💾 Archived View for unbon.cafe › lejun › posts › 20220516_lubrifiantSec.gmi captured on 2023-04-26 at 13:43:01. Gemini links have been rewritten to link to archived content
⬅️ Previous capture (2022-06-03)
➡️ Next capture (2023-11-04)
-=-=-=-=-=-=-
La chaîne est un élément important du système de transmission sur un vélo. Après en avoir changé récemment[1], j’ai eu pour idée de finalement essayer les lubrifiants type cire qui se développent sur le marché. À l’usage, une différence serait notable en termes de propreté, mais aussi et surtout en usure de transmission. La chaîne étant une pièce reliant les plateaux du pédalier aux pignons, une mauvaise lubrification du système lui fera perdre en efficacité et provoquera une usure accélérée et, bien qu’une chaîne ne coûte qu’une dizaine d’euros, ce n’est pas le cas du reste de la transmission. Aussi, bien qu’ayant un investissement initial plus élevé, les lubrifiants cire peuvent être plus intéressant sur le long terme lorsqu’il est question du coût d’utilisation de la transmission dans son ensemble. Le passage d’un type de lubrifiant à l’autre nécessite un nettoyage complet de la transmission et les gestes de maintenance au quotidien sont relativement différents si bien qu’il n’existe pas de lubrifiant parfait, seulement des lubrifiants pour des pratiques différentes.
Il existe différentes sortes de lubrifiants dont la composition varie selon la fonction désirée[2]. Un lubrifiant est un élément gras de viscosité plus ou moins importante et pouvant contenir des additifs de manière à influer sur ses propriétés physico-chimiques. Selon la viscosité, on classera un produit dans la catégorie des graisses si très visqueux ou des huiles si liquide. De même, selon la capacité de séchage, on parlera d’huile ou de cire – ou selon la terminologie anglophone, dry et wet. Leur rôle principal est d’assurer la fluidité aux points de contact entre deux pièces généralement métalliques. Cette fluidité se mesure tant dans la transmission d’énergie entre les pièces mais aussi dans l’usure de celles-ci. L’usure est due au frottement répété entre les pièces, générant des déchets pouvant accélerer l’usure si non évacués du système. Un lubrifiant efficace doit ainsi pouvoir être assez liquide pour ne pas faire obstacle au transfert d’énergie, assez visqueux pour pouvoir adhérer aux surfaces d’application, limiter la contamination d’origine externe du système tout en permettant l’évacuation des déchets produits. Dans le cas d’un vélo, de nombreux points nécessitent d’être lubrifiés, dans l’idéal, chacun de manière différente[3], dont la chaîne[4] qui peut recevoir une huile, traditionnellement, ou une cire.
En guettant les chaînes dans les rayonnages, j’ai vu que Décathlon propose son propre mélange de lubrifiant cire, le « LUBRIFIANT CIRE WAX TEMPS SEC VELO »[5]. Parmi les avantages cités, la chaîne serait propre plus longtemps et ne retiendrait ni poussières ni saleté.
Une page est dédiée au lubrifiant cire avec une méthode approuvée par les équipe VanRysel et AG2R la Mondiale[6]. Le produit s’applique sur une transmission « propre, sèche et totalement dégraissée », la veille d’une sortie. Déjà plusieurs questions apparaissent à savoir, si la cire est considérée comme propre et dégraissée et si le produit est adapté à un usage utilitaire ou les sorties sont quotidiennes. Le conditionnement en flacon de 100 mL serait équivalent à environ 40 utilisations, dommage de ne pas avoir de chiffres sur les autres produits. Un petit passage sur l’application côté intérieur et sur les rouleaux et c’est tout. Jusque là , on est loin de ce que je considère comme convaincant en termes de données pour vanter les mérites d’un produit. Pire encore, plus bas sur la page il est mentionné que le lubrifiant s’utilise en condition sèche et humide – rappel que le nom du produit est littéralement « LUBRIFIANT CIRE WAX TEMPS SEC VELO ».
