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Deux prisonniers, Emile et Louis, assemblent à la chaine des jouets en bois dans le cadre de leurs peines.
Compagnons de cellules et amis, ils deviennent complices lorsque Louis subtilise un crochet qui leur permet de cisailler leurs barreaux et s'évader.
Ils sont vite repérés et Emile se laisse arrêter pour permettre à Louis de prendre le large.
Louis rejoint la vie civile, il commence à travailler comme vendeur ambulant de phonographes, pour ensuite ouvrir un magasin, puis détenir une usine, jusqu'à devenir le mogul d'une industrie phonographique en plein boum.
Émile, lui est libéré, après avoir purgé sa peine.
Sans connaitre la situation de son ami, il musarde dans les champs aux alentours de l'usine de son ami.
Mais il est prit pour un ouvrier qui tire au flanc et il est ramené de force sur la chaine de travail.
Pour que de nos jours un individu moyen, harassé par le labeur, ne jouissant pas de beaucoup de temps libre et en outre sans cesse titillé par le panel des tentations qu'offre la modernité, décide de se caler devant un film de 1931 il faut que le film présente de sacré attraits.
Pourtant l'individu moyen pourras constater que certains films, même très anciens peuvent encore faire écho à sa vie quotidienne, souvent mieux que le sequel de "superman vs albator marvel edition 3d himax" dont tous le monde parle.
J'ai choisi de me caler devant "A nous la liberté" parce que le film a une bonne réputation, et j'avoue ma faiblesse, parce qu'il est sonore et pas muet.
Ce que je ne savais pas, c'est que ironiquement le sujet du passage du cinéma muet au sonore tiraille tous le film, René Clair semble réticent face à cette technique du "dernier chic qui va faire fureur" (aujourd'hui on dit nouvelles technologie, c'est plus court).
Le film utilise le son, mais il s'en sert comme une critique de la modernité, du progrès qui doit passer de toute façon, puisqu'on ne peux pas l'arrêter dit on.
A nous la liberté est à la charnière entre deux mondes cinématographiques,le muet et le parlant, et René Clair, n'a pas choisi son camp.
Il tourne avant tout un film muet, on retrouve plein d'élément de la comédie slapstick, l'air de rappeler aux spectateurs d'alors qu'ils ont aimés ça et qu'ils risquent d'avoir des regrets.
Je pense par exemple à une scène typique du cinéma muet où tous le monde court après tous le monde en accéléré (le policier qui court après Charlot, ce genre).
Cette critique du monde moderne qu'on ne peux et ne doit pas contester, on la retrouveras plus tard chez Jacques Tati, qui lui aussi joueras beaucoup avec le son et ce qu'il peux apporter comme décalage dans une scène.
Je pense au film "Jour de fête" où le facteur du village voit son rôle contesté par, de mémoire, de nouvelles méthodes de management venu des Amériques et des bécanes modernes qui remplacent son vieux vélo.
Mais chez Jacques Tati, la critique est "simplement" poétique, la modernité s'est déjà produite, le film de René Clair a lui, une dimension de critique sociale qui répond aux tensions de son époque:
Rétrospectivement,le film se situe à quelques encablures des événements de 1936, il parle d'exploitation des ouvriers, de travail à la chaine, même si il choisit d'en rire.
Pour René Clair, le seul salut pour la classe ouvrière d'alors repose soit sur l'automation à outrance ( les machines font tous le travail pénible), soit simplement la clefs des champs, le bras d'honneur pur et simple au patronat.
Mais le film ne va pas au bout de la critique sociale, c'est une satire, il ne semble pas croire du tout aux promesses du marxisme, au grand soir, en témoigne le personnage de Louis qui passe de renégat social à riche homme d'affaire et qui se lasse de sa situation, même s'il s'en amuse.
Ce que je retiendrais du film, moi, Spectateur moyen du 21ème siècle, c'est le plaisir de voir un film qui utilise à plein les avantages du cinéma muet, adossé au plaisir de profiter du son.
Et peut être que les spectateurs d'alors ont pensé la même chose que moi,le film fut un très gros succès.
René Clair réussi le passage au sonore sans renoncer à rester critique.