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Lettre à Franco- Un film de Alejandro Amenabar- Avec Karra Elejalde, Eduard Fernandez, Santi Prego, Luis Bermejo.

Les écrits restent.

J'aime Bien Alejandro Amenabar, il fait souvent des films qui confrontent la croyance et les faits, c'est un thème qui traverse pratiquement toute sa filmographie.

Le meilleur exemple est son film autour d'hypathie, la savante grecque en avance sur son époque, mais je pense aussi à un autre de ces films moins connu, Régression, film hollywoodien qui confrontait aux faits les peurs autour des sectes satanistes( un bref appendice rappelait a la fin du film qu'à ce jour il n'existe aucunes preuves de la quelconque existence des pratiques satanistes décrites dans film).

Il décrivait bien dans ce film la peur irrationnelle et les phénomènes de psychoses collectives qui sont par contre eux bien documentées.

Ce que j'aime dans ses films, c'est qu'ils sont accessibles a tous, il sait rendre attrayant ou mainstream des sujets intellectuels ou scientifiques.

Lettre a Franco est un film qui se penche sur l'histoire de l'Espagne et décrit les évènements de 1936, la guerre civile et la prise de pouvoir par la junte militaire entrainant l'accession du général Franco au pouvoir.

Nous suivons les évènements à l'intérieur de ce cercle militaire mais parallèlement l'histoire se concentre sur Miguel de Unamuno, un grand intellectuel qui dispose d'une chaire a l'université.

Miguel de Unamuno accueille favorablement la prise de pouvoir des militaires, il pense qu'ils mettront fin a la guerre civile et ramèneront l'ordre et la concorde.

Il faut dire que Miguel a un age canonique, il aspire au calme et il se remet difficilement de la mort de sa Femme il y a quelques années qui le laisse seul avec son jeune fils.

Nous suivons l'évolution de Miguel, y compris dans les aspects de sa vie les plus routiniers.

Il a en effet ses petites habitudes, comme chaque matin passé chercher ses deux amis, un prêtre et un jeune thésard, pour aller converser autour d'un café.

Ce personnage n'est pas immédiatement sympathique, c'est le genre de vieux bougon qu'on aime détester et ses prises de position peuvent questionner.

Ses amis lui rappellent ses positions antérieures, plutôt chrétiennes et humaniste, mais le vieux bonhomme est complexe, il a plusieurs fois changé d'opinions et il est réputé pour être versatile dans ses positionnements politiques.

L'histoire est pleine de ces intellectuels qui ont plusieurs fois franchi le rubicond, nies leurs positions initiales pour parfois y revenir ou les combattre farouchement.

J"ai lu récemment que Thomas Mann, l'écrivain Allemand appelait dans les années 30 a l'avènement d'Adolf Hitler.

Il s'enfuit ensuite d'Allemagne, pour ensuite pourfendre le nazisme et il fut l'auteur pendant la guerre d'un ouvrage vulgarisateur présentant la religion Juive aux Allemands pour combattre les préjugés a son endroit.

Ce que j'ai compris avec ce film, c'est que l'errement intellectuel, le droit au doute ou a la mauvaise foi sont constitutifs d'une démocratie.

Il y a une scène remarquable dans le film où Miguel de Unamuno entraine son ami sympathisant communiste en dehors de la cité sur les collines alentours, pour pouvoir se livrer a leurs joutes verbales habituelles.

Le débat étant désormais proscrit, il leur faut se cacher, car le fascisme prescrit une opinion et une seule, sans plus de nuances.

Ils semblent tout heureux de pouvoir a nouveau se bagarrer, comme si ils s'étaient trop longtemps retenus.

Le film a beaucoup de qualités, je le conseille, c'est un bon témoignage historique sur le règne de Franco en Espagne.

A mon sens Amenabar défend encore une fois le droit au doute, encourage a l'examen de ses questionnements et il plaide même pour l'erreur, car tout ça mis ensemble participe du fait de réfléchir.

On pourrait trouver que ce film évoque un peu l'univers cinématographique de Constantin Costa Gavras, mais en plus indolent, comme si il voulait tourner délicatement la page de cette douloureuse histoire Espagnole.