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Retraites : Nicolas Sarkozy promet de ne pas "passer en force"

2010-02-16 05:48:22

LE MONDE | 15.02.10 | 10h52 Mis jour le 15.02.10 | 11h08

Nicolas Sarkozy a tranch . Il "ne passera pas en force" sur la r forme des

retraites. En pleine sortie de crise, dans un climat social consid r comme

sensible, il veut donner toutes ses chances au dialogue.

"La r forme des retraites est trop importante pour qu'elle ne soit pas conduite

de mani re concert e, ouverte et sur la base d'un diagnostic partag ", a d clar

lepr sident de la R publique, lundi 15 f vrier, l'ouverture du sommet

social qu'il avait convoqu l'Elys e.

Autour de lui le premier ministre, Fran ois Fillon, et huit membres du

gouvernement accueillaient les secr taires g n raux et les pr sidents des cinq

conf d rations et des trois organisations patronales pour discuter de l'agenda

social de l'ann e.

En signe de bonne volont , M. Sarkozy n'a pas d marr son intervention par le

sujet d licat des retraites sur lequel il sait le consensus impossible: aucun

syndicat n'est pr t soutenir la remise en question de l' ge l gal de la

retaite, fix e depuis 1983 60 ans ni adh rer un nouvel allongement de la

dur e de cotisation.

Or, ce sont les deux pistes favoris es par le gouvernement pour tenter de

renflouer le r gime des retraites gravement menac par le vieillissement de la

population et le mauvais fonctionnement du march du travail. "Aujourd'hui, sur

dix retraites que nous versons, il y en a une qui n'est pas financ e. Si nous

ne faisons rien, dans dix ans ce sera une sur huit", a rappel M. Sarkozy.

Pour tenter de d tendre l'atmosph re, le chef de l'Etat a d'abord rendu hommage

aux fonctionnaires qui, depuis 2007, ont l'impression d' tre dans le

collimateur du gouvernement : "Je veux leur dire toute la consid ration que je

leur porte".

Il a ensuite voqu la situation des ch meurs en fin de droit qui fera l'objet

d'une concertation avec les partenaires sociaux de l'Un dic. "Je suis d termin

, a-t-il dit, avec le premier ministre, ne laisser aucun demandeur d'emploi

de longue dur e sans solution".

Enfin seulement, il a abord le dossier des retaites avec l'intention affich e

de d samorcer l'inqui tude de tous ceux qui redoutaient un passage en force

avant l' t . "Nous prendrons tout le temps n cessaire pour dialoguer, pour que

les positions de chacun soient parfaitement comprises, pour que les Fran ais

soient clairement inform s des enjeux et des situations", a d clar M. Sarkozy.

Et pour tre encore plus clair, il a ajout . "En tout tat de cause, la r forme

ne sera pas adopt e par le Parlement en juillet. Je veux un d bat approfondi

qui prendra le temps qu'il faut."

La concertation, conduite par le ministre du travail, Xavier Darcos, et le

ministre du budget et de la fonction publique, Eric Woerth, d butera en avril

lorsque le conseil d'orientation des retraites aura rendu ses travaux. La

question de la p nibilit , sujet indissociable aux yeux des syndicats, sera

abord e dans une concertation parall le.

D BAT VIF

Si le pr sident de la R publique a finalement opt pour le dialogue, le d bat a

t vif au sein m me du gouvernement. Mercredi 10 f vrier, l'issue du conseil

des ministres, plusieurs membres du gouvernement, Christine Lagarde, Xavier

Darcos, Eric Woerth, Laurent Wauquiez, Christian Estrosi s' taient retrouv s

autour du chef de l'Etat et de ses conseillers pour affiner la strat gie.

Partisan de ne pas perdre de temps, M. Darcos, redoute que la r forme des

retraites p se sur le climat social de la prochaine rentr e. L'ancien ministre

de l' ducation nationale sait que les mois qui la suivent sont propices aux

manifestations d'enseignants. Il sait aussi que les sorties de crise conomique

favorisent les revendications salariales.

Mais la strat gie du "blitz krieg", d nonc e par les syndicats, tait combattue

par le conseiller social de l'Elys e, Raymond Soubie. Ce n'est qu'"une fois

qu'une concertation approfondie et sinc re aura eu lieu" que "le gouvernement

prendra ses responsabilit s", affirme- t-il.

L'Elys e ne veut pas plomber le r sultat des lections r gionales de mars, en

donnant l'impression de vouloir passer en force. Il sait que les Fran ais sont

inquiets pour leur retraite mais conna t aussi leur r ticence face aux deux

grandes pistes voqu es. Dans la derni re enqu te d'opinion, command e par

Matignon et r alis e les 4 et 5 f vrier, 56 % se disent hostiles

l'allongement de la dur e de cotisation et 60 % la remise en question de l'

ge l gal de d part la retaite 60 ans.

Le ton conciliant adopt par le chef de l'Etat n'emp chera sans doute pas les

syndicats de programmer une journ e de mobilisation. Quelques heures apr s leur

sortie de l'Elys e, ils doivent se retrouver en intersyndicale pour d cider

d'une possible journ e d'action, fin mars, apr s les lections r gionales, en

attendant le rendez-vous du 1er mai.

Ils ne se font gu re d'illusion sur leur capacit infl chir les choix du chef

de l'Etat qui a martel lundi : "Je ne veux pas que les g n rations qui

viennent payent parce que nous aurions manqu de courage."

R mi Barroux et Fran oise Fressoz