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"La Bourse est devenue un casino g ant", selon les professionnels de la finance

2010-10-12 09:06:57

pour Le Monde.fr | 11.10.10 | 18h00 Mis jour le 11.10.10 | 18h07

La Bourse est-elle devenue une grande pagaille ? A l'ouverture du rendez-vous

annuel des op rateurs de march , le World Federation of Exchange (WFE) Paris,

lundi 11 octobre, le constat des professionnels avait des allures inqui tantes.

"La Bourse est devenue un casino g ant. Sauf que le fonctionnement d'un casino

est plus transparent et plus facile comprendre", a r sum Thomas Peterffy,

fondateur de la soci t Interactive Brokers, lors du discours d'introduction.

Selon lui, l' lectronisation des changes, la lib ralisation des march s et

l'acc l ration intense des transactions a fait na tre le d sordre sur les march

s boursiers.

Un message frappant et d'autant plus d concertant que M. Peterffy a fond la

fin des ann es 1970 une soci t de courtage lectronique qui a contribu

cette modernisation des changes aujourd'hui critiqu e. "Lorsque j'ai cr ma

soci t , je ne voyais que le cot positif de l'arriv e de technologies sur les

march s, je me suis tromp ", a-t-il reconnu.

"VOLCAN FINANCIER"

De fait, les Bourses de New York et de Paris n'ont plus grand chose voir avec

ce qu'elles taient il y a quarante ans. Le parquet et la corbeille ont c d la

place des salles remplies d'ordinateurs. Et les donneurs d'ordres sont d

sormais bien souvent des automates programm s par de brillants math maticiens.

Apr s s' tre attaqu s la r gulation des banques au c ur de la crise, les

professionnels de la Bourse appellent ainsi les r gulateurs et les pouvoirs

publics remettre de l'ordre dans leurs march s. Dans ce contexte, l'Europe et

la fameuse directive March s d'instruments financiers (MIF) sont au centre des

priorit s. En 2007, l'initiative du lib ral Charlie McCreevy, charg du march

int rieur et des services au sein de la Commission, cette r gle europ enne a

t mise en place afin d'ouvrir la concurrence les march s boursiers.

Les op rateurs historiques comme Euronext Paris ou le London Stock Exchange

(LSE) la City ont ainsi t concurrenc s par des plates-formes alternatives.

Mais ces Bourses concurrentes se sont multipli es trop et trop vite. Leur

prolif ration a contribu une miettement du march . En outre, sont apparues

des "dark pools", des plates-formes permettant de faire passer de gros ordres

de Bourse en dehors de la surveillance des r gulateurs. Dit autrement d faut

de rendre les march s plus comp titifs, on les a rendus plus opaques... et

potentiellement dangereux. "Nous sommes assis sur un volcan financier", s'inqui

te m me Jean-Pierre Jouyet, pr sident de l'Autorit des march s financiers, le

r gulateur en France. "L'on n'arrivera pas r soudre totalement les

dysfonctionnements du march sans s'attaquer la directive MIF, elle est au c

ur de tout", ajoute-t-il.

CENTRALISER LES ORDRES

Avec la directive MIF, "on a voulu rendre le march plus agile. C' tait une

mauvaise id e", a aussi reconnu Christine Lagarde, ministre de l' conomie et

des finances qui s'exprimait la conf rence du WFE. Les Etats-Unis qui ont eux

aussi lib ralis leurs march s boursiers ont trouv une parade en cr ant une

chambre d'enregistrement afin de centraliser les ordres. "Si les Etats-Unis ont

pu y arriver, pourquoi pas nous ?", signale Mme Lagarde.

La Commission sera-t-elle pr te revenir sur ce texte au risque de se d dire ?

Michel Barnier, qui a pris la succession de M. McCreevy, y est favorable. "Nous

ne reviendrons, certes, pas sur les volutions techniques (...). En revanche,

la complexit technique ou les avanc es technologiques ne peuvent tre une

excuse pour d roger aux principes fondamentaux de transparence, de

responsabilit et de r gulation appropri e", a-t-il indiqu fin septembre

Bruxelles dans un discours sous-titr : "La Directive MIF : une r vision

s'impose".

Une consultation ce sujet doit d buter dans quelques semaines afin de

recueillir les propositions et les avis des diff rents Etats membres. Le texte

europ en pourrait ainsi tre r vis au printemps prochain.

Claire Gatinois