N’étant pas – encore – pratiquant exclusif d’une religion Cire particulière, j’ai tout de même cherché à en savoir un peu plus sur le produit qui, s’il s’avère efficace, apporterait un certain confort de par sa disponibilité. En juillet 2020 – année probable de son arrivée sur le marché – F.Iehl en a fait un test[7]. En plus des informations officielles sur l’application, la notion de « veille » laisse place à « au moins douze heures », côté performance il serait question de « 11 watts » annoncés par Décathlon sans source. La longévité du produit serait de l’ordre de 500 km, avant « sensation de chaîne sèche » et par temps sec. Sous « pluie légère », 100 km ont été réalisés sans soucis notable. Est également donnée une liste d’autres usages du produit, où il est étrangement signalé que la cire n’arriverait pas à pénétrer l’articulation des dérailleurs.
Dans un autre test d’août 2020[8], la cire Décathlon a été comparée à deux autres que sont Bike7 et Squirt[9]. Là encore est soulignée l’importance de préparer la transmission avant application. À noter qu’ici, l’intégralité de la transmission aurait été nettoyée dont les dérailleurs, pour éviter que « l’huile dans les maillons et roulement de la chaîne [usée] ne ressorte ». Simple raccourci ou erreur, il paraît improbable que nettoyer les pièces de la transmission ait un quelconque impact sur la capacité de la chaîne à retenir l’huile de ses articulations. Un nettoyage minutieux de la chaîne suffirait à cela. Le reste étant ainsi probablement plus utile pour éviter de mélanger huile et cire. Sur la tarification les prix varient de 80 à 100 € du litre, la marque Décathlon étant la moins chère. Un troisième temps de séchage apparaît, cette fois-ci de « 6 h » seulement suivi d’une nouvelle application « 1 h » avant utilisation en toute connaissance des consignes officielles à savoir « la veille ». À l’usage, le produit aurait un problème important et ne durerait pas plus de 80 km indépendamment de la météo.
Enfin, un troisième test, cette fois en janvier 2022, compare la cire Décathlon et la Smoove[10]. Non seulement la cire est appliquée sur la chaîne mais également sur les autres pièces de la transmission. Aucune raison n’est donnée et cela semble à priori inutile tant que la chaîne est correctement lubrifiée. L’aspect important souligné est sur la viscosité des produits. Une cire liquide aurait une meilleure capacité de pénétration et limiterait l’agglomération au prix d’une durabilité réduite. Sur ce point la cire Décathlon ferait partie des plus visqueuses, au dessus de la Squirt, selon une méthode d’écoulement par gravité. Ici, pas de problème à l’usage et la cire semble convenir par temps sec et sous faibles intempéries.
Le tour du produit Décathlon – le plus abordable sur de nombreux points – étant fait il existe de nombreux concurrents sur lesquels je ne m’étendrai pas de par leur nombre. Il apparaît à cet égard qu’il n’existe à l’heure actuelle aucune base de données complète quand à ces produits destinés à la lubrification de la chaîne, comme il existerait pour les pneus[11]. Le plus proche étant ZeroFrictionCycling[12] qui compte pour l’instant 23 produits testés dont quelques noms qui me sont familiers comme le Squirt. La grande différence avec les autres approches c’est la rigueur d’analyse. Pas de « à peu près » ou de « sensation », du moins pas sans chiffres. C’est de cette manière que l’on voit que le Squirt tout comme le Smoove, bien que très vantés, présentent des défauts majeurs à l’usage, en particulier lié à leur haute viscosité – après la viscosité mesurée par Bike-cafe, je me demande où se situerait la cire Décathlon. La viscosité est ici aussi mesurée par écoulement gravitaire, avec indiqués le volume, la distance, le temps et l’inclinaison. Il apparaît que cette viscosité limite effectivement la pénétration de la cire au niveau des axes de la chaîne, si bien que l’usure mesurée sur les 1000 premiers kilomètres est proche de 20 %. La seule solution à cela étant une lubrification minutieuse en utilisant une cuve sonique. Dans son dernier rapport de mars 2022, le laboratoire fait la synthèse des essais conduits. Parmi les points cités, il est fait état de la faible qualité des lubrifiants d’usine, l’efficacité d’une lubrification par immersion complète ainsi que l’importance de la lubrification sur le coût d’utilisation de la transmission. Ressort des analyses que les lubrifiants tels que Moltenspeed, UFO et Silca, bien qu’ayant un coût très élevé à l’achat, seraient intéressants de par la faible usure de la transmission sur le long terme, en particulier sur des groupes de haute qualité.
