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Des affres de la traduction automatique

Les gens de esoteric.codes l’avaient bien compris en relevant les

travaux du blog « æsthetics for birds » : google translate peut-être,

pour qui veut bien s’y pencher, une fort belle machine à vers.

Æsthetics for birds: Emergent poetry and google translate.

https://esoteric.codes/

Google translate poetry

Plaisir éphémère, puisqu’au fur et à mesure que les failles sont

débusquées, elles sont refermées. Avant que les failles de la

traduction iragana vers français se referment à tout jamais (et en

ouvrent d’autres !), j’ai capturé au coin du bois quelques échapées :

En poussant

Temps de traction

En mĂŞme temps

Restez à l’écoute

Capitalisme, désir et servitude

Par lĂ 

Laisse-moi faire

Plus

Les textes ci-dessus ont été produits autours d’octobre

2017. À l’époque j’ai bidouillé avec des histoires de failles sur

google translate suite aux articles de « æsthetics for birds »

(l’esthétique pour les oiseaux) et de « esoteric codes » (code

ésotérique, code se comprenant au sens code source d’un programme)

mentionnés ci-dessus. Quand j’ai commencé à avoir une bonne moisson de

textes issus de ce processus, j’ai écrit à ma compagne de l’époque ce

qui m’avait poussé à faire ça, et ce que ça m’inspirait. En relisant

ça je me dis que c’est une amorce, alors je le colle comme un post-it

ici.

À propos de poésie dans les recoins de la technologie

Alors voilà…

Dans mes essais de jeu avec l’éciture je suis tombé sur un truc qui

m’a bien accroché. Sur un site appelé « æstetics for birds » (tu

goûteras le nom au passage), je suis tombé sur un article intitulé

« emergent poetry and google translate ». Dans cet article le gars

explique qu’un bug dasns le service de traduction /google translate/

permettait de générer des phrases et motifs de mots surprenants en

injectant des séries de caractères Iragana japonais. Plus précisément,

il s’agit d’injecter des motifs composés avec une seule lettre de

l’alphabet Iragana (qui est une des deux formes d’écriture japonaise,

l’autre étant le Kanji).

Concrètement, tu choisis un caractère, tu composes des suites avec ce

caractère, en les entrecoupant d’espaces et de ponctuation, à ta

guise. Et quand tu demandes la traduction française, tu obtiens des

résultats… surprenants.

Un exemple de ce processus est le poême « en poussant » ci-joint : en

haut la suite de caractères Iragana, en dessous ce qu’a généré google

translate. Étonnant non ?

J’ai eu envie de jouer avec ça, mais, à la différence de ce qui est

présenté dans l’article, j’ai eu envie de m’intéresser à la forme

graphique des suites de caractères, à mettre en parallèle avec ce que

génère la traduction.

Alors oui, la critique immédiate c’est de dire que c’est de la

fumisterie, qu’il n’y a rien qui émane de « l’auteur » dans le

processus…

Je pense que si : jouer avec les motifs, c’est déjà produire.

L’article prend un parti-pris qui n’est pas exactement le mien mais

qui mérite d’être énoncé. Ce qu’il dit en substance, c’est qu’on peut

considérer deux attitudes extrêmes face à ce processus, car en tant

que celui qui saisit les caractères, on a le contrôle sur ce qui est

généré. À partir de là, soit on choisit de s’appliquer à contrôler au

maximum ce qui est généré (en insérant des espaces, de la ponctuation,

en coupant et en collant, en décidant quelles lignes de traduction

sont plus ou moins intéressantes, provocantes, poétiques), soit on

laisse faire (en saisissant des chaînes de caractère de longueur

aléatoire ponctuées de fin de lignes occasionnelles). Plus on

s’investit dans le choix, plus le résultat ressemble à une

collaboration (entre soi-même et le traducteur). Moins on s’investit

dans le choix, plus ce qui est généré apparait comme une surprise

amusante. À chacun de choisir.

Mais ce que passe sous silence l’article, c’est qu’on peut aussi

s’intéresser à l’aspect graphique des choses, comme je l’ai fait sur

certaines temtatives. Se servir du caractère choisi pour composer un

dessin, une figue géométrique, quelque chose que l’œil remarque… et

lire ce qui est généré.

Je t’en donne quelques exemples. J’aime bien.

Et in fine, on peut considérer tout ça comme de la poésie, ou pas. Les

deux attitudes sont parfaitement recevables. En tout cas c’est un

petit exercice amusant, surtout si on change la façon de se

positionner : je contrôle, je ne contrôle pas. Je dessine, je ne

dessine pas… Je fais ou je ne fais pas ?