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2010-02-04 13:18:00
La signature d une Charte de l galit souligne la fracture qui s aggrave dans
l enseignement sup rieur avec les universit s de masse.
Pour un tranger, la r cente pol mique sur les 30% de boursiers dans les
grandes coles a d tre passablement illisible. Au m me titre que la la cit ,
le partage de l enseignement sup rieur entre de grandes universit s parfois d
labr es et des petites coles plut t prosp res, est une sp cificit nationale,
une bizarrerie qui fait un peu sourire. Pourtant c est bien ce syst me qui,
aujourd hui, fait d bat : depuis plusieurs ann es, il assure de moins en moins
bien la promotion sociale, tarde s ouvrir la diversit et produit des
lites tr s homog nes.
Symbole. Le gouvernement avance des chiffres magiques : 30 % de boursiers sont
d ores et d j inscrits en classes pr paratoires et autant se retrouveront dans
les grandes coles. C est Jacques Chirac, le premier, qui avait brandi ce taux
symbolique cens marquer le red marrage de l ascenseur social. Nicolas Sarzkoy
l a repris en fixant la date de 2010. Un pays qui ne forme ses lites que dans
environ 10% de la population [les couches les plus favoris es, ndlr] se prive
de l intelligence de 90 % de ses jeunes , r p te-t-il dans ses discours sur la
diversit , appelant aller chercher les talents l o ils se trouvent, y
compris dans les cit s.
En septembre, la ministre de l Enseignement sup rieur Val rie P cresse a cri
victoire: le seuil des 30 % a t atteint en classes pr pas avec un an d
avance, preuve que quand on veut, on peut Il faut toutefois relativiser. En
2008, une r forme des bourses a t mise en place et le plafond des revenus
familiaux y donnant droit a t relev , de fa on inclure la classe moyenne
modeste la limite des seuils sociaux et qui n avait jusque-l droit rien.
Un nouvel chelon z ro a t cr , qui n accorde pas d allocation mais
exempte des droits d inscription, et 50 000 nouveaux boursiers sont alors
apparus. M caniquement on a retrouv cette hausse dans les pr pas
Kyrielle. Mais les grandes coles recouvrent une r alit fort diverse. Une
dizaine de tr s prestigieuses - Polytechnique, Centrale, HEC, les coles
normales sup rieures - focalisent l attention. A c t , il y a une kyrielle d
coles plus ou moins r put es, dont certaines recrutent juste apr s le bac. D
ores et d j , plus de la moiti des l ves des coles d ing nieurs ne sont pas
pass s par les fameuses grandes pr pas : souvent publiques, elles ne sont pas
ch res et offrent des pr pas int gr es.
Le probl me de l ouverture sociale se pose essentiellement dans les tr s
grandes coles o les taux de boursiers - et encore ne sont-ils pas dans les
chelons les plus hauts - ne d passent pas les 10 15 %. Elles craignent de
perdre leur excellence si on les contraint s ouvrir trop vite. En m me temps,
ces tablissements semblent se satisfaire de cet entresoi - entre fils de
polytechniciens, fils d narques, etc. - et se consid rent comme les d fenseurs
de la m ritocratie r publicaine , fiers de leurs concours difficiles. Ils ont
en horreur le dispositif de Sciences Po qui a ouvert une voie d acc s aux lyc
ens de ZEP, avec laquelle le Pr sident leur fait la le on
Agacement. Les universitaires regardent ces gesticulations avec un brin d
agacement et d ironie. Eux qui accueillent tous les tudiants sans les choisir,
ne sont-ils pas les vrais acteurs de la d mocratisation ? Quelle est cette
politique qui dirige les l ves m ritants vers les formations d excellence ,
comprenez les pr pas, excluant les facs ? Pour les universit s, les armes ne
sont pas gales. Mais avec leur masse critique et l importance de leur
recherche, elles savent aussi qu elles sont incontournables. Et qu un jour,
elles pourront jouer de leurs atouts pour imposer des relations plus
galitaires et pourquoi pas rivaliser dans la formation des lites .