Les différences plus que des bénéfices à l’usage, étant données, la conversion nécessite quelques précisions. Comme mentionné à de nombreuses reprises, l’huile et la cire ne doivent pas être mélangés, dans le sens où bien qu’ayant un rôle similaire les deux éléments ne sont pas compatibles. De la cire sur de l’huile n’accroche pas tandis que de l’huile sur de la cire fait perdre son intérêt à celle-ci. Cette étape constitue la première d’une série d’habitudes à changer si l’on souhaite passer aux lubrifiants cire, mais relève plus d’une charge liée à l’inconnu que d’un coût économique ou physique. Suite à cela, tout est prêt pour passer à un lubrifiant cire. Néanmoins, il convient de garder à l’esprit que pour des résultats efficaces – c’est à dire, une usure réduite de la transmission – il est nécessaire de limiter la présence de contaminants aux points mobiles au quotidien. Cela veut dire qu’il faudra procéder « régulièrement » à une décontamination complète de la chaîne, en particulier après des épisodes de pluie ou la cire sera facilement nettoyée de la chaîne.
Bien que suivant une tendance à la démocratisation, en témoigne leur présence dans les gammes de produits proposés par des enseignes grand public telles que Décathlon, l’utilisation des lubrifiants secs reste encore marginal sans parler des lubrifiants et de la maintenance des vélos en général. Pourtant, bien entretenu, un vélo est non seulement gage de sécurité, d’économies et de durabilité. Comme les produits de la catégorie « Buy It For Life » – achat à vie – ce n’est pas tant le produit en lui même qui justifie son coût mais sa capacité à conserver ses propriétés si entretenue. Là où un nouveau type de lubrification est proposé à la vente, il restera à chaque cycliste de déterminer lequel sera le plus approprié à son usage et quels moyens – au delà de la simple question pécuniaire – seront investis pour l’entretien de son véhicule. Dans mon cas, et à partir des données à disposition, mon choix se porte actuellement sur le BananaSlip Tungsten All Weather de Tru-Tension[13]. À la fois économique à l’achat – 20 € pour 50 mL, soit selon les données Décathlon une vingtaine d’applications – à l’usage – 267,7 € pour 10000 km selon ZeroFrictionCycling – et facile à l’application – format liquide en burette.
[1] Chaîne et usure, LeJun 2022
[2] Guide des lubrifiants, ParkTool 2021
[3] Points de lubrification d’un vélo, ProVelo
[4] Maintenance de chaîne, S.Brown
[5] Lubrifiant cire, DĂ©cahtlon
[6] Méthode d’utilisation Lubrifiant Cire, Décathlon
[7] Test cire DĂ©cathlon, Dimensionsvelo 2020
[8] Comparaison cires DĂ©catlhon, Bike7 et Squirt, NCT 2020 (Youtube)
[9] Site français de la marque Squirt
[10] Comparaison cires DĂ©cathlon et Smoove, Bike-cafe 2022
[12] ZeroFrictionCycling, laboratoire indépendant de test sur lubrifiants
[13] Lubrifiant Bananaslip Tungsten AllWeather, Tru-Tension