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M tro-boulot-d prime

2010-02-09 07:15:20

Anxi t , pressions hi rarchiques, licenciements d guis s: une tude men e en

Ile-de-France accuse les transports collectifs de bien des maux.

Stressants et fatigants les trajets domicile-travail ? Sans blague. Le temps et

l' nergie d pens s dans les transports en commun ont des r percussions directes

sur la sant des salari s et de leur entreprise, avec des tensions et d

sorganisations la clef.

Voici, en version rapide, le r sultat d'une tude (en pdf) men e par le cabinet

Technologia, sp cialis dans l' valuation des risques professionnels. Ce m me

cabinet charg r cemment par France T l com d'enqu ter sur le stress de ses

salari s, apr s la vague de suicides.

Cette fois-ci, l'enqu te ne nous a pas t command e. On a choisi de se

pencher nous-m mes sur ce sujet qui reste trop souvent la porte des

entreprises , pr cise le sociologue G rard Rimbert, l'un des auteurs de l'

tude. Avec un psychologue du travail et un ergonome, il a interrog quelque 150

repr sentants de personnels et directeurs de relations humaines (DRH) en

Ile-de-France.

L'enqu te compile des t moignages du type: Il y a trois mois de a, une femme

avait des probl mes d'int gration dus la fr quence lev e de ses retards

(...) C'est un cercle vicieux : le retard puise mentalement les personnes qui

tentent d' tre ponctuelles. L' puisement, la fatigue rendent les personnes plus

irritables motionnellement et par voie de cons quence plus enclines aux

conflits.

La premi re conclusion des auteurs de l' tude: les employeurs ne prennent pas

assez en compte les difficult s de leurs salari s li es aux transports en

commun. La prise en compte de l'imp ratif du d placement en transports

collectifs en tant que risque psychosocial va rarement au-del d'une

compensation financi re , souligne le rapport.

De quel risque psychosocial parle-t-on ?

La gal re des transports ne s'arr te pas comme par miracle la porte de

l'entreprise. Et se traduit au choix (ou ensemble) par: un tat d'anxi t li

aux retards possibles et r currents. Des strat gies compensatoires pour

rattraper le temps perdu (en se sucrant la pause d jeuner par exemple). Mais

aussi des pressions hi rarchiques, voire des licenciements d guis s. Ou encore

des volutions de carri re frein es par le manque de disponibilit .

Plus que le temps pass dans les transports (1h30 aller-retour en moyenne pour

les Franciliens), la p nibilit d pend surtout des conditions de transport:

rames bond es ou pas, nombre de correspondances et al a plus ou moins

important. Il y a un co t psychologique sp cifiquement li l'incertitude,

crivent les auteurs de l' tude. C'est une chose d'admettre que plus d'1h30 de

trajet est n cessaire pour rejoindre son lieu de travail, c'en est une autre

que ce temps puisse de fa on impr visible tre augment de 10, 20 ou 30 minutes

.

Ainsi, un habitu du Paris-Le Mans peut tre moins us nerveusement qu'un

usager du RER, min par les pannes r p tition. Le rapport regorge de t

moignages: Moi j'habite Pontoise. Je prends la voiture pour aller la gare

de Cergy. Apr s je prends le RER A, pas tr s agr able et souvent bond . Et puis

soit je prends la navette ou sinon je m'y rends pied. En temps normal, je

mets 40 minutes pour joindre La D fense. Apr s c'est al atoire, a d pend...

Ce constat fait, quelles conclusions en tirer ?

A la veille des r gionales, et alors qu'en Ile-de-France les candidats

bataillent sur l' pineuse question des transports, l' tude tombe point nomm .

Le cabinet Technologia se d fend de vouloir peser sur le terrain politique. On

constate depuis trois ans une nette d gradation des conditions de transport en

Ile-de-France. C'est un sujet important qui m rite d' tre d battu. Il faut un

Grenelle des transports publics , plaide Jean-Claude Delgenes, directeur g n

ral du cabinet Technologia.

