l chargement et qui cr ent des
perturbations sur leur zone. 5% des internautes consomment 80% de la bande
passante , insiste Yves le Mo l. Le trafic internet est multipli par douze
chaque ann e , s inqui te St phane Richard, le patron d Orange. Alors, faut-il
freiner, et comment ?
Sur le mobile, les op rateurs ont trouv la solution : l Internet n est plus
illimit , mais le d bit d grad au-del d un seuil de consommation (500 Mo, 1
ou 2 Go). Mais ce qui se comprend pour le mobile, en raison des limitations
physiques impos es par les fr quences radio, ressource rare et ch re, peut-il
tre audible pour le fixe ? Alors que l on d ploie la fibre optique, dix fois,
voire cent fois plus performante que l ADSL ?
Paru dans Lib ration le lundi 22 ao t.