💾 Archived View for txt-vostfr.devloprog.org › log › orangessanguines.gmi captured on 2023-04-19 at 22:18:25. Gemini links have been rewritten to link to archived content
⬅️ Previous capture (2023-03-20)
-=-=-=-=-=-=-
Un couple de retraités croulant sous les dettes qui n'a plus comme seul espoir que de gagner un concours de rock amateur.
Un ministre de l'Ă©conomie affable mais pourri jusqu'Ă l'os.
Une jeune fille qui envisage sa première fois après avoir trouvé celui qu'elle considère comme le bon.
Un avocat snobinard.
Tous ces personnages vont se trouver reliés.
Je sors d'une conversation avec un ami, qui m'a glissé dans la conversation qu'il n'aimait pas le cinéma actuel, parce qu'il n'aimait pas l'époque actuelle.
Il y voyait une sorte de logique.
Pour essayer d'un peu infléchir son point de vue, je lui ai parlé d'oranges sanguines que j'ai vu la semaine dernière, en le présentant comme un film moderne qui est justement une charge violente contre notre époque.
Je ne crois pas, comme lui, que le cinéma soit uniquement tributaire de son époque mais je pourrais convenir qu'il est parfois son miroir.
Et le portrait que dessinerai oranges sanguines de notre époque n'est pas agréable.
Il est franchement noir, pour tout dire.
Je me suis dit après avoir vu ce film que le cinéma provocateur de Bertrand Blier était cool à regarder parce que nous ne sommes pas dans les années 70 où 80, dans oranges sanguines, ce sont nos fautes qui sont pointées, nous sommes la cible des critiques.
Je partage cependant un certain rejet de cette Ă©poque avec mon pote et je refuse d'en assumer tous ses travers.
Mais j'ai conscience que je ne m'en sortirai pas avec un simple "c'est pas moi, c'est l'autre".
Je participe par exemple à cette violence rhétorique qui nous sert d'expression politique sur internet, j'insulte parfois gratuitement des hommes politiques qui ne sont pas de mon bord, j'ai accès de pleins droits à ces défouloirs modernes que sont souvent les réseaux sociaux et j'y assiste à des prises de becs sans plus aucune traces de respect pour l'autre.
Oranges Sanguines porte la trace de ce à quoi j'assiste sur internet ou simplement dans la rue, il nous donne à voir cette violence rentrée sur grand écran.
Il me semble qu'il est de plus en plus dur de déterminer ce qui est "transgressif", si je me fie à mon expérience personnelle j'ai déjà vu énormément de tabous exposés et explosés sur un écran.
Sans compter qu'actuellement, il y a un peu surenchère,les gens plébiscitent les dystopies infernales, ont un gout certain pour la noirceur, le sensationnel et le sanglant.
Là où oranges sanguines est à contre courant, c'est que le cinéaste n'aime justement pas ce qu'il filme, il choque méchamment le spectateur, mais ne flatte pas son gout de l'extrême.
Pour situer l'univers du film, c'est un croisement entre la série documentaire "strip tease", l'univers de groland, la comédie satirique Italienne et le cinéma de Gaspar Noé.
En réalité, le film est inclassable, j'aurais beau chercher un cadre, je ne tomberais jamais juste.
J'aurais essayé...
Le film comporte des scènes choquantes, je préviens les âmes sensibles.
Si j étais censeur, j'hésiterai entre le classement "moins de 16", ou le classement "x" qui réserverait le film aux majeurs.
Mais peut ĂŞtre opterai je pour la simple "interdiction au moins de seize ans" parce que cette violence est tout sauf voyeuriste, elle se veut plutĂ´t Ă©difiante.
Jean Christophe Meurisse, le réalisateur est un auteur de théâtre, qui a réalisé auparavant "apnée" en 2016.
Je ne le connaissais pas, je suis contraint de remercier google pour ces informations.
Tout son talent sur ce film est d'amener une patte humaine dans la caricature de l'époque, il est malgré tout possible de conserver l'espoir en l'humanité.
Les scènes finales nous invitent au renouveau, après avoir cependant somatisés ensemble.