Parmi les pr conisations ( retrouver ici), le cabinet d'audit propose la mise

en place d'un observatoire sur les conditions de transport en r gion

parisienne, sur le mod le de l'observatoire du stress.

Si les lus ont leur r le jouer, les employeurs doivent aussi se saisir du

probl me. Aujourd'hui, le poids du trajet domicile-travail repose enti rement

sur les paules du salari , d plorent les auteurs de l' tude: Il faut red

placer le curseur. L'entreprise doit aussi prendre sa part de responsabilit .

Comment? En am nageant l'organisation du travail par exemple (t l travail, t l

r union, flexibilit ...). Mais aussi en int grant le param tre trajet des

salari s dans tout projet de d m nagement de l'entreprise. Quand l'entreprise

change de locaux, l' quilibre qu'avaient trouv tant bien que mal les employ s,

tombe par terre. L , l'entreprise a une reponsabilit sociale forte , conclut G

rard Rimbert.

Le stress des transports en commun en r gion parisienne sape le moral des

salari s

Les d placements en transports en commun en r gion parisienne sont source

d'inconfort et d'incertitude. Surtout, ils ont un impact certain sur la sant

physique et mentale des salari s estime le cabinet Technologia. Ce cabinet sp

cialis en valuation et en pr vention des risques professionnels et de

l'environnement estime, dans une tude publi e lundi 8 f vrier, qu'ils peuvent

menacer la paix sociale des entreprises.

Sur le m me sujet

Une psychologue du travail, un ergonome et un sociologue ont interrog quelque

cent cinquante repr sentants de personnels (RP), directeurs et directrices des

relations humaines (RH) pour ce travail illustr de t moignages, dont rend

compte le Parisien, alors que le sujet des transports devient l'un des enjeux

de la campagne des r gionales en Ile-de-France.

"Le temps pass dans les transports, en rendant les salari s moins nergiques

et moins disponibles, en les exposant l'opprobre des managers contr lant leur

ponctualit et en modifiant leur rapport au travail, est un catalyseur

multifactoriel des risques psychosociaux (stress, d pression)", r sument les

auteurs de l' tude. L' tude pointe la tendance l'allongement des d placements

domicile-travail en Ile-de-France.

MENACES SUR "LA PAIX SOCIALE"

Le choix pour ce cabinet de s'attacher un probl me "qui reste bien souvent

aux portes de l'entreprise (...) s'explique justement par la n cessit de

mettre en avant des difficult s qui souvent passent au second plan alors

qu'elles sont pleinement li es au travail", expliquent les auteurs. Ceux-ci

notent "des savoirs diff renci s" chez leurs interlocuteurs quant la

perception des d placements : ainsi 64 % des RP sont "tout fait d'accord"

pour voir les transports en commun comme source de fatigue, contre 28 % des RH.

Multiplication des correspondances, temps de voyages longs (per us comme allant

du simple au double chez les utilisateurs du RER A interrog s), inconfort li

l'entassement concourent fatiguer et stresser les salari s, souligne l' tude

qui d nonce notamment le "co t psychologique" sur la sant li

"l'incertitude" (correspondances, pannes, retards...). Les retards au travail,

trait s diff remment d'une entreprise l'autre, entra nent chez les salari s

la mise en place de "strat gies compensatoires" pour les rattraper et pouvoir

s'adapter au rythme des transports en commun (r duire les pauses, travailler

plus longtemps).

Pour les entreprises elles-m mes, "l'al a des transports en commun favorise les

retards et les perturbations du travail effectuer, et de fa on indirecte,

peut menacer la paix sociale quand une certaine souplesse horaire est accord e

aux salari s expos s aux plus difficiles conditions de transport", explique

Technologia. Le recours cette souplesse ou des "recrutements de proximit "

laissent toutefois les responsables interrog s "relativement d munis face une

tendance de fond : un accroissement de l'offre de transport plus lent que celui

des nouvelles implantations ou des d localisations au sein de la r gion"

francilienne, qui concentre une tr s large part de l'activit conomique fran

aise.